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Sous le tapis l’inconnu

Publié le 16 février 2013 par Corboland78

Dans les polars, le tapis sert souvent à cacher des traces de sang et donc d’homicide, mais chez les gens normaux, vous ou moi qu’en est-il ? Souvent, quand je suis invité chez des amis, je ne peux m’interdire de me poser la question.

De là à dire que cela me gâche la soirée, il y a un pas que je ne franchirai pas. Sauf si éventuellement, le tapis est nouvellement posé sur le sol et là, je suis en droit de m’interroger, voire de m’inquiéter. A la question habilement glissée dans la conversation, « Tiens, un nouveau tapis ? », la réponse est toujours la même, soit ça meuble une pièce, soit ça casse la réverbération des sons, soit enfin c’est plus agréable sous le pied. Explications plausibles mais comme elles sont ressassées par tous ceux à qui on la pose, elles ressemblent à des justifications bidon.

Du coup cela me turlupine, mais que faire ? Faire semblant de relacer mes chaussures et soulever discrètement le bord du tapis, rien de probant, si preuve de crime il y a, elle sera en plein milieu de la carpette, là où reposela table. Jepeux aussi inventer un jeu nouveau, invitant tous les participants à la réunion à déménager la pièce, mais n’étant pas chez moi, il est difficile de croire que mon initiative fasse l’unanimité chez mes hôtes. Alors je me tais, me cramponne à mon verre et me saoule des conversations environnantes pour oublier le malaise qui lentement monte en moi. Parfois quand l’angoisse est trop forte, j’inverse les données, je me cramponne aux conversations environnantes et me saoule du contenu de mon verre.

Reste le cas du tapis qui a toujours été là. Quel crime ancien reste tapi sous la carpette ? Je sais, vous vous dites que j’ai l’imagination galopante voire délirante et qu’un rendez-vous chez un psy ne serait pas un luxe. J’y ai pensé moi aussi, mais dès ma première séance alors que je me sentais prêt à tout lui déballer sur le tapis, j’ai abandonné la bataille, dans son grand bureau, près du sofa où je devais m’allonger, un superbe kilim aux teintes chaudes a fait monter d’un cran mes angoisses.

Depuis, je suis devenu un type banal, une vraie carpette. Vaincu par ces forces supérieures qui me dépassent, j’ignore les tapis, tâchant de les contourner quand c’est possible. Mes peurs semblent régresser avec le temps qui passe, surtout depuis que j’ai réalisé qu’en les glissant sous le tapis avec les poussières, elles disparaissaient provisoirement.

J’agis comme tout le monde et une petite voix me dit que c’est ainsi que les gens vivent.  

  


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