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CIGARETTE ÉLECTRONIQUE: A la recherche d'un rapport bénéfice-risque – Santé publique

Publié le 05 mars 2013 par Santelog @santelog

A mi-chemin entre produit de grande conso et dispositif médical, sans l’ombre d’une AMM et absente des pharmacies, la cigarette électronique ou e-cigarette fait pourtant partie du quotidien d’un demi-million de Français. Une évaluation sanitaire de la cigarette électronique assortie d’une décision sur un rapport bénéfice-risque s’imposait. C’est ce que vient d’annoncer, au 4 mars, le Ministre de la Santé.

La e-cigarette n’est pas un médicament : L’Afssaps a bien mené en 2011 une évaluation pour déterminer le statut des cigarettes électroniques en particulier sur leur concentration (variable) en nicotine. Et si l’allégation d’une aide au sevrage tabagique, la présence de nicotine dans la cartouche au-delà d’un certain seuil (10 mg) ou dans la solution de recharge (20 mg/ml), implique l’obtention d’un marquage CE, aujourd’hui, aucune cigarette électronique ne dispose d’une AMM en tant que médicament, aucun fabricant n’ayant déposé de demande. Enfin, les cigarettes électroniques qui ne sont pas inscrites sur la liste des produits de pharmacies, en sont absentes. En conclusion, la e-cigarette n’est aucunement reconnue comme un substitut nicotinique.

Pourrait-elle sous condition être un outil de Santé publique ? C’est que suggère une récente étude publiée dans l’American Journal of Preventive Medicine menée auprès de fumeurs actuels et repentis, de 4 pays. Si l’étude ne dédouane pas la cigarette électronique d’effets néfastes sur la santé, elle suggère, sous condition de preuves scientifiques crédibles et indépendantes de son absence d’effets indésirables, que son utilisation, en réduisant le nombre de fumeurs de tabac, pourrait bien avoir un effet positif en Santé publique.

Parmi ses effets indésirables, ce qui a été démontré, c’est une augmentation immédiate de la résistance des voies aériennes, sur une durée de 10 minutes. Chez les sujets sains, l’augmentation atteint de 182 à 206%, et chez les fumeurs de 176% à 220%. C’est ce que démontre une étude présentée en septembre 2012 au Congrès annuel de l’European Respiratory Society à Vienne, qui conclut ainsi à un préjudice immédiat après utilisation. Mais toujours sans se prononcer sur une moindre nocivité vs les cigarettes classiques. Quant à la nicotine et ses effets directs, certaines cigarettes électroniques peuvent en délivrer tout autant que les cigarettes classiques ont suggéré des chercheurs suisses de l’Université de Genève dont les résultats ont été présentés dans l’European Respiratory Journal. Et c’est sans compter la force d’aspiration nécessaire qui entraîne une pénétration plus profonde de la nicotine dans les poumons et un besoin croissant de bouffées pour recevoir la quantité de nicotine suffisante à satisfaire son besoin.

Et le risque de tabagisme passif ? Il devra aussi être évalué. Il a d’ailleurs déjà été évoqué. Car outre la partie batterie, atomiseur, la bobine de chauffage, la e-cigarette comporte un réservoir pour les liquides utilisés pour la production de vapeur. Ces liquides sont chauffés dans l’atomiseur et vaporisés entre 65 et 120 degrés Celsius. Des liquides avec différents arômes sont disponibles. Ils contiennent du propylène glycol, le solvant le plus couramment utilisé pour produire la fumée pendant l’expiration. Et ces substances vaporisées créent un halo de particules ultrafines qui deviennent encore plus fines une fois inhalées dans les poumons. Ces minuscules nano-gouttelettes se dispersent au fil du temps au contraire desrejets de combustion de particules solides (comme le tabac) qui peuvent rester dans l’air ambiant pendant un temps considérable.

L’OMS avait rappelé en 2008 l’absence de preuves scientifiques sur l’efficacité et l’innocuité des cigarettes électroniques (no scientific evidence to confirm the product’s safety and efficacy) mais depuis encore peu d’études scientifiques ont évalué l’éventuelle toxicité à long terme de ce cocktail, le nombre de modèles disponibles rend cette évaluation complexe et enfin comment peut-on, à si court terme, être certain de ne pas remplacer une addiction par une autre ?

Sources: ANSM Cigarette électronique – Point d’information du 30/05/2011  

Indoor Air 2012 doi: 10.1111/j.1600-0668.2012.00792 Does e-cigarette consumption cause passive vaping?

American Journal of Preventive Medicine (à paraître) DOI: 10.1016/j.amepre.2012.10.018- March 2013 Electronic Nicotine Delivery Systems: International Tobacco Control Four-Country Survey

European Lung Foundation Acute effect of e-cigarette on pulmonary function in healthy subjects and smokers

University of California, Riverside, Electronic cigarettes require more suction than conventional brands


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