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Jean-Paul Huchon est très mécontent, ou quand le STIF découvre le RER A

Publié le 11 avril 2008 par Jean-Paul Chapon

jphuchon.1207905549.jpgEst-ce la lecture du Monde relatant le “calvaire des usagers de la ligne 13” et ajoutant, cerise sur le gâteau des transports collectifs parisiens, que « la ligne A du RER est au bord du chaos » qui a rendu Jean-Paul Huchon très mécontent, ou est-ce le « buzz » des blogues, qui comme Paris est sa banlieue dénoncent la situation de cette ligne au risque de passer pour un obsédé aux yeux de ceux qui ne l’utilisent pas ? Toujours est-il que Jean-Paul Huchon, président du STIF, au titre de sa présidence de la Région Ile-de-France, s’est fendu hier d’un communiqué de presse dans lequel il « demande d’urgence à la RATP et à la SNCF un programme d’amélioration du RER ».

« Le RER A, qui jusqu’à ces dernières années était une ligne performante, enregistre de plus en plus des retards récurrents, pour l’essentiel à l’heure de pointe du matin, retards liés le plus souvent à des dysfonctionnements des installations fixes tels que les aiguillages, la signalisation… » On croirait du Paris est sa banlieue, mais non c’est un communiqué du STIF, le Syndicat des Transports d’Ile-de-France, autorité organisatrice des transports de la région, qui nous avait plutôt habitué ces derniers temps à de l’auto satisfecit. Il suffit pour en juger d’aller sur la
page d’accueil du STIF
, où on peut encore lire « A la une : davantage de trains sur le RER A !… Depuis le 4 février, ce sont plus de 900 000 voyageurs qui chaque jour empruntent les 28 gares concernées par le renfort d’offre qui verront leur quotidien considérablement amélioré. » Raté, le premier effet de cette mesure a été de voir le quotidien des usagers considérablement aggravé ;-)

Alors « très préoccupé par cette situation », il était temps, « Jean-Paul Huchon a demandé à la RATP et la SNCF de lui présenter un programme intégrant des mesures à court et moyen termes pour un retour rapide de la ligne à un niveau de service compatible avec les objectifs définis dans les contrats récemment conclu entre le STIF et les opérateurs. » Maintenant que le problème devient visible, on a parlé de la ligne 13 au JT de France 2 hier soir, on sort de la communication pour atterrir avec la brutalité d’un coup de frein de RER (les usagers comprendront ;-) dans la réalité. Et là Jean-Paul Huchon ne veut pas être le seul à porter le chapeau, surtout que l’arrivée d’un Christian Blanc au secrétariat chargé du développement de la Région-Capitale pourrait ressembler à l’entrée de l’inspecteur dans une salle de classe, où le professeur Huchon n’aurait pas trop envie d’être inspecté.

Du coup, le STIF rappelle qu’il a « engagé depuis 2006, plusieurs grand chantiers pour améliorer le RER A“, et lancé une série d’études, dont la dernière mentionnée ne manque pas de piquant dans la bouche du président du STIF, puisque parmi ces « chantiers engagés pour améliorer le RER A » figure « la réalisation d’une nouvelle rocade ferrée structurante en proche couronne, Arc Express », quand on se souvient de l’énergie avec laquelle le même Huchon a combattu le projet Métrophérique il n’y a pas si longtemps, n’hésitant pas à déclarer par exemple sur 20 Minutes le 3 avril 2007 « nous n’avons pas besoin d’un métro qui fasse entièrement le tour de Paris. En revanche le Stif, c’est-à-dire les élus, va lancer des études pour une rocade intitulée Arc Express, desservant la proche banlieue par portions seulement. Reste à savoir si elle doit se situer juste derrière le périphérique, ou 7-8 kilomètres plus loin. » ou qui plus récemment encore déclarait dans le Parisien en décembre 2007 toujours à propos de Métrophérique « la question est tranchée. Ce n’est pas la RATP qui décide. L’Etat et la Région ont signé un contrat qui prévoit une liaison en rocade éloignée d’à peu près 7km de Paris qui rejoindra le RER A et le RER B dans le Val-de-Marne. C’est une liaison métro baptisée Arc Express qui coûtera près de 2 milliards d’euros. Il n’y a pas d’autre projet. »

Les transports en commun ont été les grands oubliés depuis une trentaine d’années. Bien sûr, il y a eu des améliorations, une ligne de plus dans Paris, la 14, ou encore Eole, plus de bus en mobiliens, l’extension d’une heure le week-end, ou encore la suppression d’une zone de carte orange. Oui, mais globalement, ça ne fonctionne pas, faute de vision et faute d’ambition. Et ce n’est pas le STIF qu’il faut charger dans cette histoire, ni la RATP ou la SNCF, dont il faut saluer au passage le courage et l’honnêteté de Guillaume Pepy dans ses déclarations sur les lignes C et D du RER. Et lorsque l’on entend Pierre Mongin expliquer que l’accord RATP-STIF prévoit un investissement de 5 milliards d’euros sur les 5 ans à venir, on voit bien que STIF, RATP ou SNCF ne sont capables en l’espèce que de gérer (et encore) le quotidien. Pas de développer et de créer les nouvelles infrastructures nécessaires. D’ailleurs est-ce leur rôle ? Est-ce le rôle du nouveau secrétariat d’Etat de Christian Blanc ? Est-ce le rôle demain d’un Grand-Paris ? Est-il choquant que l’Etat investisse dans la Région-Capitale, dans ce qui dépasse largement des notions purement régionales, départementales ou municipales ? Rappelons le poids et le rôle moteur de la Région-Capitale ou du Grand-Paris pour l’ensemble de la France avant de s’arc-bouter sur des principes de décentralisation et surtout de politiser le débat. Le constat est là, ça ne marche pas, ou ça ne marche plus. Les acteurs d’aujourd’hui ont montré leurs limites, il faut un souffle nouveau, un élan politique pour sortir Paris, petit et grand, de l’impasse.

Jean-Paul Chapon

ps: régulièrment dans Paris est sa banlieue, je mets en avant les questions d’échelle et d’ordre de grandeur dans l’appréhension d’une question. Le communiqué sur le RER A fournit un chiffre à garder en tête quand on parle de la question des transports dans l’agglomération parisienne.
Le RER est la ligne la plus fréquentée du monde. Le cap du million de voyageurs par jour est franchi de façon quasi quotidienne.

Dans une note récente, je qualifiais Vélib’ de gadget, faisant réagir certains commentateurs comme Franck par exemple, qui parle de l’éventail de l’offre en transports en commun et de la complémentarité, dont celle du vélo en général. C’este au regard de chiffres comme celui du nombre de voyageurs quotidien sur la ligne A que je qualifie et continuerai à qualifier Vélib’ de gadget (petit objet plus ou moins utile, amusant par son caractère de nouveauté - Larousse) à chaque fois qu’à la question transports à Paris on me répondra Vélib’ ;-)


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