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Saison de lumière, Francesca Kay

Publié le 17 février 2013 par Antigone

saison de lumiere

"Les oeuvres d'art ont quelque chose d'infiniment solitaire, a dit Rilke, et la tonalité prépondérante des tableaux londonniens de Jennet Mallow est celle de la solitude. Ils sont dotés de limites étroitement définies : contours, boîtes, cadres. Et pourtant ces peintures ne sont en rien entravées, au contraire, leurs limites sont paradoxalement libératrices. Chaque boîte ou cage distincte abrite une image sublime, suggestive, isolée, qui bat des ailes d'autant plus fort qu'elle est enfermée, car la privation de liberté est la preuve même de l'existence de la liberté."

Nous sommes dans le Londres des années 50 lorsque Jennet Mallow, jeune femme naïve, découvre l'école d'art de Kensington. Elle y rencontre le sulfureux et brillant David Heaton dont elle tombe rapidement enceinte. Ils se marient et décident de partir au soleil de l'Espagne. Là, le couple commence à battre de l'aile. Et le talent torturé de David, dont il noie le soir dans l'alcool les questionnements, sera bientôt en concurrence avec la peinture de sa femme qui rencontre un succès inattendu.

"Un mariage qui bat de l'aile renforce l'isolement partout. Les convenances, le respect de soi et l'orgueil entravent les épouses malheureuses, et Jennet n'aurait jamais eu envie d'être l'objet de la pitié de ses amis."

Le retour à Londres est donc décidé. Dorénavant, c'est à bout de bras que Jennet devra faire vivre sa famille et son art...

J'ai ressenti tout un panel d'émotions littéraires à lire ce roman qui est un profond coup de coeur !! Déjà, la narration est dense, descriptive et fournie, et ouf ce que ça fait du bien de pouvoir ainsi prendre sa place et s'installer confortablement dans un récit. Puis, le thème de la peinture étant vraiment un thème riche de matières, j'ai aimé que l'on me raconte l'élaboration de tableaux dont je pouvais presque deviner la texture.

"Quelle tristesse avait été éprouvée entre l'inspiration provoquée par le rythme tranquille de la mer et l'expression finale que Jennet lui conféra ? [...] Le besoin, l'incertitude et la peur jouent leur rôle ; une méconnaissance de soi. Non l'ignorance délibérée de soi mais une vision obscurcie, vague, jusqu'à ce que le temps, la mort ou la sagesse l'éclaircissent."

Enfin, comment ne pas ressentir une empathie énorme avec le personnage courageux et lucide de Jennet qui lutte pour sa famille contre les revers du quotidien et les frasques de son mari ? Grouille autour de ce couple une galerie de portraits, des enfants, tout un monde minutieusement décrit et intéressant qui nous brosse également en parallèle une époque.
Une lecture qui donne toute sa place à l'acte créatif et à la volonté des femmes.

Editions J'ai lu - 7.10€ - Janvier 2013

Une auteure à suivre de près pour Théoma - Un premier roman époustouflant de maîtrise pour Cathulu ! - Un magnifique portrait de femme pour Clara !


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