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Plan loup : le contrat d'assurance plutôt que la contrainte !

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Un plan loup utopique, plein de contradictions

Vieux de dix jours, le “plan loup” semble déjà plongé dans la torpeur de l’hiver enneigé, voire l’oubli. Il y a bien eu des réactions mais guère de levée de boucliers. Dans les deux camps on rencontre des acteurs satisfaits et d’autres plus seceptiques, voire désabusés.

Projet de Plan d'action national loup 2013-2017

Analyse du Plan loup “comprenant syndromes, paradoxes, directives, faux amis et autres notions obligatoirement positives.”

Quelques notions utiles à rappeler

D’entrée de jeu, le plan loup 2013-2017 enfonce le clou sur quelques vérités, mais montre de suite qu’il est plein de contradictions :

  • Le loup fait partie de notre patrimoine naturel”. 
La notion de patrimoine naturel associe principalement deux notions : premièrement lanotion de « patrimonialité » qui évoque une notion de valeur intrinsèque que l'on s'approprie, un besoin de conservation voire de restauration et la deuxièment la notion de "Nature": ce qui échape à la volonté de l’homme, qui n’est pas contrôlé. Et voilà présentée la première contradiction : le plan loup veut éduquer l’animal sauvage, qui par nature lui échappe. Cela restera bien évidement une envie, un voeu pieux.
 Le loup s'en moque.
  • Le loup est et restera une espèce “strictement protégée” par la Convention de Berne et la directive Habitats. Il est classé à l’annexe II de la CITES et sur la liste rouge de l’IUCN France." J’entend déjà que ça s’agite sur les bancs ruraux ! Deuxième contradiction: strictement veut dire “d’une manière stricte, sans exception”. Or le plan précise “Il est néanmoins possible de tenir compte de la bonne dynamique de la population de l’espèce afin de mettre en place une “gestion plus fine”, comprendre vu l’usage du “petit lexique d’optimisme officiel”, le contraire, c’est à dire un abattage plus massif.

  • L’augmentation du nombre des attaques est corrélée à la colinisation spatiale du loup. La colonisation par le loup de nouveaux territoires accroît la possibilité d’entrer en interaction avec de nouveaux troupeaux. Il n’y a pas d’augmentation des attaques par ZPP”. Troisième contradiction : Ce qui sous-entend que si la “chasse au loup” provoque une dispersion, elle provoquera également une augmentation du nombre des attaques. Ce qui est contraire à l’objectif du plan loup qui est... la cohabitation ! 

  • La cohabitation, venons-en: “L’enjeu réside désormais dans la construction, avec l’ensemble des partenaires, d’une vision commune des moyens de cohabitation entre le prédateur présent sur notre territoire, le loup, et une activité essentielle pour les zones de montagne, l’agropastoralisme”.
 La discussion porte donc bien sur le “comment cohabiter” sans remettre la cohabitation en cause. L’argument “la cohabitation est impossible, c'est le loup ou le berger. L'homme d'abord, éradiquons le loup !” est donc rejeté, même si c’est dit d’une manière plus diplomatique.
    Le pastoralisme devra vivre avec le loup. D’où l’intérêt pour tous, même pour les plus têtus, même pour les adeptes du pastoralisme sans pasteur, du gardiennange sans gardien, de la conduite du troupeau sans conducteur, de l’absence de protection en zone à prédateurs (Et c'est aussi valable pour l’ours) de se protéger “en bon père de famille” pour “assurer” l’avenir et “protéger” son capital. Ce que vous et moi faisons pour notre voiture, notre maison, nos enfants, notre outil de travail…., mais pas certains, une “tradition immémoriale” dirait-on du côté de Luz-Saint-Sauveur (ou ailleurs).

  • Sur la période 2008-2011, si 85% des constats ont donné lieu à indemnisation, 93% des constats indemnisés l’ont été sur la base de la conclusion technique “cause de mortalité liée à la prédation, responsabilité du loup non exclue”, formule sibylline signifiant : Est-ce le loup ? “p’têt bin que oui, p’têt bin que non”. 

