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371 - Aujourd'hi ma vie c'est d'la marde - Lisa Leblanc

Publié le 03 mars 2013 par Ahmed Hanifi

Ecoutez, regardez, c'est très drôle... Je l'ai découverte hier soir, sur France Inter
Aujourd'hi ma vie c'est d'la marde
video À matin mon lit simple fait sur de me rappeler que je dors dans un lit simple.
avec les springs qui m'enfoncent dans le dos comme des connes.
j'ai pu l'gout qu'on me parle de conte de disney.
le prince charmant c't'un cave pis la princesse c't'une grosse salope.
y'en aura pas de facile.
peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la marde.(2)
j'avais les genoux mous pi toute c'étais la plus belle affaire du monde.
on aurait pu être l'inspiration d'une toune de céline dion.
mais quand y'a vu l'autre fille qui étais plus chics que moi.
il l'a ramené chez eux drette devant mes yeux.
ostie de gang de pas de classe.
peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la marde. (2)
j'ferais attention à toi mon petit gars parce que mes chums de filles veulent te casser les jambes (2)
j'ai l'air d'une grosse robineuse assie toute seule au bar
en bitchant toute la soirée à ceux qu'y'ont le malheur de m'écouter.
j'l'eu dit peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la marde.
peut-être que demain ca ira mieux mais aujourd'hui ma vie c'est d’la marde.(3)

