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Lettres d'Iwo Jima de Clint Eastwood avec Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Shido Nakamura, Tsuyoshi Ihara

Par Kojimaemi

lettresSaigo, ancien boulanger, a été enrôlé de force dans l'armée japonaise. Envoyé sur l'île d'Iwo Jima pour résister à un débarquement américain, il écrit des lettres à sa femme qui ne seront jamais envoyées. Des années plus tard, des chercheurs découvrent ces lettres qui leur permettent de découvrir tous les soldats japonais qui se sont sacrifiés pour tenir l'île.

Du fait de notre histoire, nous avons une très mauvaise opinion des actes des Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment à cause de Pearl Harbor. Je pensais que le film de Clint Eastwood allait donner une lecture différente et redorerait un peu le blason très terni du Japon des années 1930 et 1940. En plus, Mémoires de nos pères était très prometteur. Hélas, Lettres d'Iwo Jima ne donne pas une image positive du soldat japonais, hormis le général Kuribayashi qui a, comme par hasard, vécu aux USA. Les autres soldats appliquent bêtement un code d'honneur et préfèrent se suicider plutôt que se replier, contre toute logique militaire. Ainsi, Eastwood aligne cliché sur cliché à un point presque offensant. Autant les soldats américains sont glorifiés, autant les soldats japonais sont ridiculisés. A tout cela s'ajoute la morale grosse comme une maison; à savoir qu'il n'y a pas de nationalité, juste des hommes embarqués dans une guerre qu'ils n'ont pas voulu faire, que la guerre c'est moche et qu'il n'y a pas de véritable méchant.

La chronologie est très mal faite. La bataille, selon Mémoires de nos pères, dure 35 jours. Dans le pendant japonais, ça parait durer une nuit! De plus, l'action se situe exclusivement sur l'île et se traine jusqu'à la bataille parce qu'il n'y a pas d'enjeu. Le personnage de Saigo, sorte de Frédéric Moreau japonais, rate la guerre; et le spectateur aussi. Du coup, le film semble s'étirer en longueur, et je n'ai souhaité qu'une chose, qu'on abrège enfin les souffrances des soldats japonais, et les miennes par la même occasion.

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Saigo, le personnage principal, est incarné par Kazunari Ninomiya (membre du groupe de Jpop Arashi pour ceux qui connaissent) et c'est une excellente surprise. Je le connaissais pour l'avoir vu dans un drama (nom que l'on donne aux séries asiatiques) mais je n'imaginais pas le voir un jour dans un Clint Eastwood! Malheureusement pour lui, Saigo est un antihéros creux et mou pour qui on éprouve plus de la pitié que de la sympathie. Face à lui, Ken Watanabe tire un peu son épingle du jeu en élégant général Kuribayashi mais il paraît très naïf et ne se fait visiblement pas respecter par ses subordonnés. J'ai bien aimé le baron Nishi (Tsuyoshi Ihara), seul personnage qui m'a paru réussi. Il est noble, intelligent, courageux et son suicide semble être le seul qui ait véritablement du sens. Les autres sont interchangeables et un peu crétins, bref le stéréotype du soldat japonais soumis et endoctriné.

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Lettres d'Iwo Jima semble bâclé.  L'exemple le plus significatif du désappointement dans lequel le spectateur est plongé est celui de la scène de la mort d'Ignatowski. Dans Mémoires de nos pères, une partie de l'intrigue repose sur le mystère qui entoure son décès. C'est supposé être quelque chose d'horrible, il est méconnaissable et John Bradley a toujours conservé le secret de sa mort. Dans Lettres d'Iwo Jima, Ignatowski est juste poignardé à la baïonnette, ce qui n'est pas pire qu'un soldat qui explose sur une mine. J'imaginais les pires atrocités et non. C'est comme s'il y avait eu un gros problème d'imagination sur tout le film.

La promesse faite par Clint Eastwood de faire un portrait humain des soldats japonais sacrifiés n'est pas tenue, les personnages sont décevants, les scènes de batailles, hormis celles reprises dans Mémoires de nos pères, paraissent inexistantes. C'est malheureusement un film très oubliable et je suis très fâchée contre Clint Eastwood de s'être planté sur un film qui aurait pu, qui aurait dû être génial.


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