    “Pierre Jouventin n’hésite pas à parler du mythe du loup, et évoque l’intérêt de la profession à désigner un coupable : « Quand on vous dit qu’il y a tant d’attaques, il n’y a pas de preuve. C’est très difficile de savoir si c’est un loup ou des chiens errants. Mais les éleveurs doublent leur revenus grâce aux loups. S’ils racontent que c’est un chien, ils ne touchent rien. »
    Ce sera donc le loup, histoire de contrôler le feu sous la marmite, même si en réalité, ce n’est pas le loup !  Mais le loup est habitué à celà “Qui te rend si hardi de troubler mon alpage ! Si ce n’est toi, c’est donc ton frère ou bien quelqu’un des tiens !”. 


    On touche ici aux effets pervers du système d’indemnisation : la polémique loups/chiens divagants, la tendance à “charger” le loup, les conséquences colatérales pas ou mal indemnisées, les conflits avec les agents qui constatent. Il y a bien une solution pour supprimer tous ces inconvénients d’un seul coup. La solution? L’assurance ! 
  • La méthode retenue pour élaborer le plan repose sur le dialogue et la concertation, ainsi que sur de nombreux échanges techniques. Le plan tient compte des expertises et des expériences de chacun des acteurs.” Et pour dialoguer, il faut être au moins deux. On l’a bien vu dans les Pyrénées où sous les conseils (privés) d’un chercheur d'un centre subventionné par des Conseils Régionaux et Généraux, par l'Etat et l'Union Européenne, les “valéens” ont pratiqué la politique de la chaise vide et ont donc fait imploser le Groupe National Ours. Résultat que le chercheur n’a pas obtenu de l’intérieur du Groupe National Loup. La stratégie consistait à : 
  1. Multiplier les associations.
  2. Demander des aides financières aux communes, départements, régions via les politiciens des “territoires”.
  3. Se faire agréer “association de défense de l’environnement” et non comme associations professionnelles d’éleveurs, pour multiplier les places utiles dans les commissions diverses.
  4. Infiltrer “présidents”, “vices-présidents” et autres éleveurs partout où celà est possible, sous la verte couverture du “Développement Durable” ou de la “défense du patrimoine”, ni vu, ni connu.
  5. Fédérer tout ce petit monde dans des fédérations départementales, régionales, trans-massif, ou nternationales tant qu’on y est…, fédérations qui elles aussi se font agréer, financer etc.
Une toile d’araignée où les mêmes personnes se retrouvent à administrer une nébuleuse de petits groupes de défenses d’intérêts particuliers, bien loin de l’intérêt commun et très proche des intérêts des politiciens locaux.

Jusqu’au jour où... Cela n’a pas toujours marché ainsi du côté de l’IPHB où les subsides commencent à manquer, l’Etat retirant ses billes (chat échaudé craint l’eau froide), ou du côté du Parc National des Pyrénées où la présidente de l'ASPP65 et de l’AOC Barèges-Gavarnie s’est fait jeté de son siège de représentante d’une “association de défense de l’environnement” ; association dont l’objectif avoué est de se débarasser des espèces protégées, empécheuses de pastorâler en rond ! Plus c’est gros, plus cela passe dit-on. Mais pas toujours.

Celui qui se cache derrière son boulot de “chercheur” modéré et fréquentable doit savoir que tout le monde connait maintenant la stratégie, bien loin des objectifs des “partenaires financiers” sus-cités qui crachent au bassinet pour payer salaires, déplacements, représentation, publications et lobbying dans les Alpes, les Pyrénées, à Bruxelles ou ailleurs. Ca sert pas mal…

Quelques chiffres

Comparaison-2002-2012

  • La population est estimée à 250 loups
  • L’aire de répartition a augmenté de 25% par an. (Ce qui ne risque pas de miminuer si on se met à traquer le loup pour augmenter le nombre de loups tués (pas besoin de tourner autour du pôt : les mots “prélèvements” et “gestion” signifient “mise à mort”.

Nouveautés

La gestion différenciée

La mise en oeuvre du plan loup doit pouvoir être territorialisée afin de tenir compte des différents types d’élevages.”
 Le loup ignorant limites administratives, frontières ou autres lignes fictives et n’ayant comme notion de territoire que celle de sa meute, on se demande comment le plan loup va pouvoir “éduquer” le loup? Au sens étymologique du terme “guider hors de” (casse toi, p'tit con !), car pour ce qui est de “l'apprentissage et le développement des facultés physiques, psychiques et intellectuelles”, avec le loup, “on n’est pas sorti des ronces” comme dirait Nihous.

La mesure ne convainc pas non plus Geneviève Carbone, spécialiste des loups. Pas plus sur la sémantique (« On éduque un humain, on dresse un animal ») que sur le fond. Le dressage est possible, mais il suppose un lien étroit entre l’homme et un animal identifié ; conditions difficiles à réunir dans le cas des loups sauvages, soutient-elle. Si éducation il y a, elle n’est pas nouvelle, défendent Geneviève et Pierre Jouventin, et elle passe par la protection du troupeau. Clôtures, chiens Patou, troupeaux réduits ; les mesures existent mais elles sont coûteuses, et ne sont pas acceptées facilement par certains éleveurs qui s’étaient habitués à l’absence des loups sur leurs pâturages.

Du côté de l’Association pour la protection de la faune sauvage, ASPAS, on s’insurge : « C’est de la faune sauvage. Jusqu’où on va l’éduquer ? Après il va manger le gibier et c’est le chasseur qui va râler. A ce compte là, est-ce que le loup va devoir commencer à manger des carottes ? »
Moins catégorique, Antoine Doré, sociologue à l’IRSTEA estime que le Plan loup va dans le bon sens : celui d’un « co-apprentissage de la conflictualité » (il met tout de même des guillemets sur le terme « éducation », qui lui fait penser à de la “délinquance lupine”.
« Avant, la coexistence était de la responsabilité des humains ; il fallait que les éleveurs apprennent à vivre avec les loups. » Au tour du loup d’y mettre du sien. Son tempérament s’y prête, puisque le loup s’adapte facilement, explique Antoine Doré, parlant même de « plasticité comportementale ». (Source) je me souviens d'un jour un dans une salle, un éleveur s'est levé pour traiter un ami "d'intellectuel" ! Pas sûr qu'un tel discours passe lors d'une réunion de la chorale de l'ASPAP !

En gros, on “gèrera plus finement” là où les éleveurs gueuleront le plus fort, c’est à dire là où cela fera le plus mal au portefeuille, là où le pastoralisme rapporte encore un peu. Il n’y a qu’à suivre les fromages ! Même s’ils sont produits dans des déserts ou des parcs nationaux. A défaut d’avoir des éleveurs qui s’adaptent au loup (se protègent), "le plan loup s’adaptera à la situation locale". Autrement dit : Demandez et on accordera des tirs. Cela promet une belle foire d’empoigne !

La graduation de la réponse

Que va t-on faire avec les individus “délinquants” (mais comme la jeunesse, strictement protégés) qui n’auront pas un “comportement plastique” mais un comportement de prédateur, un comportement (de) “sauvage”, un comportement... naturel, le vie en somme. La nature devient inadmissible et délinquante! François Terrasson, s’il te plait, revient leur expliquer !

Le plan loup prévoit “un dispositif progressif et réactif (comme le permis à point), afin de s’adapter en permance à la pression (NDLB: la délinquance) exercée par le loup”. Le loup va devoir passer un permis de prédater : les rongeurs et les ongulés sauvages? un peu, les malades. Et les autres? Pas trop. Et les ongulés sauvages? Les non protégés, un peu, c’est normal. Les protégés? Non, surtout pas! Ou sinon “Grôsse malheeeur!”

Le loup goûtera alors à la version anglaise de l’éducation, à genou sur une règlette et des coups de martinet sur l’arrière train ! Espérons que les maîtres (dans tous les sens du terme) ne seront pas de vieux éclésiastiques pervers…

Première priorité: un suivi biologique plus réactif

Les améliorations techniques, de procédures et méthodes  comme “l’accélération de l’analyse génétique” ne feront que suivre les conseils donnés par Olof Liberg dans son rapport d’évaluation du système de suivi de la population de loups en France. Je ne vais pas insister sur ces questions méthodologiques. 
Le principe de collecte par un réseau de correspondants de terrains formés, des indices témoignant de la présence du loup sera ainsi maintenu” dans les nouvelles zones de présence.

De nouveaux membres du réseau, de nouveaux agents constateurs, des formations pour anticiper le retour du loup, un déploiement plus large, toutes des mesures peu compatibles avec la volonté de certains politiciens de raboter le budget loup. Nouvelle contradiction, financière cette fois! Ce sera donc plus de moyens où laisser le loup se disperser dans la nature à la suite de “chasse à l’animal strictement protégé”.


Plus on le chasse, plus le loup se disperse et prédate, plus il faut recruter et former de membres du réseau, d’agents, plus cela va coûter cher ! Les politiciens locaux, les yeux fixés sur les prochaines échéances, à la manière du sénateur Alain Bertrand, monteront avec emphase sur leurs grands chevaux avant de demander aux électeurs s’ils l’ont bien remarqué? Ils demanderont une “gestion stricte, encore plus fine”, l’intervention de l’armée, de drônes... et le loup se dispersera un peu plus. Un cercle vicieux dans lequel on fonce tout droit. Une solution pour en sortir? Vous la connaissez: l’assurance.
Il n’est pas évident que l’allègement du suivi hivernal ne compense ces coûts supplémentaires. Pas évident non plus que les membres naturalistes du réseau n’apprécient que leur travail bénévole serve à “une gestion plus fine” du loup, à agraver le carnage des loups “délinquants” qui se prépare. Les membres du réseau loup vont-ils devenir des miliciens qui collaborent avec les lieutenants de louveteries et avec les agents de l’ONCFS équipés d’armes de précision à canon rayés, comme des snipers des bois?

Strictement protégé sera l’oxymore à la mode de 2013 à 2017, j’en ai bien peur. On risque de passer “d’une gestion plus fine” à la fin de la gestion, au carnage.

Deuxième priorité: une protection des troupeaus contre la prédation qui reste primordiale

Mais que vont bien pouvoir dire nos politiciens locaux qui soutiennent le libertinage ruminatoire, le gardiennage aléatoire et la pluri-activité à temps plein, si la protection devient primordiale? J’emploie devenir plutôt que rester, car il y a des endroits ou le mot “berger” est un gros mot et où l’activité de “garder” ne s’utilise qu'en parlant des subsides agricoles ou des habitudes.
Des aides plus simples à mettre en place, des analyses d’efficacité des mesures de protection, la transformation des chiens patous mal éduqués en gardiens sévères mais avenants: soit, on prend. On continue avec la même chose, en mieux j'espère: de nouveaux moyens techniques, de nouvelles races de chiens ? Les chiens pyrénéens étaient pourtant réputés de manière immémoriale!

Troisième priorité: un dispositif d’indemnisation des dommages encore affiné

Comment faut-il comprendre “affiné” ici ? C'est simple, toujours le contraire : plus gras et plus massif rêvent les éleveurs ! Le français optimiste officiel, quelle belle langue de bois ! Ici, le brouillage de pistes présenté dans le plan loup me semble fumeux et complexe: "l’usage d’un module de requêtes de l’application Géoloup…", Le wifi dans les alpages, ça marche? Si c’est ausi efficace que le logiciel “Géoroute” (GeoRoute est un "logiciel de gestion et confection de tournées conçu pour adresser les besoins diversifiés et parfois complexes des sociétés œuvrant dans le domaine postal", un logiciel foireux pour “optimiser” les tournées des facteurs), on se dirige tout droit là aussi, vers l’allumage du gaz (usine à gaz) sous la marmite pastorale.

Et cela ne résoudra pas le problème de l’indemnisation des dégâts qui ne sont pas dû au loup, qui devraient être indemnisés et qui, à défaut, sont mis sur le dos du loup. Les conflits avec les agents constatateurs vont resurgir, on parie ?

Ma solution, vous la connaissez :

  • la mutualisation des risques,
  • la généralisation des mesures de protection,où sinon franchises et primes en hausse
  • le paiement de prime inversément proportionnelle avec les moyens de protection adoptés
  • l’indemnisation de toutes les pertes directes et indirectes quels que soient les prédateurs (loup, ours, lynx, chien, chacal doré, barbecue improvisé, hirondelle, marmotte ou dahu enragé)

L’argent des indemnisation (2M € en 2012, combien après ?) irait tout droit dans la caisse de financement des moyens de protection. Les constats seraient effectués par les experts dégâts des assureurs.
Les éleveurs, puisqu’ils aiment leurs brebis, comprendraient vite l’intérêt à investir dans la protection plutôt que dans des franchises et les primes. Tout le monde a intérêt à bien s’entendre avec son assureur. Louis Dollo et ses sbires n’auraient plus à vômir sur les agents de l’ONCFS et à les traiter de “vacataires”. Ce serait aussi la fin du lobbying de la presse, la fin des pages brebis prédatées dans la Dépêche du Midi et autre Dauphiné libéré. De l’air, enfin de l’air pur et de la sérénité! Mais pour en arriver là, il faudra "en avoir" pour oser changer la tradition. Et si le gournement en avait, le changement, ce serait maintenant…

L’opération communication du Plan loup pourrait cacher les vrais problèmes, déplorent Geneviève Carbone et Antoine Doré. Des problèmes « sociaux », « économiques » ou « politiques », qui n’ont rien à voir avec les loups, comme l’explique Geneviève Carbone :  « La profession allait mal bien avant les loups ; ils crevaient la gueule ouverte. L’arrivée des loups n’a fait que révéler la situation. Il revient moins cher d’acheter de la viande produite à des milliers de kilomètres que chez nous. Ce n’est pas viable. » (Source)

Quatrième priorité: un nouveau protocole d’intervention proportionné aux enjeux

Priorité aux enjeux financiers bien sûr. Sociaux? N'y pensez pas, les socialistes sont au gouvernement. Environnementaux? N'y pensez pas? les écolos sont au gouvernement. Suivrz plutôt la FNSEA ou suivez les fromages!
Le plan loup a le mérite de rappeller les conditions préalables à “la gestion fine

  1. Le maintien de l’espèce dans un état de conservation favorable”
. Encore faut-il définir l’état de conservation favorable. C’est une question de normes et on sait que quand les normes deviennent trop contraignantes, on les change.
  2. L’intérêt à agir”. Même remarque: comment définir l’intérêt, pour qui? La "gestion des espèces" en terme d’intérêt conduit aux mêmes dérives : espèces protégées, nuisibles, utiles, gibiers, tout dépend sa vision du monde, anthropocentrique, biocentrique, écocentrique. Ce n’est pas clair.
  3. La recherche préalable de solutions alternatives”. A la bonne heure, l’esprit fin (l'esprit saint?) précède la fine gachette. Sortir du cadre pour trouver quoi faire plutôt que “d’éduquer l’espèce protégée”. Tiens, apprends ! PAN. Message reçu.

