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Le vampire

Publié le 28 février 2013 par Corboland78

Elle : Je ne sais pas s’ils ont compris, mais en tout cas ça les turlupine. Tu as remarqué chéri ? Dès qu’on ouvre un magazine en ce moment, on peut être certain de tomber sur un article traitant du sujet. Leurs histoires de vampires, il y en a partout maintenant. Je ne dis pas que c’est une nouveauté, il suffit de consulter ta bibliothèque pour voir que de tous temps on a écrit sur le sujet. 

Lui : Des bouquins, mais des films aussi. Tu te souviens chérie du Nosferatu qui t’avait beaucoup amusée autrefois ? Et je ne te ferai pas l’injure de te rappeler les Twilight, ces gamineries pour adolescentes prépubères qui ont gâché nos dernières sorties au cinéma. Régulièrement au cours des siècles, le sujet revient sur le devant de la scène, comme un symbole représentant des époques précises. Je t’en dis ce que j’ai lu dans les journaux, ah ! ah ! ah !

Elle : Tu as raison d’en rire, toutes leurs analyses sont tordantes. Surtout qu’ils te balancent ça comme s’ils y connaissaient quelque chose, j’en ai lu un qui disait, je cite de mémoire, « le vampire représente tout ce qui fait l’énigme de notre existence : la mort, la vie, l’amour ». C’est super profond comme pensée !

Lui : Tu m’étonnes ! On doit pouvoir la caser dans un paquet d’autres analyses. Celui qui a pondu cette banalité aurait tout aussi bien pu sortir « c’est un personnage immuable et en perpétuelle évolution », ça dit tout et son contraire, on ne risque pas de le contredire.  

Elle : Attend, je crois que nous avons dû lire le même article, car ça aussi il l’a dit ! Je te jure. D’ailleurs, je me demande bien pourquoi nous lisons ces trucs ? Nous savons, toi comme moi, que nous n’y apprendrons rien d’intéressant.

Lui : Allons chérie, tu sais très bien au contraire pourquoi nous agissons ainsi. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas ce qui est écrit, mais qui l’a écrit. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance d’Alain et Jocelyne, souviens-toi. Un article sur un blog, pleins d’âneries et de lieux-communs, mais au milieu des ces élucubrations pour benêts, un détail, une tournure de phrase, ont attiré notre attention. Ces deux-là semblaient bien informés. Quelques échanges d’emails plus tard nous étions confortés dans notre intuition, ils étaient bien placés pour parler.

Elle : C’est vrai, tu as raison. Astucieux leur idée. Glisser entre les lignes, des sous-entendus que seuls des initiés pourraient comprendre et attendre qu’ils prennent contact avec vous. Parce que l’éternité, on dira ce qu’on voudra, mais c’est long. Si on ne fait pas de rencontres ou si on ne se fait pas de nouveaux amis, on tourne un peu en rond.  

Lui : Et tu te fais du mauvais sang ?

Elle : Oh, chéri, comment peux-tu penser cela ? Approche-toi, j’ai envie de t’embrasser dans le cou.

Edvard Munch The Vampire (1893–94) - Huile sur toile 91 x 109cm - Nasjonalgalleriet Oslo.

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