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De la prohibition des chaussettes Bart Simpson au bureau

Publié le 06 février 2013 par Artetmanieres @ArtetManieres

caméra café

Je  ne sais pas vraiment pourquoi mais il semble que le bureau constitue une sorte de no man’s land du style, un triangle des Bermudes dans lequel les vêtements et accessoires les plus incongrus réapparaissent groupés après s’être échappés dispersés du musée des horreurs, du catalogue de l’homme moderne ou de la garde-robe de Nagui, époque « N’oubliez pas votre brosse à dent ».

Le nouveau panthéon des héros du business

Le premier truc qui saute aux yeux concerne bien sûr les accoutrements dans lesquels certains collaborateurs se sentent le droit de venir travailler. Il y des jours où l’on se retrouve face à des séries limitées de cravates dont on ignorait l’existence, et c’était peut-être mieux comme ça. Tous les motifs le plus ridicules y passent, tasses à café, têtes de cerfs avec une inclinaison marquée pour les personnages de dessins animés. On tutoie même le sublime quand au bonheur de la cravate Mickey viennent se coordonner des chaussettes Pluto, dans le plus pur respect des codes « savile row » selon lesquels l’homme élégant accorde avec goût ces deux attributs. Tout ça pour instiller dans ce monde de brutes quelques grammes de fantaisie et paraître plus cool, plus jeune, plus branché. Alors là, je vous arrête tout de suite, la cravate Bugs Bunny, ça n’a jamais permis à quiconque de franchir le mur du swag. Au mieux, son port vous ferait osciller entre vaguement ringard et définitivement pathétique.

Savoir s’approprier son espace de travail

Mais bien souvent, porter sur soi les armoiries de la famille royale Simpson d’Illinois, du duc Donald ou de Tintin, prince des reporters ne suffit pas à pleinement exprimer des ressorts aspirationnels d’élévation sociale de nos chers déconneurs en costume. Peluche smiley pour les filles, figurine des schtroumpfs pour les garçons. Au rayon des objets que nous pourrions envoyer dans l’espace pour signifier à toute civilisation extra-terrestre la quintessence de notre société, les fameux « goodies » offrent une variété exceptionnelle. Dépassés les sempiternels stylos, qui présentaient au moins l’avantage de rendre l’âme à la seconde utilisation, has-been les sacs banane fluos au logo brodé sur l’avant, remisé le t-shirt blanc 100% polyester au col trop large et au logo quadri fièrement floqué sur la poitrine. On peut aujourd’hui aller plus loin. Oser la coque de téléphone, le mug ou même la serre-livre gravé au laser avec la photo du patron. De quoi occuper votre bureau et développer envers le chef une forme d’intimité propice à la naissance d’une amitié réciproque ! Et comme on n’est plus à une perfidie près, le grand jeu consiste à s’inviter entre chefs d’entreprises pour se refiler, sous le prétexte d’un cadeau, les plus odieuses pièces de la collection.

On n’est jamais trahi que par les siens

A sa décharge, l’homme de bureau n’est pas toujours complètement autonome dans ses choix vestimentaires. Il doit aussi composer avec les cadeaux de sa femme. Noël, Saint Valentin, anniversaire, toutes les occasions sont bonnes pour vous affubler des cravates les plus improbables. Et à y regarder de plus près, on perçoit mieux la perfidie de certains achats manifestement faits pour que vous passiez pour un con auprès de tous vos collègues, particulièrement  les représentantes de le gent féminine, et ainsi éloigner les secrétaires trop entreprenantes. Ah si ! je ne vois pas d’autre explication. Sinon dites moi quelle idée peut traverser l’esprit malade d’une épouse normalement constituée pour offrir un bracelet cuir gravé ou un mug avec votre photo de mariage ? Plus grave, au cœur même de votre foyer, tapi dans l’ombre, un complot couve. En parallèle des vrais cadeaux de fête des pères que vous ne verrez jamais, amoureusement préparés par les gentilles maitresses qui, elles, sont de votre côté, vos enfants enfilent des nouilles la nuit sous la couette, à la lampe torche, peignent en secret des cravates personnalisables en soie blanche avec de la gouache violette le mercredi après-midi ou confectionnent un cendrier en pâte à sel avec un emplacement pour une photo de leurs plus beaux sourires.

Ce qui n’empêche pas que certains prennent d’eux-mêmes des libertés de style comme si Pete Doherty entamait une carrière reggae. On voit encore trop souvent des chaussettes de tennis (oui, oui, les blanches avec les bandes bleue et rouge en haut) joliment assorties à un costume et des chaussures noires. Alors je me prends à rêver… Oui ! « I have a dream, that one day this nation will dress tastefully and live out the true meaning of its creed : we hold these truths to be self-evident, that all men are equal dandies”



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