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DOULEUR: La subjectivité peut-elle soulager? – Pain

Publié le 02 mars 2013 par Santelog @santelog

Quand un choc s’avère moins douloureux que prévu, il peut presque être perçu comme un soulagement. Ce concept, présenté dans l’édition du 25 février de la revue Pain et évoqué par cette étude de l’Université d’Oslo, qui permet de mieux comprendre comment le cerveau peut contrôler la douleur, pourrait jouer un rôle clé dans l’amélioration de la prise en charge de la douleur et de la toxicomanie.

Il n’est pas compliqué de comprendre que la douleur peut être interprétée comme moins sévère lorsque qu’elle l’aurait pu être beaucoup plus. La douleur peut même être ressentie comme un soulagement quand le pire a été évité, commente Siri Leknes, chercheur au département de psychologie de l’Université d’Oslo.

Le moindre des 2 maux : Comment l’expérience de la douleur peut-elle bien entraîner un sentiment de soulagement lorsqu’on réalise que c’est moins pire que prévu, c’est l’étude menée auprès de 16 sujets en bonne santé qui se sont préparés à subir une expérience douloureuse, en étant exposés de façon répétée à une chaleur d’intensité variable appliquée sur leur bras pendant 4 secondes. Cette expérience a été menée à 2 niveaux, la chaleur était soit pas ou peu douloureuse, soit modérément ou intensément douloureuse. Dans ce dernier contexte, la douleur modérée était le moindre des 2 maux. Les sujets devaient d’une part raconter comment ils avaient ressenti la douleur, d’autre part subir une IRM, durant l’expérience, afin d’évaluer leur activité cérébrale.

La douleur modérée peut susciter des réactions positives : Ainsi, dans les expériences où la douleur modérée était la pire alternative, la douleur était ressentie comme désagréable. Dans les cas où la douleur modérée était la «  meilleure  » alternative, elle était perçue comme réconfortante. Des sujets «  préparés  » pour le pire se sentent soulagés lorsqu’ils réalisent que la douleur n’est pas aussi sévère qu’ils le craignent. Dans ce cas, le sentiment de soulagement l’emporte sur l’expérience objectivement négative de la douleur en faisant une sensation réconfortante, voire même agréable.

Les examens d’IRM confirment les sentiments exprimés par les participants. Ainsi, le cerveau modifie son mode de traitement de la douleur modérée en fonction de ses autres expériences. Et lorsque la douleur est ressentie comme réconfortante (image A), il y a plus d’activité dans les zones du cerveau associées au plaisir et au soulagement et moins d’activité dans les zones associées à la douleur. Les chercheurs observent alors le même changement d’activité dans la même région du tronc cérébral qui régule la douleur, qu’en cas d’administration de morphine (image B).

Faudrait-il souffrir pour moins souffrir ? L’étude montre que l’exposition à un seul et même stimulus peut-être interprétée très différemment selon les individus et que l’expérience du contexte et des autres expériences de l’individu. Imaginer une alternative encore pire pourrait cependant aider à interpréter la douleur comme moins douloureuse, s’interrogent les chercheurs ? Un concept dangereux alors que les traitements actuels de prise en charge restent insuffisants pour beaucoup de patients. Néanmoins, de telles études contribuent à comprendre comment le cerveau peut contrôler la douleur et aboutir à de meilleures méthodes de prise en charge.

Faut-il informer le patient que le traitement va être très douloureux? « Dans certaines situations, cela peut être une bonne approche, mais pas toujours« , répond le Dr Leknes. « Les médecins observent que leurs patients réagissent très différemment aux informations : certains patients vont connaître un véritable sentiment de soulagement si la réalité est moins pire que prévu mais d’autres patients préfèrent éviter de s’inquiéter à l’avance et préfèrent ignorer autant que possible à quoi s’attendre  ».

Le soulagement, facteur majeur dans la toxicomanie : L’effet de l’alcool et de la drogue soulage aussi de l’inconfort de la dépendance et permet d’atteindre un état neutre et d’éviter une sensation de pire. Or, en cas de douleur chronique, les mécanismes de secours ou de soulagement du cerveau sont perturbés. En étudiant comment fonctionne ce processus, les chercheurs cherchent de nouvelles voies pour pouvoir mieux prendre en charge la dépendance.

Source: Pain doi:10.1016/j.pain.2012.11.018 March 2013 The importance of context: When relative relief renders pain pleasant

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