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L’affaire des lasagnes

Publié le 17 février 2013 par Alex75

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A la « une » de l’actualité, les lasagnes ont remplacé la Syrie, Depardieu, le Mali, le mariage homosexuel et le pape. Le public se lasse vite de tout et ne s’appesantit plus sur rien. En début de semaine, ce fut ainsi la mobilisation générale autour de cette affaire de « lasagnes au bœuf » faites avec… du cheval, ce qui, il est vrai, a tout de même de quoi surprendre. La France a placé sa filière viande, mais aussi poisson sous surveillance. L’Europe réunit les ministres concernés. Décidemment, on vit une époque formidable.

Il est vrai, autrefois, tout était simple, comme l’analyse Thierry Desjardins. On allait chez son boucher, au coin de la rue, qui connaissait un éleveur du Charolais et on mangeait une délicieuse côte de bœuf, qui n’était ni du cheval, ni du dromadaire. Aujourd’hui - et c’est, parait-il, le progrès -, on va dans un supermarché, on achète un plat dit « cuisiné » et on ingurgite n’importe quoi c’est-à-dire, notamment, l’Europe telle que nous l’ont mitonnée nos politicards en tous genres et nos technocrates bruxellois, à la sauce magouilles et compagnie. Findus, à force de vendre des poissons carrés, sans tête, ni arrêtes, ceux-là ont fini par confondre les chevaux et les bœufs. Les Anglais ont découvert l’embrouille. C’est normal, ils avaient retrouvé le goût de la vache folle. « On est ce que l’on mange », disait Rousseau. On comprend ainsi mieux, ce que la mondialisation a fait de nous, des monstres sans patrie, sans racines, sans goût. Aujourd’hui, si l’on a bien compris, la viande des lasagnes partait de Roumanie, passait par un intermédiaire luxembourgeois qui avait une boîte postale en Belgique, mais dont le siège était à Chypre et les actionnaires aux Iles Vierges, puis se retrouvait dans une entreprise de Castelnaudary, puis à Metz, puis de nouveau au Luxembourg avant de faire un détour par la Scandinavie et d’arriver dans nos assiettes un peu partout à travers l’Europe. Entre temps, bien-sûr, la viande qui était du cheval était devenue du bœuf.

Mais ces lasagnes roumano-hollando-luxembourgeo-franco-chypriotes, ne sont que la pointe émergée de l’iceberg. Ceci est valable, pour tout ce que nous achetons, nous consommons, tel un exemple caricatural de cette Europe qui devait nous apporter joie, prospérité et sécurité. On nous parle des avantages du marché européen. Mais ce n’est pas un marché, c’est une foire, pour ne pas dire un « bordel » sans nom. C’est le règne du pas cher, qui rapporte beaucoup à quelques-uns… Autrefois, c’était « du producteur au consommateur ». Aujourd’hui, le consommateur est devenu un intermédiaire, pas vraiment indispensable. Dixit le truculent Eric Zemmour, jadis, Giscard rêvait d’une Europe où la cuisine serait française, les vêtements italiens, les voitures allemandes. Bref, où chacun ferait ce qu’il sait le mieux faire, pour tous… Mais le carrosse Europe s’est transformé en citrouille. Et même les voitures allemandes, sont fabriquées dans tout le continent Europe, avant de recevoir la précieuse étiquette mensongère « Made in Germany ». Toutes les marinières bleu-blanc-rouge n’empêcheront pas les produits « Made in France » de venir de partout et de nulle part… Mais le scandale alimentaire des lasagnes au cheval est aussi celui de notre société de consommation qui fait qu’aujourd’hui les producteurs et les consommateurs n’ont plus aucun rôle à jouer dans l’affaire. Les maîtres du marché sont les intermédiaires, les grossistes, les financiers, les banquiers qui jouent au bonneteau avec tout et n’importe quoi. Cette « financiarisation » de tout et même des produits agricoles, qui a, évidemment, tout faussé, tout déréglé, les prix comme la qualité.

Alors, quant on parle de relocalisation, on nous rie au nez. Mais ne vous inquiétez pas, les contrôles seront renforcés, il suffit d’y croire. Comme le capitalisme a été moralisé, la finance régulée, le chômage enrayé… Déjà, les commissaires européens se sont réunis. Le communiqué officiel ne tardera pas. On est rassuré. Mais toutefois, comme le conclut Thierry Desjardins, ce n’est pas en mettant au chômage les 300 salariés de Spanghero qu’on règlera le problème. Mais en ayant le courage de remettre en cause l’Europe telle qu’ils nous l’ont fagotée et tout le système de distribution de l’économie française.

   J. D.


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