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Europe : une crise politique après la crise économique

Publié le 26 février 2013 par Bernard Girard
Italie, Espagne, Grèce, Bulgarie… les crises politiques se succèdent en Europe, prennent un tour différent dans chacun des pays mais reposent tous sur les mêmes fondamentaux : un rejet par les peuples d'une austérité qui bien loin de conduire à la croissance ralentit celle-ci et appauvrit, du coup, l'essentiel de la population. En cause, partout, des politiques qui se plient aux standards de l'Europe en matière de dette, de déficit budgétaire et qui ne peuvent en réalité guère faire autrement.
Standards dont il est d'autant plus difficile de se défaire que, sous l'influence de l'Allemagne (mais aussi de la technocratie bruxelloise), l'Europe s'est dotée d'institutions indépendantes (ce qui veut dire indépendantes des politiques), BCE, Cour de Justice Européenne… chargées de les faire respecter : quelles que soient les circonstances. Le déficit public est un bon exemple, il ne doit pas dépasser 3% et si c'est le cas les Etats pourraient être poursuivis et condamnés à de fortes amendes (jusqu'à 0,2% de leur PIB). Il faut pour y échapper qu'une majorité qualifiée d'Etats s'y oppose. Les mêmes Etats doivent présenter leur projet de budget à Bruxelles avant même de le discuter avec leur Parlement. Tout cela est excellent pour ramener la discipline dans des pays qui en sont souvent manqué et ont laissé leurs déficit et endettement courir sans vergogne. Mais… ces instances ne sont pas seulement indépendantes des politiques, elles le sont également des opinions. Elles n'en tiennent tout simplement pas compte. D'où les réactions de celles-ci : discrédit des politiques, rejet de l'Europe, populisme, manifestations violentes, élections rendant les pays ingouvernables.
La construction européenne, telle qu'elle a évolué, de manière presque invisible pour qui n'est pas spécialiste, a voulu encadrer au plus près des politiques prompts à renvoyer au lendemain les efforts, elle aura réussi à couper le lien qui les unit à ceux qui les élisent. Elle leur a interdit (ou, du moins, rendu beaucoup plus difficile) d'écouter leur opinion, de prendre acte de ses refus, de ses attentes en matière économique. Faire des économies pour rembourser ses dettes, c'est une obligation, le faire en réduisant les allocations chômage, en fermant des écoles, en réduisant les dépenses de santé, comme en Espagne, c'est tout simplement aller à l'encontre de ce qu'attend la population, qu'elle soit de droit ou de gauche, jeune ou vieille. Or, faut-il le rappeler, dans des régimes démocratiques, être attentif aux attentes de la population et tenter de les satisfaire fait partie de la mission des politiques. Et c'est pour cela que la démocratie vaut mieux que tous les autres régimes.
L'Europe a aujourd'hui besoin de revoir ses politiques d'austérité qui se révèlent incapables de résoudre nos problèmes mais aussi son modèle politique : Bruxelles doit entendre les opinions si l'on veut éviter l'explosion de l'Europe pour cause de déficit démocratique. Il lui suffirait de prêter un peu plus d'attention au Parlement européen…

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