Heureusement, “le seuil de prélèvement maximal”, le nombre de cadavre a ramener en trophée, sera calculé selon une méthode scientifique et non selon le thermomètre de la pression populaire. Nous ne sommes pas revenu, espérons le, au temps des sorcières et des brûleurs de loups. Cela ne semble pas évident au vu de certains discours politiques populistes, suivez mon regard… Les pressions vont continuer: "Cette méthode est foireuse, changez moi ce scientifique à la solde des écolos !"
Le plan parle de “garantir une augmentation du nombre de loup, tout en permettant d’augmenter le nombre de prélèvement”. Phrase capitale qui nous permet de lire dans la boule de cristal. On va flinguer la maximum de loup tout en gardant une population en progression, mais lente la progression, très lente ! Un statu-quo presque : le nombre de naissances moins quelques pourcents (5, 10,15, 20 ?) devrait permettre de se faire une idée du nombre de “réalisations”, de cartons ! “Espèce protégée” : les mots ne veulent plus rien dire.

L’espèce restera donc dynamique et souriante. La dynamique de reproduction va se transformer en dynamique de fuite, le loup aura intérêt à cavaler sur ses quatres pattes pour ne pas finir en descente de lit pour chasseur “fin gestionnaire”, amateur de traditions cynégétiques. Madame et le chat vont aimer. Le métier de taxidermiste va subir un renouveau en France ! A qui doivent-ils dire merci ? Au dialogue, à la concertation et à l’optimisme officiel.
L’idée de "proportionnalité aux enjeux" introduit la notion de “faiblement létal”, c’est à variable de "râté" à "mortel", mais lentement. Le loup continuera à se balader, c’est sûr qu'avec une jambe en moins, il ira moins vite et moins loin, mais il ira quand même, du moins dans un premier temps. Cela lui donnera l’occasion de réfléchir à son comportement asocial de délinquant notoire! le loup va apprendre, c’est évident, mais seulement sur la fin. Il n’aura guère le temps de mettre en pratique ses nouvelles connaissances. L’enseignement est un métier noble, les chasseurs le pratiquent cela depuis toujours: ils apprennent aux palombes à éviter les filets, aux sangliers à ne pas entrer dans les maïs, aux ortolans à fermer leur bec. Il faut juste commencer à se méfier car les chasseurs commencent à enseigner dans les écoles, à apprendre aux enfants à chasser, et il risque d’y avoir des... dégâts collatéraux. On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Il y a plus de morts en vélo, en ski,en randonnée, etc... bla bla bla…
Et puis vient un tout petit paragraphe, une seule phrase en fait, qu’on semble avoir mis là parce qu’il fallait bien, pour ne pas vexer certains : “La lutte contre le braconnage restera un élément essentiel de la politique de la gestion de la population de loup”, point. Un élément essentiel traité en 20 mots. Circulez, il n’y a rien à voir. Le braconnage, tout le monde s’en fout ! Et puis “restera”? Il est donc déjà un élément essentiel de la politique? Que quelqu’un m’explique ! "On nous bourre le mou" a dit Pierre Jouventin.
Des moyens de défense seront accordés aux éleveurs et répondront à une logique de gradation et de territorialisation de la réponse.” On dirait du Jean Lassalle : « Nous sommes d’accord sur la nécessité de se mettre d’accord sur une méthodologie devant aboutir à un constat partagé avant de prendre quelque décision que ce soit. Je suis pour la sortie du sur place »
Exemple de gradation : “Bouh !”, puis lapidation à coup de figues molles, lance pierre, carabine à air, cartouche de gros sel, puis de limaille de fer, de plomb, 22LR, balles brenek, arme pour gros gibier, kalachnikov, lance grenades, bazooka, drône, avion rafale, sous-marin nucléaire… Mais attention, en territorialisant la réponse! En patrimonialisant le mouton, et cela de manière raisonnable et proportionnée! On n'est pas des bêtes quand même! C’est du langage Ipéhachebé!
Autre phrase capitale : “Il est également essentiel que les interventions soient efficaces lorsqu’elles sont décidées”. Ca doit saigner, vite et fort ! Avec tout l’arsenal disponible, et les permis de chasse simplifiés, il ne fera pas bon randonner dans la montagne. Déjà que c’est dangereux maintenant, avec tous les chasseurs qui tirent sans avoir identifié avec certitude leur cible, avec toutes les règles de sécurité bafouées.

La Fédération Nationale de la Chasse va pouvoir entamer de nouvelles études. Après le tir scientifique pour étudier la migration des oies, on va pouvoir calculer la coagulation du sang de loup sur la neige en fonction de la température de celle-çi.

Plus question pour la France de ne plus atteindre ses objectifs, c’est une question de réputation internationale! En France, le loup est une espèce strictement protégée.
Et enfin, dernière nouveauté (qui me fait bien rire), le plan prévoit de déplacer les loups !
Gamin, gamin ! Allez vient gamin, c’est pour rire !

Comme ce ne sont que des loups réintroduits, habitués à être alimentés par des hommes et à manger des carcasses de moutons (juste pour les habituer à la finesse de la viande d'AOC Barège-Gavarnie), dans un enclos, celà ne devrait pas être trop difficle de les attirer et de les mettre en boite, au lassot sans doute. On en reparlera. C’est sûr que cela va amuser les apprentis trapeurs. Ils vont pouvoir mettre en pratique les enseignements de leur maître ricain. A cheval vers la France profonde, la dernière frontière sauvage, le Far West!

Et puis, une fois en caisse, on en fait quoi du loup ? On le met en vente sur le marché de Brives-la-Gaillarde ? J’entend déjà les cris des éleveurs “Ah, non, pas chez moi ! C’est contraire aux droits européens ! Lâchez le dans le bois de Boulogne”. On va enfin pouvoir réaliser leur vieux rêve !

Mais j'entend aussi le cri des naturalistes : “Dans les Ardennes, j’ai toujours rêver de le voir dans le fond de mon jardin!" Les lâchers se feront-ils de nuit, sous protection militaire, non sans avoir pris soin de leur botter le cul, histoire qu’ils apprennent bien leur leçon, en criant “Ai-je été clair, petit délinquant de mes deux!” Apprennez qu’en France, on ne rigole pas avec l’administration qui gère le sauvage !

« N’importe quoi », « pas sérieux »... Capturer des loups et les relâcher plus loin pour leur donner une bonne leçon, l’idée ne convainc vraiment pas Pierre Jouventin, directeur de recherche au CNRS et auteur du livre “Kamala, une louve dans ma famille”. Pour lui, pas de doute : « Ils nous bourrent le mou ! C’est doublement idiot. Premièrement, capturer un loup, ce n’est vraiment pas facile – ce n’est déjà pas facile de le tuer. Ensuite, une fois attrapé, comment voulez-vous éloigner un loup dans un territoire qui fait 800 km de large alors que le loup fait 100 km en une nuit ? »
Une mesure compliquée et coûteuse – entre 1500 et 4500 euros par loup (selon le Monde), qui rappelle que la France s’était livrée à l’expérience dans le parc du Mercantour de 2007 à 2011 ; en quatre ans, quatre loups avaient été captures, non sans difficultés.

Antoine Doré : « Mais capturer les loups pour les relâcher plus loin, il n’y croit pas non plus. Une question de symbole. Pour beaucoup, le retour des loups en France est le fruit d’une réintroduction dissimulée. Ça fait partie du scandale. Relâcher un loup, c’est un geste fort. » (Source)

On l’a vu à Arbas, les gestes forts sont rares et génèrent des réactions. J’attend les premiers lâchers officiels de loups avec impatience. La presse va faire du tirage et les blogs des visiteurs ! Quand, quand ?
Vous voulez mon avis ?

Sans assurance, point de salut dans les dossiers des prédateurs.

On s’oriente tout droit vers un scénario à la suédoise : une nouvelle plainte contre la France, pour le loup cette fois.


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