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La reine clandestine - Philippa GREGORY

Par Liliba

La reine clandestine Philippa Gregory Lectures de Liliba

Au milieu du XVème siècle, l’Angleterre est en guerre, une guerre interne malheureusement aussi violente et meurtrière que les guerres de conquête. Une guerre à mort entre les maisons de Lancastre et d’York, pourtant cousines, qui chacune revendique le pouvoir royal, et bien sûr le trône pour leur héritier. Cette guerre des Deux-Roses (la rose rouge étant l’emblème des Lancastre et la blanche, celle des York) fragilise le pays, et surtout, fait monter de part et d’autre les haines, les jalousies, les désirs de revanche.

Au moment où débute cette histoire, le roi Édouard IV bataille encore pour récupérer la couronne. Au détour d’un chemin, il fait par hasard la connaissance de la jeune Élisabeth Woodville, veuve de Sir John Grey et mère de deux garçons. Un hasard « aidé » car la jeune femme s’est bien postée exprès sur le passage du roi, dans le but de le séduire. Il le sera en effet, autant par sa beauté que par son caractère plus qu’affirmé et ils se marieront dans le plus grand secret. Est-ce vraiment l’amour ? Un sentiment plutôt rare dans les mariages de l’époque, qui sont généralement tous arrangés, notamment pour les familles aristocrates, ou bien les machinations d’Élisabeth et de sa mère, descendante de la déesse Mélusine, qui n’hésite pas à jeter quelques sorts et envoutements pour que le destin suive ses désirs ? Il semble qu’il y a ait des deux dans cette union.

Élisabeth devient alors reine alors qu’elle est issue d’un milieu bourgeois, une ascension sociale qui va vite lui monter à la tête, car elle tient avant tout à assurer l’avenir de sa famille, une famille du clan Lancastre, plaçant les uns et les autres à des positions enviables (et enviées) et distribuant à tout va titres de noblesse, de propriété et fortune, en commençant par ses enfants, ses parents et ses frères et sœurs, mais cherchant également des alliances dans toute l’Angleterre et dans les pays voisins pour les membres plus éloignés de sa famille, dont elle veut par les mariages arrangés faire une vraie famille royale. Mais Richard Neville, comte de Warwick et conseiller du roi déteste Élisabeth qu’il juge intrigante, et qui surtout supplante l’influence qu’il exerçait auparavant sans faille sur le jeune roi.

Les batailles font rage autour de Londres et dans tout le pays, et au sein même des familles et Elizabeth doit protéger ses enfants et tous ses proches sur lesquels s’abat la vengeance des mécontents. Son propre fils, le prince héritier sera d’ailleurs enlevé après la mort d’Edward et enfermé dans la Tour de Londres, d’où il ne ressortira jamais.

Cette histoire est très romancée et le lecteur ne sera pas tenu de connaître sur le bout des doigts l’histoire de l’Angleterre pour y prendre plaisir. Bien sûr, on s’y perd parfois un peu avec les noms de famille et les titres des nombreux personnages du roman, d’autant plus qu’ils trahissent tous dans un sens ou dans l’autre, se ralliant au plus fort du moment, mais l’histoire est fluide et très agréable à lire. Et puis il s’agit beaucoup de la reine Elizabeth, et de ses tourments. Son mariage avec le roi n’est pas reconnu par certains, car il a eu lien en secret, et on la soupçonne bientôt de sorcellerie, comme sa mère, en tout cas ce sont les bruits que vont faire courir ses détracteurs pour salir sa réputation. Il faut dire que cette femme est emplie d’un désir inextinguible de pouvoir et que rien ne lui semble jamais assez. Elle était ambitieuse, mais devient au fil des années vraiment dure, et plus encore quand elle se retrouve veuve. Il semble que rien ne l’arrête, jusqu’à prendre des décisions étranges, dangereuses pour ses proches, complotant sans relâche dans l’espoir de reprendre le pouvoir qu’on lui a arraché et de replacer ses pions sur l’échiquier international. Elle n’est pas sympathique, loin de là, de plus en plus manipulatrice et sournoise, mais fascinante dans son obstination, son idée fixe, se durcissant plus encore à chaque nouvelle trahison.

Bref, un condensé d’histoire plutôt passionnant, et extrêmement facile à lire du fait de son côté romancé. On pourra regretter cependant le côté un ampoulé du texte, qui est écrit au présent, mais dont les dialogues regorgent de passé simple, plus que parfait et de formules « à l’ancienne » qui alourdissent le texte et surtout qui ne correspondent pas à la narration dans l’immédiateté impliquée par l’utilisation du présent.
À noter que ce roman porte le titre de La reine blanche dans la version originale anglaise, un titre qui semble mieux lui convenir, car Elizabeth ne reste finalement quasiment pas dans la clandestinité.


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