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Fantômas: A l'ombre de la guillotine

Publié le 23 février 2013 par Olivier Walmacq

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Genre : Thriller, Policier, muet

Année: 1913

Durée : 54 minutes

L’histoire : Paris 1913, un vol audacieux est commis au Royal Palace hôtel. Bien vite on relate un autre crime : le meurtre de Lord Beltham. La police enquête, l’inspecteur Juve est chargé de démasquer le coupable. La tâche ne s’annonce pas facile, l’auteur des crimes est un véritable génie du mal qui de fait appeler Fantômas.  

La critique de Vince12 :

« Une vision hallucinante dansait sous ses paupières fermées. Comme une allégorie gigantesque et fantastique, il lui semblait apercevoir, chevauchant un infernal coursier, le Maître de l’épouvante, drapé dans son maillot noir, ganté de noir et galopant à travers le monde alors que chacun s’enfuyait devant lui, hurlant d’effroi, affolé de terreur. »

JUVE

Attention aujourd’hui nous allons évoquer l’une des figures majeures de la littérature française mais également du cinéma français. « L’exécuteur funeste », «  l’ange exterminateur aux mille visages », « L’empereur du crime », Le « cruel », le « magnifique », le « fantastique » l’ « insaisissable » Fantômas.

Evidemment si aujourd’hui on évoque Fantômas dans le cinéma français, la grande majorité des gens penseront au film de 1964 réalisé par André Hunebelle avec Louis de Funes et Jean Marais. Faut-il préciser que Fantômas est né bien avant, au début du XXème siècle sous la plume de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Ce personnage révolutionne la littérature française. Les livres partent comme des petits pains.

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Pour le réalisateur Louis Feuillade, c’est un filon en or, et il parvient à convaincre Léon Gaumont, de racheter les droits de la série « Fantômas ». Avant tout, il faut présenter Louis Feuillade, ce passionné de littérature fut d’abord journaliste et occasionnellement scénariste avant de se lancer dans le septième art. Ses premiers films étaient loin d’être convaincants, plagiant souvent de façon vulgaire le grand George Méliès. Cependant au fil des années, Louis Feuillade développe peu à peu son propre style et une once de génie se dévoile dans des films tels que : La vie telle qu’elle est, La tare, L’intrus ou encore Le Trust

Mais le génie de Louis Feuillade va littéralement exploser dans ce premier film de Fantômas Il y’en aura cinq en tout. D’ailleurs comme le souligne à juste titre Jacques Champreux, beaucoup de critiques ont la très fâcheuse tendance à englober ses cinq films comme un seule œuvre qu’il qualifie de serial. C’est pourquoi j’aborderai les cinq épisodes séparément. Et aujourd’hui je vous parlerai du premier film Fantômas : A l’ombre de la guillotine.    

Attention SPOILERS

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En 1913 à Paris, un vol audacieux est commis au Royal Palace Hôtel. Le criminel signe son forfait en laissant une carte portant le nom de Fantômas. L’inspecteur Juve commence alors son enquête.

 Mais bien vite la situation s’envenime, Lord Beltham est retrouvé assassiné. Juve interroge la veuve de ce dernier, Lady Beltham. Pour Juve le défi s’annonce de taille Fantômas semble pouvoir s’introduire partout et usurper l’identité de n’importe qui.

Voilà pour les grandes lignes, en sachant que le scénario proposera de nombreux rebondissements. D’ailleurs pour l’écriture du script, Feuillade reprend les évènements les plus marquants du roman de Souvestre et d’Allain. A la différence que le film se révèle souvent plus « doux » et moins sombre que le livre. C’est notamment le cas pour la scène finale.

Maintenant parlons plus du film en lui-même, tout d’abord l’une de ses originalités, c’est le fait qu’il soit tourné en noir en blanc teinté, ce qui donne lieu à une esthétique vraiment à part.

La réalisation de Feuillade est très soignée. Le film est très rythmé, si bien qu’on ne voit pas passer les cinquante minutes de bobines.  L’ambiance que Feuillade met en place est tout simplement géniale et envoûtante. On pénètre ici dans le Paris du début du XXème siècle et on en découvre les aspects les plus mystérieux et les plus sordides. Le tout est couronné par une musique somptueuse parfois terrifiante, parfois drôle et souvent envoûtante et entraînante.

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Vous l’aurez compris, avec Fantômas : A l’ombre de la guillotine, on assiste à l’émergence d’un immense talent qu’est celui de Louis Feuillade. Il faut préciser que le style du réalisateur né également des détails scénaristiques (je rappelle que le scénario est rédigé par Feuillade lui-même qui se base sur le roman de Souvestre et d’Allain). 

Par ailleurs la scène dans laquelle Juve voit Fantômas en hallucination est juste géniale. 

Mais outre une réalisation virtuose, il faut également évoquer les acteurs. En premier plan René Navarre dans le rôle de Fantômas. Physiquement l’acteur correspond admirablement à l’image qu’on se faisait du méchant à l’époque. Navarre a également une présence qui apporte énormément au film. Quant à Edmond Bréon, il tient avec brio le rôle de l’inspecteur Juve. A des années lumières de De Funes, ce Juve là est un homme sérieux avisé et habile qui va donner du fil à retordre à Fantômas. On retrouve également George  Melchior dans le rôle du journaliste Jérôme Fandor qui est ici réduit à une brève apparition. Mais citons aussi Renée Carl dans le rôle de Lady Beltham. En réalité dans Fantômas, les acteurs miment avec une grande précision. D’ailleurs Fantômas est sans doute l’un des premiers films de l’histoire où l’on peut voir de « grandes interprétations » dans le registre du muet et même dans le cinéma tout court en fin de compte.

Clairement Fantômas fait partie des monuments du surréalisme ou encore du « fantastique social » comme l’appelle certains. C’est à travers la vie quotidienne que Feuillade aborde son histoire. Derrière le côté fantastique de Fantômas se dresse un portrait de la société sous ses angles les plus sombres et les plus notoires : la corruption, les complots…. C’est sans doute pour ça que le personnage de Fantômas a tant fasciné les foules.

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Par ailleurs étant donné l’année du film, à savoir 1913 donc un an avant la première guerre mondiale, on peut se demander à quel point les exploits de Fantômas, indirectement, ne représentent pas la situation instable de l’Europe de l’époque. 

A sa sortie le film sera un énorme succès aussi bien auprès du public que de la critique. De nombreuses copies seront vendues aux ricains qui par la suite réaliseront leur propre version, en 1920, intitulée Les Exploits de Diabolos. On peut même dire sans risque de se tromper que l’œuvre de Louis Feuillade a plus que certainement inspiré Fritz Lang pour son Docteur Mabuse.

Bref un chef d’œuvre indispensable d’une importance capitale à voir pour tous ceux qui se prétendent cinéphile ou amateur de surréalisme.   

  

Note : 20/20

PS : Pour ceux que ça intéresse le film est visible dans son intégralité dans la vidéo en lien ci-dessous. 


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