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Peut-on résilier son abonnement à Playboy au profit de la nouvelle presse masculine ?

Publié le 01 mars 2013 par Artetmanieres @ArtetManieres

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D’une manière générale, la gent féminine a souvent un temps d’avance sur les belles choses et un temps de retard sur les trucs qui vous donnent la main pour vous amener gentiment dans le caniveau. Parmi les quelques exceptions à cette loi de l’inégalité sexuelle devant la connerie, la presse féminine fait figure de navire amiral de l’insulte à l’intelligence humaine. Mais l’âge d’or de la moquerie condescendante envers les lectures féminines touche malheureusement à sa fin…

Du Q, du Q, du Q !

Depuis 5 ans, le mythe de l’homme à deux neurones (un pour le sexe et un pour le …sexe) s’incarne chaque mois sur papier glacé. Et contre toute attente, la fermeté qui tracasse le plus le jeune mâle n’est pas celle de son organe reproducteur mais celle de ses abdominaux.  Pas une couverture qui ne vous promette de transformer la belle brioche que vous avez mis tant de temps à façonner à grands coups de soirées pizza-bière ou de sandwich « paté-rillettes-saint-doux » (ne dites pas non, je sais que vous avez déjà essayé !) en réplique du carrelage incrusté de galets que vous venez de faire installer sur le sol de votre douche à l’italienne. Pourtant, dès le deuxième article, vous sentez bien que cette métamorphose du corps qui vous fera passer de Gollum à Aragorn n’a qu’un seul but, LA FEMME. Tel Popeye à Galaswinda, le lecteur moyen compte ses conquêtes en kilos et comme Bodhi dans Point Break, voue un culte à la performance ultime ! Drague en boite, en ligne…en rêve, les articles guident l’ignorant des mœurs féminines sur le chemin de la réussite, dévoilant au passage quelques secrets sur ce que veulent les femmes, à part Mel Gibson je veux dire.

L’homme est une femme comme les autres

Comme nous ne sommes pas forcément obligés de tout savoir sur le top10 des crèmes dépilatoires, il est certain que les femmes n’ont jamais demandé à être confrontées à l’image mentale de leur partenaire s’appliquant consciencieusement un masque désincrustant sur le visage. Sauf à assumer un statut de métrosexuel rendant ses inclinaisons profondes sujettes à caution, l’homme moderne en est donc réduit à recouvrir son instinct félin de soin pour lui-même par une belle carapace de grizzli du Canada. Plutôt rustre que maniéré. Alors que les filles ont toujours eu le salon de coiffure ou la plage pour camoufler sous un prétexte recevable leurs lectures les moins avouables (« ça me repose le cerveau ! »), les hommes en étaient réduits à transformer les toilettes en territoire occupé pour consacrer 10 minutes à la lecture d’un test « crèmes de jour ». Chez nous, nul besoin de reposer un cerveau déjà réputé pour ne servir que très épisodiquement. Il fallait donc trouver autre chose. Et le dandy sauva l’homme de l’impasse dans laquelle il s’était engagé via cette injonction contradictoire (concept de psychosociologie bien connu des jeunes femmes entrant dans un magasin de chaussures avec une carte bancaire ne leur appartenant pas).

Pour le retour de la revue « Monsieur » et des moustaches de Paul Valentin

Je vous parle d’un temps que même Jeanne Calment ne pouvait pas connaître… Icône du XIXème tant pour son approche excessivement jouissante de la vie que pour son exigence vestimentaire de tous les instants,  le dandy est de retour. Elégance, raffinement, savoir-vivre s’ajoutent à une furieuse volonté de brûler la vie (et Mireille Matthieu) par les deux bouts, très 3ème millénaire. Et si la plupart du temps, le dandysme consiste surtout à savoir coordonner un col club, une cravate club et une veste en tweed, certains vont plus loin…jusqu’à mettre le dandysme dans une boite. Comme si le Père-Lachaise n’en abritait pas assez de dandys en boite ! On se rend quand même compte que la tendance n’a pas encore atteint la presse masculine généraliste, surtout grâce aux couvertures. Vu que généralement les stars qui s’affichent en une sont les rois de la pose en slip, citons en exemple Beckham ou Michalak ou Yannick Noah dont on se demande encore s’ils ont des t-shirts à la maison. Il n’y a que FHM qui semble avoir résolu la quadrature du cercle en alliant avec élégance et à-propos le nu et les femmes. Ben oui, des filles à poil dans des magazines pour hommes, ça n’avait jamais été fait ! La nouvelle presse masculine se démarque je vous dis. Bon, tout ça, ça ne vaut pas la ligne éditoriale d’Entrevue.

On en viendrait presque à regretter l’époque bénie des années 90 où, avec la complicité d’un cousin majeur, on parvenait à glisser de temps en temps un Playboy sous l’oreiller. On ne nous vendait ni abdominaux en béton, ni les clefs de la drague sur internet. De toutes façons, on se moquait des articles, on regardait seulement les images…



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