Paroles de Mary-Pier et  Sonia Martel. [ Aujourd'hui ma vie c'est de la marde -/www.lyricsmania.com/ ]
Biographie
Lisa Leblanc est née à Rosaireville, un hameau acadien d'une quarantaine de personnes situé dans la municipalité de paroisse de Rogersville au Nouveau Brunswick, Lisa LeBlanc a commencé sa carrière comme chansonnière.
Après diverses représentations dans sa région natale, Lisa LeBlanc gradue de l’Ecole nationale de la chanson de Granby avec la cohorte 2010 et elle participe au 42e Festival international de la chanson de Ganby en septembre 2010 où elle remporte le premier prix. Elle est alors invitée à participer à des émissions telles que Belle et Bum en octobre de la même année.
En mars 2012, elle sort son premier album. Dès la première semaine, ce dernier se retrouve au premier rang du palmarès des ventes iTunes Canada.
A l'automne 2012 elle participe à la 26ème édition du Coup de coeur francophone. Elle se produit dans tout l'Ouest canadien, notamment à Vancouver, Edmonton et à la Cité des Rocheuses à Calgary.
2007 : Lauréate du Gala de la chanson de Caraquet Septembre 2010 : Lauréate du Festival international de la chanson de Ganby Mai 2012 : Révélation Radio-Canada 2012-2013 17 juillet 2012 : Disque d’or (40 000 ventes) pour l'album Lisa Leblanc Octobre 2012 : Prix Félix, révélation de l’année au gala de l’ADISQ. Wikipedia le dimanche 3 mars 2013.  
Stigmates
Comme toi qui me lis, je suis né avec des cicatrices. Comme chacun de nous. Comme toi, comme l’autre (comme Federman, comme Erving), comme tout le monde. Je suis constitué avec et par elles. Les mêmes cicatrices. Naturellement, il y en a neuf. Je suis né avec neuf cicatrices. Mais dès les premières années de ma vie, une dixième est venue se greffer aux neuf premières qui, ai-je dit, sont naturelles. La dixième n’est pas naturelle. Elle n’est pas la première, mais longtemps elle fut la plus importante de toutes mes cicatrices. On me l’avait injectée (oui, je dis bien « injectée »), comme un virus ou comme du venin. Je ne me suis aperçu de rien. Certes, il m’est arrivé de me poser des questions: « pourquoi s’adresse-t-on ainsi à moi ? » « Qu’ai-je fait pour que l’on se moque de moi ? » Mais ces questions étaient inutiles. Futiles. Inutiles et futiles, car ceux qui injectent le poison ont (selon eux) toujours raison. Ont toujours la vérité qui leur colle aux dix doigts de pieds. Ma dixième cicatrice était connue de mes seuls amis et de mes proches. La plupart des gens que je croisais ou rencontrais ne la voyaient pas ou mieux, ne la soupçonnaient même pas. Pas immédiatement. Je ne suis pas né avec cette cicatrice, je le répète, mais j’ai grandi avec elle. Elle ne m’a pas été offerte, ces choses-là ne s’offrent pas, mais jetée à la figure comme on marque au fer un animal de bétail. On achève bien les chevaux n’est-ce pas (c’est bien connu) ? Une marque indélébile (ou presque). Très tôt je fus disqualifié. Dès l’enfance. On me l’a confirmé à l’adolescence. Depuis, cette cicatrice m’a accompagné au gré des déambulations de la vie. Tantôt elle prenait le dessus sur moi, tantôt c’est moi qui la vainquais. Je dois à la vérité de dire que plus le temps a passé et plus je l’ai dominée. C’est pourquoi j’en parle au passé. Lorsque l’homme (ou la femme) avance dans l’âge, il apprend à relativiser l’importance des choses. A accepter un certain nombre de choses qu’on rejette ou renie lorsqu’on a vingt ans. Il apprend à relativiser l’importance des choses, à tolérer, éventuellement à pardonner. Mais le corps-à-corps, car il s’agit bien de cela, un rapport de force terrible dans lequel les points sont comptés, ce corps-à-corps est insidieusement permanent. Lorsque c’est elle, cette dixième cicatrice qui dominait, lorsque ce stigmate refaisait surface, lorsqu’il menait (gagnait) aux points, cela réduisait mon être à une sorte de machin ou de pantin qui perdait partiellement ses moyens, qui bégayait, qui ne savait plus dire les choses sans trébucher, sans rougir ou sans se récuser. Se taire et parler à son journal (son journal, véritable ami intime). Certains de mes amis d’alors, qui savaient tout de moi, ils connaissaient mon histoire comme je connaissais la leur, certains de ces amis donc se mettaient à me secouer « reprends-toi vieux ! » Nous étions jeunes. Mais lorsque c’est moi qui la dominais cette dixième cicatrice (laquelle, je le rappelle, n’est pas naturelle hein, 
371 - Aujourd'hi ma vie c'est d'la marde - Lisa Leblanc Rabarama Paola Epifani-Stigmate-2002
mais bien sociale, n’est-ce pas) lorsque c’est moi qui la dominais, alors je me sentais pousser des ailes ! Je chantais à tue-tête, j’adressais la parole à l’étrangère, j’interpelais les conférenciers, et même, j’écrivais des textes complètement fous que je lisais à haute voix pour me faire plaisir. De nouveau, encore et encore j’ai chanté à tue-tête, j’ai adressé la parole à l’étrangère, j’ai interpelé les conférenciers, j’ai écrit des textes complètement fous que j’ai lus à haute voix pour me faire plaisir. Des inconnus attentifs m’ont un jour (taquin, je me suis demandé comment) entendu. Ils ont tapé des mains, applaudi, souri. L’écriture, pensais-je, c’est ma vie. La honte, la timidité, la maladresse, la tare, la mocheté, le complexe ; tous les poisons qu’on m’injecta jadis fichèrent progressivement le camp. L’antidote est pourtant à portée de chacun de nous. On n’en use pas ou bien très peu. Il suffit pourtant de tendre simplement sa main, son être : écouter. Ne pas juger. Comprendre. Conjuguer l’humilité. Se convaincre que la vérité est arc-en-ciel. Quant aux neuf autres cicatrices (j’allais les oublier), bof, elles sont si banales et communes à l’humanité entière que je me contenterai d’en rappeler les caractéristiques : goût, odorat, regard, ouïe, jouissance et nécessité. L’enfer cela peut être les autres, ce n’est pas drôle du tout et j’y crois plus que jamais (l’égalité comme le respect aussi).
A.Hanifi Marseille 2010, Paris 2013.

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