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Dimanche au musée n°142: Rembrandt

Par Melusine1701

Cette semaine, je joue la facilité avec Rembrandt (1606-1669). Voici la célèbre Leçon d’anatomie du professeur Tulp:

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Ce tableau a été décrypté déjà dans tous les sens. On le sait: la leçon a eu lieu en 1632, et le corps utilisé était celui d’un condamné à mort qui venait d’être pendu. Il faut préciser que la dissection était formellement interdite par la morale religieuse de l’époque et ce genre de leçon soumise à de très strictes règles. On y voit donc l’éminent professeur Tulp, distingué par son chapeau noir, dans une attitude très doctorale, main en l’air, faire une démonstration sur les muscles du bras. Ce que j’aime tout particulièrement dans ce tableau, c’est la force tranquille du professeur face aux regards tendus des trois docteurs du premier rang, penché sur l’objet d’étude. La tension et l’intérêt sont palpables chez eux et on retrouve parmi les présents toutes les attitudes d’une salle de classe. Celui du fond par exemple: prend-il des notes ou consulte-t-il un document au lieu de suivre la leçon? Et ceux à gauche, ne semblent-ils pas regarder complètement ailleurs? Il y a un petit côté amusant, touchant, dans cette assemblée. Les regards et la construction du tableau attirent volontairement l’attention sur le cadavre blanc, bien dans la lumière, en plein centre du tableau. Avouez que la fascination de voir représenté un cadavre fonctionne toujours: cette blancheur cireuse qui touche même à la barbe à quelque chose d’une inquiétante étrangeté qui fonctionne toujours. Et avez-vous remarqué? On a le regard attiré par le corps blanc du mort avant de remarquer que l’objet de la leçon n’est que sa main. Remarquons d’ailleurs que ma main disséqué est celle qui est à l’arrière-plan. Je reste donc persuadé que même si ce tableau était une commande, visant à illustrer et saluer les progrès de la médecine, il a été conçu d’abord pour impressionner, pour donner au spectateur ce petit frisson devant cette froideur et ce cadavre révélé crûment, un peu à la manière des naturalistes.

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