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Rose et bleu

Publié le 21 février 2013 par Toulouseweb
Rose et bleuLa grande vitesse la moins chčre du monde.
Décidément, rien ne nous aura épargné : aprčs Hop!, voici Ouigo et des TGV rose et bleu. Ouigo, c’est le low cost sur rails, dans un pays, le nôtre, qui a de toute évidence un problčme avec la grande vitesse. Du coup, on ne s’ennuie jamais, męme si on ne comprend pas tout.
Guillaume Pépy, président de la SNCF, n’a jamais caché sa fascination pour le transport aérien. Au point qu’il est arrivé ŕ plus d’une reprise qu’on se demande le plus sérieusement du monde pourquoi il n’a pas été nommé ŕ la tęte d’Air France. Il y aurait fait merveille.
Aujourd’hui, ŕ l’annonce de Ouigo, les questions se bousculent. On se demande tout d’abord oů les spécialistes du Ťbrandingť (oui, c’est l’anglicisme qui convient) vont chercher leurs abracadabrantesques idées. Les aviateurs ont choisi Hop! lŕ oů nous attendions Air France Express ou Air Inter, les cheminots on opté pour un curieux eurosprechen que rien ne peut justifier.
Heureusement, de toute maničre, qu’Air Inter n’existe plus. Elle y verrait un nouveau coűt bas de la SNCF alors que cet affrontement d’une autre époque est bel et bien oublié. Air France ne se bat plus contre les trains, ses ennemis se nomment EasyJet, Vueling, Volotea. En revanche, Pépy conserve les męmes repčres, qui ont fait leurs preuves : pourquoi chercher ŕ innover, ŕ inventer, quand il suffit de s’inspirer de l’aérien.
Voici donc qu’apparaît Ouigo, sur l’incontournable axe nord-sud. Les avions avaient Beauvais, les trains auront Marne-la-Vallée, l’un et l’autre installés au milieu de nulle part, pour ne gęner personne. Les tarifs seront dérisoirement bas (ŕ partir de 10 euros), un seul bagage sera toléré, les horaires particuličrement ingrats. Et, bien entendu, il n’y aura aucun service ŕ bord, payant ou non.
En fait, on se demande pourquoi la SNCF se donne toute cette peine pour desservir Marseille et Montpellier pour des peanuts (c’est le vocabulaire qu’affectionne Southwest Airlines), avec l’espoir de marges qui n’en seront pas. Mais c’est aussi une maničre de montrer, mieux vaut tard que jamais, ŕ quel point Air France a eu tort de longtemps désigner le TGV comme son pire ennemi. Ce qui a dangereusement détourné son attention de Ryanair et EasyJet, avant-garde des hordes barbares qui ont envahi les pistes hexagonales.
Le TGV low cost, l’ersatz de TGV pour reprendre une critique syndicale entendue cette semaine, n’a rien ŕ voir avec l’aérien, malgré les apparences. Il suffit, pour s’en rendre compte sans faire appel ŕ de grandes démonstrations technocratiques, de noter qu’un rame Duplex densifiée, en configuration Ouigo, va compter trčs exactement 1.258 sičges. Soit l’équivalent de trois A380 tout aussi densifiés ou, si l’on préfčre, sept ou huit A320 monoclasses. Il est donc hors de question de les mettre en oeuvre ailleurs que sur les axes les plus fréquentés. Et encore. De plus, le réseau ferroviaire ŕ grande vitesse est maigrelet, ce qui revient ŕ dire que Hop! a tout l’avenir devant elle.
Guillaume Pépy vante avec talent les mérites de Ťla grande vitesse la moins chčre du mondeť. Barbara Dalibard, qui dirige avec brio SNCF Voyages, reconnaît pour sa part que le marché visé par Ouigo est celui des automobilistes. S’il n’y a qu’un vainqueur, ŕ terme, sans doute s’agira-t-il d’un as du branding. Nous vivons une époque formidable !
Pierre Sparaco - AeroMorning

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