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La servante et le catcheur - Horacio Castellanos Moya

Publié le 26 février 2013 par Litterature_blog

La servante et le catcheur - Horacio Castellanos Moya

Castellanos Moya
© Métailié 2013

Après un détour (réussi) par le roman d’amour adolescent, je replonge les mains dans le cambouis avec un récit se déroulant au Salvador pendant la guerre civile.
Le viking, une ancienne star locale du catch, fait partie des escadrons de la mort. Avec ses acolytes, il embarque, torture et fait disparaître sans aucun discernement un nombre incalculable d’opposants au régime. Des étudiants, des « communistes » et tous ceux qui leur apportent une aide quelconque, même les médecins qui tentent de les soigner lorsqu’ils sont blessés suite à des affrontements avec la police. Depuis peu les éléments subversifs multiplient les actes anti-régime, de la manifestation qui dégénère en guérilla urbaine à l’attentat terroriste. Dans ce chaos permanent, la vieille servante Maria Elena tente de survivre. Elle habite avec sa fille, une infirmière qui vient de trouver une place en or à l’hôpital militaire dirigé par le gouvernement, et son petit fils, entré depuis peu dans la clandestinité. Maria Elena et le Viking se connaissent depuis longtemps. Parce que ses nouveaux patrons viennent de subitement disparaître, elle demande à l’ancien catcheur s’il peut leur venir en aide. Mais une fois que les prisonniers sont amenés dans les cachots du Palais noir, il n’y a plus rien à faire pour eux. Seules l’horreur et la mort les attendent... Horacio Castellanos Moya plonge au cœur de la terreur. Il tisse avec une diabolique précision le canevas d’une implacable dramaturgie. Une danse macabre où la violence est omniprésente. Alternant les points de vue (celui du viking puis celui de la servante, du petit fils révolutionnaire et enfin de sa mère), l’auteur déroule un style neutre et indirect, d’une froideur clinique. Il n’omet aucun détail, même le plus sordide. Tout est net, précis, nerveux, tranchant comme une lame. Un sens de la tragédie où chaque maillon s’imbrique jusqu’à l’inéluctable dénouement.    Un roman qui secoue furieusement, qui projette le lecteur au beau milieu d’une guerre civile, à la fois du coté des militaires et des insurgés. Âpre, corsé, brûlant, La servante et le catcheur montre sans aucune forme de jugement la montée de la violence et son expression la plus crue. Aussi fort que dérangeant. La servante et le catcheur, d’Horacio Castellanos Moya. Métailié, 2013. 236 pages. 18 euros. 

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