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Les Transparentes

Par Doudonleblog

C’est une série que j’avais écrite en pensant  à un vague projet que nous avions en commun avec une artiste plasticienne:  Les Transparentes.  Et qui jusque là ne s’est pas fait.

Brouillard

La ville avait pris le voile.  Elle était entrée en isolement.

Quelques bouffées blanches avaient brouillé ses lignes.

Les formes flottaient.  La ville avait maigri.

Et pourtant la brume remplissait.

Remplissait tout.  La ville était pleine.

Pleine d’apparences et de vapeurs.

Une coulée froide se glissait dans ses moindres failles.

La ville poudreuse tamisait les sons.

Trompait les images et noyait ses chagrins citadins.

La ville n’était pas pressée de quitter son apesanteur

La goutte

A peine retenue par un reflet.

Si peu de matière…

Cette petite chose intouchable

Illusoire

Définie de rien

Intransportable

Impénétrable

Qu’on ne peut conserver…

Cette petite chose remplie de vide

Qui ne vit que d’un non…

Juste posée là sur ma manche

Le temps d’un éclat de lumière.

Parce que dehors il pleut.

Six bouteilles blanches

Six bouteilles blanches

Et des liens de lumière.

Six bouteilles sur une étagère.

Un reflet pianote de l’une à l’autre

Touche rouge reprise en variations.

Six jours d’une vie

Traversés par la flamme qui pétille.

Voilette

Le paysage avançait en quadrillé.

Mais je bougeais le paysage.

Et ça me chatouillait quelque part au-dessus des lèvres.

Le paysage était en puzzle et se dissimulait par petits bouts.

Ça lui donnait un frétillement de vieux film muet.

Un fin parfum de poussière ou de jasmin usé

Me flottait aux narines.

Les mailles étaient des petites larmes

Qui faisaient trembloter mes yeux.

Ma voilette et moi,on allait nulle part. On se cachait.

Mais on ne sait pas laquelle cachait l’autre.

Fenêtre

La  maison ne dormait que d’une fenêtre.

Et l’autre savourait son rôle de regard sentinelle.

Gardienne des transparences,elle jouait de ses verres et de ses voiles.

La vitre retenait le doigt et la trace,ou calquait les images de passage.

Le rideau filtrait les silences et consolait les lumières mal aimées.

Et le paysage pénétra la fenêtre soulagée

Alors que la maison frémissait sur ses racines.

 L’ampoule

Tu sais,petit. Du temps de mamie,la lumière venait dans un fruit de verre. Dedans,le ver luisant crissait. Grésillait,et s’enflammait à notre guise. Le fruit nous embaumait alors de sa clarté dorée.

C’était une poire à la peau fine. Que tu aurais tenue dans ta main. Jusqu’à la brûlure. Pour la douceur de son petit ventre et la fragile résistance de sa transparence.

A sa mort,le petit ver frétillait. Comme de joie. Tremblotait,comme de peur. Longtemps. Le fruit,pourtant,semblait encore tout vivant.


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