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Amour-Michael Haneke

Publié le 23 janvier 2013 par Picotcamille @PicotCamille

avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva et Isabelle Huppert.

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J'appréhendais énormément de voir Amour. Parce qu'on m'avait dit que c'était dur, et que moi je suis du genre chialeuse. J'ai décidé un après-midi de me lancer.

Il en faut déjà du culot pour appeler son film "Amour", il en faut encore plus quand les protagonistes sont des gens âgés. L'amour dans l'imaginaire commun, c'est les fleurs, le printemps et de beaux jeunes gens. L'amour quand il est montré au cinéma c'est souvent la passion, l'impossibilité surmonté, le début ou la fin. Dans ce film, l'amour est simple, quotidien, habituel. Moi en même temps je trouve ça très fort. Dans ma tête de nana de 2013, aimer, faire des enfants et rester avec la même personne jusqu'à 80 ans, ça tient de la science fiction. Tout se passe tranquillement. Jusqu'à ce que Anne (Emmanuelle Riva) ait une attaque cérébrale. Pas grand chose, 5% de risque d'échouer à l'opération, quasiment rien. Mais ça foire, 5% ce n'est pas si peu que ça. Anne rentre chez elle en fauteuil roulant, paralysée du côté droit. Georges (Jean-Louis Trintignant) l'aide comme il peut, se débrouillant d'ailleurs pas mal. Leur couple prend une nouvelle tournure. Avant c'était elle qui lui faisait tout (la scène du petit-déjeuner où elle lui prépare son œuf à la coque) maintenant il doit l'aider à couper sa viande, à aller au toilettes, à vraiment tout.

Bon j'ai pleuré. Et je n'ai que 25 ans! Il y a des choses contre lesquelles vous ne pouvez rien. C'est injuste, mais vous avez beau vous débattre ça n'améliorera rien, ça ne fera qu'empirer (un peu comme si vous lisiez du Zola, bref on s'égare). Amour est un film sur l'amour qui relie les gens quand l'un d'eux s'approche de la mort.

Pourtant le tout est filmé par Haneke sans sensiblerie aucune. La photographie est à l'image de cette vie quotidienne, sans fioritures. Comme souvent chez le réalisateur, il n'y a aucun jugement, aucune prise de position. Les personnages sont ce qu'ils sont, il ne les enjolive pas. C'est ce qui rend ses personnages si humains, ça pourrait être un proche, nous. Et contre toute attente c'est là que surgit le spectaculaire; le moindre geste devient grandiose (la lecture d'un livre). Et le dramatique. Comme ce plan (qui a enclenché les hostilités lacrymales) centré sur l'infirmière (de dos) qui explique comment mettre la couche à Anne allongé. On ne voit vraiment que le visage de Anne, elle ne semble pas exprimé d'émotions particulières, mais on lit la honte ou du moins on imagine la honte de cette bourgeoise ancienne prof de piano qui se retrouve en couche. A ce plan se succède justement cette Anne, assise à son piano, jouant consciencieusement.

Si il n'y avait qu'une chose à garder de ce film, je crois que je garderait ces deux plans. Ils disent tout.

En plus on a à faire à de grands acteurs. Rien de trop, rien de moins. Emmanuelle Riva est en course pour l'oscar de la meilleure actrice, avec cette prestation, elle le mérite amplement.

A aller voir si vous n'êtes pas en dépression, si vos grands-parents sont en bonne santé ou si vous avez le cœur bien accroché. Mais ce serait vraiment dommage de passer à côté.


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