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Je suis énervée à cause de la politique et du capitalisme. Je suis énervée tout court. D’une humeur parfaitement détestable. Dans ces cas-là, vaut mieux même pas me dire « bonjour » le matin ; même la politesse m’énerve. 
Il y a une jeune fille qui voudrait devenir écrivain et elle tient un blog sur lequel, elle a fait, entre autres, un journal de bord de la progression de son deuxième manuscrit. Elle a eu l’idée de faire un tableau Excel du nombre de mots écrits chaque jour. Preuve qu’on est vraiment dans un monde épouvantable de comptabilité généralisée. Même quand on y est pas obligé, on comptabilise. Putain, je suis énervée. Aujourd’hui elle a comptabilisé 1035 mots. 1035 mots en une seule journée. Radical. Personnellement, je suis championne des débuts de roman à jamais inachevé, qui reste dans l’ordinateur une année ou deux, avant d’être balancé dans le néant à l’occasion par exemple d’une invasion de la machine par de méchants virus du genre « suck my ass, bitch ! » , « bitch, bitch, bitch, you like it, tell you like it, tell me you like my fucking dick » (voilà, ce genre) nécessitant un reformatage complet du disque dur (et la perte de tous les fichiers car il est hors de question, en général, que je paie 40 € supplémentaires pour qu’on me sauve quelques dossiers). J’ai immédiatement, à la lecture de ces 1035 mots quotidiens annoncés, ouvert un de ces débuts de roman destination poubelle pour comptabiliser aussi. En général, ils font autour de quinze pages et j’ai bien écrit une vingtaine de jours. Verdict 5647 mots. Elle : un jour = 1035 mots. Moi : vingt jours = 5647 mots donc un jour = 5647 / 20 = 282,35 mots = j’ai un sérieux problème de rentabilité. Rideau.
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu