Magazine Cinéma

Camille Redouble (Noémie Lvovsky, 2012)

Par Doorama
Camille Redouble (Noémie Lvovsky, 2012) Un jour de l'an, Camille quitte le présent pour se réveiller âgée de 16 ans, à l'époque de son lycée. La magie qui l'étreint lui permet de retrouver ses parents disparus, ses amies, mais aussi celui qui partagera sa vie. C'est bien là le problème, car dans le présent, Eric, l'homme de sa vie, la quitte, la séparation est douloureuse. Avec cette nouvelle possibilité d'écrire sa vie et d'éviter cette déception amoureuse, Camille fuit celui qui partagera sa vie...
Preuve que le spectateur n'est pas qu'un crétin sans goûts doté d'une Carte Bleue (bancaire ou commençant par un U...), Camille Redouble s'est attiré ses bonnes grâces, là où Les Seigneurs d'Olivier Dahan, n'a pas rencontré tout le succès qu'il s'auto-destinait. Vent frais du troisième trimestre 2012, Camille Redoubla avait créé la surprise et soulevé bien des enthousiasmes, à juste titre...
Camille Redouble, serait presque comparable à un Retour Vers le Futur à la française, ou plutôt un "Anti-Retour Vers Le Futur" ! La différence, et de taille, qui sépare cependant McFly de Camille, c'est sa délicatesse, sa sensibilité et sa fraîcheur... Camille Redouble s'attaque au temps qui passe, à la jeunesse, il aborde l'amertume de ces choses que l'on perd, à commencer par l'amour, pour lequel le mot "éternel" qui le caractérise au début, devient un jour synonyme de "recommencement". En pleine rupture difficile, Camille se retrouvera subitement face à la possibilité d'éviter ses douleurs futures et de corriger ce qu'elle n'a pas pu, pas su, faire ou dire avec ses parents disparus trop tôt... Non, Camille Redouble n'est pas une régression temporelle destinée à construire quelques situations comiques tout en permettant réabsorption mécanique d'un seau de pop corn, il est une fantaisie destinée à poser une réflexion sur les choses, sur le temps et ce que l'on en a fait...
Noémie Lvovsky, réalisatrice comme actrice de Camille Redouble, traitent toutes deux (auraient'on envie de dire...) leur partition respective avec tact et délicatesse... La Noémie réalisatrice d'abord, qui empoigne son film avec une simplicité aussi énergique qu'efficace pour partager son regard sur "l'avant-après"... Puis la Noémie actrice, touchante et drôle, qui donne aussi à Camille toute l'énergie nécessaire pour engager avec le spectateur une discussion libre, jamais moralisatrice, jamais destinée à vous convaincre de sa pertinence, apte à vous faire sentir bien. Camille Redouble possède indéniablement ce petit vent de spontanéité, de sincérité qui justifie l'excellent bouche à oreille dont il a bénéficié (on ne pourrait pas en dire autant avec celui dont à bénéficié Bienvenue chez les Ch'tis par exemple... !).
Doux-amer, pudique et délicat, libre et fantaisiste, Camille Redouble effectuerait presque un sans-faute au vu de l'équilibre qu'il atteint entre son idée de base, ses thèmes et sa forme généreuse... Nostalgique, mais pas triste, il délivre indéniablement un regard tendre et pertinent aux spectateurs, et dégage irrémédiablement une sensation de bien-être. Si cet équilibre, presque parfait, fait mouche, il a cependant soulevé une réserve au sein de notre rédaction (cruelle, snob et pointilleuse selon certains...). La fraîcheur et la délicatesse de son regard n'ont pas réussi à nous "emporter" autant que l'avait fait par exemple Les Emotifs Anonymes (pourtant objectivement bien moins réussi)... Camille Redouble est généreux, réussi et très personnel. Noémie Lvovsky a réussi une belle performance, en livrant un film abouti et à la sensibilité féminine particulièrement développée. Mais en dépit de tous ses indéniables atouts, c'est cette même féminité dans son regard qui nous a aussi laissé une curieuse sensation... Nombreux sont, à la rédaction (essentiellement masculine il est vrai), ceux qui n'ont pas réussi à s'approprier pleinement Camille Redouble. On a aimé, mais on a aussi pensé (affreux machos que nous sommes) que les préoccupations de Camille ne parlent pas forcément aussi fort aux martiens qu'aux vénusiennes ! Convaincus, oui, mais pas pour autant transportés avec elle dans son périple temporel... Camille Redouble, est objectivement une jolie réussite, mais de manière plus subjective, ce terrible "oui, bon... sympa, d'accord, mais après..." nous a amené à tempérer notre enthousiasme pour finalement nous positionner juste au-dessus d'un "c'est pas mâle".
Camille Redouble (Noémie Lvovsky, 2012)

Procurez-vous Camille Redouble ou d'autres films de Noémie Lvovsky ou avec Noémie Lvovsky, Denis Podalydès, Samir Guesmi ou Yolande Moreau


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Doorama 230 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines