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Les chics types

Publié le 17 février 2013 par Hongkongfoufou

Eleve Moinet 2 Par l'élève Moinet

Michel, Dan, Jimmy, Marc, Ric… Les jeunes gars du style rétro

Ce mois-ci : Michel Vaillant dans "Le 13 est au départ"

Pour commencer, commençons par le commencement. Pour commencer l’année 2013 et prendre un bon départ, quoi de mieux que Le 13 est au départ. Voila qui commence bien ! Certes, il aurait mieux valu commencer par le premier tome de la série, mais on ne va pas commencer comme ça. D’ailleurs voilà un album qui commence fort : une séquence onirique  dans une tradition très en vogue au Lombard dans les années 60 ("Tintin au Tibet", "Le dernier spartiate"…). Un rêve poignant, très inspiré du drame du Mans 1955 qui nous fait rentrer de plein pied dans l’histoire. Dommage que celui-ci soit encombré de récitatifs superflus pour un rêve, prémonitoire soit-il. Mais force est de constater que c’est sans conteste le meilleur commencement d’un album de Michel Vaillant.

La séance contraste avec le très bel épisode de la famille Vaillant en pyjama. Le charme de l’inquiétude et de la cinquantaine. La dernière case où madame Vaillant, baignée de lumière, veille son fils est particulièrement touchante. L’auteur par pudeur nous la dessine de dos. On aperçoit le nounours de Michel, le décor, "vieille France", bien dans la tradition du style rétro. Le ton est donné. Nous allons vivre de l’intérieur les longs préparatifs d’une course. Et qu’elle course ! Les 24 heures du Mans. Conception, mise au point, essais, vérifications. Journalistes, ingénieurs, officiels, pilotes. Les hommes sont vestonnés, les nuques dégagées, les cravates nouées, les pipes au bec et les décors fouillés. Notez que le reporter espion est le seul à ne pas porter la cravate. Comme quoi, l’habit fait le moine. Ces pages encyclopédiques pourraient paraitre lassantes mais Michel est une cheville ouvrière de l’entreprise Vaillant. Ne s’improvise pas champion qui veut ! Ce n’est pas le style de la maison. La terrible menace américaine qui pèse sur eux, rajoute de l’intensité dramatique, mais Michel, le garçon à d’autres préoccupations. L’auteur s’amuse à distiller subtilement des allusions sur son insouciant champion. Une bonne douche en page 5 pour bien commencer la journée ? Dommage que le stick large Mennen n’existe pas encore, mais peut-importe. En chansons les ablutions "Je t’attendrai à la porte du garage". Normal pour un pilote, mais vous l’avez compris, le garçon n’attend personne.

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C’est "Je tâte André à la porte du garage" qu’il faut lire. Comment le blâmer ? Le milieu à bien changé : Les journalistes ont rapproché leurs lits sous un récitatif à la Jacobs "Grand branle-bas !" (page 22), le laborantin lorgne ostensiblement du coté du buste avantageux de Steve en page 38. Tant de sous-entendus… Et puis c’est un âge où "l’on se cherche" et la filiation maternelle est étouffante : "Pauvre maman… Je la comprends", "Allo… Allo, petite maman… Tout va bien". Heureusement, c’est sans compter sur l’arrivée providentielle de ce garçon manqué de Françoise, impudente petite chipie. "Gosse mal élevée !" s’emporte Michel avant de se radoucir (page 51) : "Etrange petite bonne femme…" Bref, c’est une histoire à un, non, deux, non trois niveaux de lecture que l’on nous propose avant que la Bocar N°13 prenne enfin le départ pour assouvir sa sinistre vengeance.

Dommage que l’auteur ne maitrise pas bien son dessin en page 38. Quel était son prof de pers ? Cette rencontre fortuite avec l’infâme Bob Cramer du Texas driver’s aurait pu être mieux exploitée.

16 heures, la course, enfin. Les champions sont lâchés. Très belle scène de départ à "l’ancienne". La suite est quelque peu prévisible. Une course dans la course. Dommage là encore que le dessinateur ne parvienne pas à restituer l’intensité émotionnelle de la couverture lors du drame, bien qu’il ait pris soin de rajouter les traditionnelles gouttes de sueur de l’émotion. Gouttes de sueur froides. Graton a la bonne idée d’épargner son drogué de méchant, gisant comme un Mego désarticulé sur le bord de la piste.  Il deviendra le méchant (désolé pour la répétition) récurrent de la série.

Réapparition de Françoise pour le happy-end. Elle a fait copain-copain avec la belle-mère. Tactique de drague s’il en est. Comme elle a mûri ! Les dramatiques événements qui viennent de se dérouler lui ont fait prendre conscience que la vie n’est pas un jeu. Mais qu’il est dur d’être une fille de bonne famille dans la France des années 60. Qu’il est dur d’être une Latour ! Le cri du cœur de Françoise, c’est un peut le mien, c’est un peu le vôtre.

Et si les bolides n’étaient qu’un prétexte ? Et si Le 13 est au départ n’était en fin de compte qu’une belle histoire d’amour sur les rapports mère/fils et père/fille au son des pots d’échappement ? Et si c’était le commencement d’une nouvelle histoire ?

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