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Pourquoi faut-il parfois savoir s'en aller ?

Par Jeuneanecdotique
28 février 2013

coeur

Avec l'homme dont je croyais être amoureuse, je me suis perdue en route. Quand il m'a quittée, il m'a fallu un certain temps pour voir le bon côté des choses. Le bon côté des choses, c'est qu'il m'a modelée à sa guise pendant trois longues années, et qu'une fois lâchée dans la nature, le pauvre bout de pâte à modeler que j'étais s'est retrouvé sans trop de forme, sans trop savoir quoi faire.

J'ai été conditionnée. C'est assez dur dit comme ça, mais c'est ce que je pense : pendant trois ans, je n'existais plus. Ellie n'existait plus. J'étais un substitut de cet homme, son ombre, sa petite chose. Sur le moment, je me pensais heureuse et établie dans une relation saine et agréable. Après coup, maintenant que je suis dans une relation VRAIMENT saine, je vois à quel point j'ai du mal à sortir de la boîte dans laquelle il m'a mise. Je ne l'aime plus, mais ses restes sont encore là. Les sentiments s'envolent, les habitudes, pas.

Je n'avais pas le droit de dire ce que je pensais, ce que je ressentais. Si quelque chose n'allait pas, il fallait que je le garde pour moi. Les mauvaises choses, on les cache. J'ai accumulé la merde à l'intérieur de moi, pour lui faire plaisir, pour être la fille sans histoire qu'il attendait que je sois. Et à force de garder ces mauvaises choses à l'intérieur, plutôt que d'en parler et de passer à autre chose... Je suis devenue une mauvaise personne, rongée par des problèmes en apparence sans importance, mais qui, accumulés au fil des années, se sont transformés en montagnes infranchissables. Je n'étais qu'un tas de ressentiment. Je jouais la comédie, celle de la parfaite petite-amie sans travers. J'avais vite compris qu'exprimer quoi que ce soit me vouait à me faire engueuler et rabaisser. Et moi, je voulais qu'il m'aime. Alors je la fermais. Je me suis habituée à me sentir coupable d'être humaine. J'ai été un robot pour ses beaux yeux. Et maintenant, j'aime un autre homme, mais cet homme aime la Ellie humaine.

Comment faire, alors ? Au début, je me disais sûrement la même chose que vous en ce moment. "Mais putain, c'est trop canon, je vais enfin pouvoir dire ce que j'ai sur le coeur quand ça ne va pas, et il ne m'en voudra même pas !". Ouais, c'est canon. Trop canon pour être vrai.

Dès que j'ai envie de parler de quelque chose, je me cogne à un mur. Et ce mur, contrairement à avant, ce n'est pas mon copain. C'est moi, le mur. Je n'arrive pas à m'ouvrir. Je suis une porte fermée. Et ça m'emmerde profondément. J'ai envie de dire ce que je ressens, j'ai envie de dire à mon copain que je l'aime, mais que j'ai peur qu'il me quitte un jour. J'ai envie de dire à mon copain que je l'aime, mais que ça me fait mal de ne pas pouvoir être à ses côtés. J'ai envie de dire à mon copain que je l'aime, mais que les restes de Benoît pourissent à l'intérieur de moi, et qu'il n'y a que lui qui puissent m'aider à m'en débarasser. J'ai envie de dire à mon copain que je l'aime, mais que j'ai la trouille de le lasser, le dégoûter, le faire fuir. J'ai envie de dire à mon copain que je l'aime, que je suis raide dingue de lui et qu'il est plus important que tout pour moi, mais que je m'en veux de ne pas réussir à me dépêtrer de ce conditionnement, que j'ai peur, même, de ne jamais y parvenir. J'ai envie de lui dire tout ça, parfois, et je sais même qu'il me comprendrait. Car il n'est pas Benoît. Et pourtant, quand il me demande, "Ca va ?", je réponds que oui. Et il sait que c'est faux. Et il souffre de mon renfermement. Il me veut humaine. J'ai été tellement habituée à n'être rien, que je suis inconsciente sur le moment du mal que je peux faire, de l'influence que je peux avoir sur le moral des gens qui m'aiment. Par conséquent, j'agis n'importe comment, en me disant que de toute manière, ça ne compte pas pour eux. Sauf que, bah si, ça compte.

Alors, pourquoi faut-il parfois savoir s'en aller ? Parce que, si on ne m'avait pas quittée, je serais sûrement restée ainsi toute ma vie. Conditionnée, sans m'en rendre compte. Abandonnant, jour après jour, le droit de n'être qu'une humaine, avec un coeur. M'oubliant complètement. Ce qui me fait dire que la fin était une chance, c'est qu'au moment-même où je me demande "Que serais-je devenue, sinon ?", je ne vois rien. Je ne serais rien devenue. J'aurais croupi dans une relation complètement aliénante.

Je suis peut-être très dure dans ce que j'écris, car c'est de ma faute, si je ne suis pas partie, si je me suis laissée faire, si j'ai laissé de petites choses s'accumuler pour ne devenir qu'un tas de rancoeur et de tristesse. C'est ma faute si je n'ai pas osé l'ouvrir, au risque de le perdre. C'est de ma faute. Et je paie encore de cette grossière erreur, à présent. Je suis heureuse, tellement heureuse de m'être détachée de lui, d'avoir su voir à quel point je n'étais qu'un paillasson sans personnalité sur lequel il s'essuyait à sa guise. Mais je suis malheureuse d'être toujours la petite chose incapable de s'exprimer, de se lâcher, de dire "FUUUUCK". Je vais certainement m'en sortir, me sortir les avant-bras des fesses et évoluer, au fil du temps. J'espère seulement ne pas perdre l'homme que j'aime actuellement à cause de cela. J'espère ne pas le décevoir davantage. J'espère.

Pourquoi faut-il parfois savoir s'en aller ?

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