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Chagall : Le rêveur conscient… « entre guerre et paix » au Luxembourg

Publié le 10 mars 2013 par Artyficielles

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Qui n’aime pas rêver ? Un des rares peintres à conjuguer onirisme et atroces réalités en une vision unique… Chagall !

L’exposition « Entre guerre et paix », vous emporte au cœur des rêves du dénommé «artiste juif par excellence du XXe siècle ». Délaissant vite les influences de courants comme le cubisme ou le surréalisme, Marc Chagall laisse croître cet imaginaire imprégné de réalité (comme le sont tous les rêves d’ailleurs) : un imaginaire où le spectateur rencontre des personnages hybrides et récurrents — l’âne, animal incarnant l’artiste ou Bella, son épouse — en pleine lévitation entre ciel et terre.

Mais le rêve — et même le cauchemar — l’emportent sur la réalité des scènes quotidiennes. Le feu d’artifice de sa palette abreuve le spectateur de mille couleurs : profondes, violentes, virevoltantes même !

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© ADAGP, Paris 2013 / CHAGALL ® © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN / Philippe Migeat
Marc Chagall, « Obsession », Marc Chagall, 1943 Paris, Centre Georges Pompidou, Musée national d’Art moderne / Centre de création industrielle, dation en 1988, en dépôt au Musée des Beaux-Arts de Nantes Huile sur toile de lin, 76 x 107,5 cm

Conservant toujours cette liberté et cette indépendance, Chagall a traversé le XXème siècle, refusant tout diktat de la pensée moderniste, avant de disparaître en 1985 à un âge presque centenaire. Cette exposition accompagne le public dans cette quête de vérité d’un artiste qui a connu une révolution, deux guerres et l’exil et côtoyé quelques-uns des artistes les plus novateurs de son temps. Témoignage de son expérience intimement vécue de l’Histoire, son œuvre en constante évolution permet à chacun, fasciné, de le suivre à travers ses œuvres, en Russie en temps de guerre, en France pendant l’entre-deux-guerres, puis dans son exil aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre Mondiale, avant son retour en France où il s’éteindra à Vence. Au cours d’une longue vie de ruptures et de doutes, émergent tout au long de son existence les liens avec sa terre-patrie, la culture russe et la tradition juive.

Chagall (1887-1985) Dieu crée l’homme, Illustration pour La Bible, 1930, Gouache sur papier, 64 x 48 cm, Nice, Musée national Marc Chagall, donation en 1972

Chagall (1887-1985) Dieu crée l’homme, Illustration pour La Bible, 1930, Gouache sur papier, 64 x 48 cm, Nice, Musée national Marc Chagall, donation en 1972

Ses thèmes de prédilection questionnent le « sacré judéo-chrétien » : les images de l’Ancien Testament ponctuent avec force ses illustrations de la Bible commandées par le marchand Ambroise Vollard. Avant d’entreprendre ce projet, l’artiste ressent le besoin de revenir aux sources et part en 1931 pour la Palestine terre mythique de ses ancêtres. C’est la révélation : « En Orient, dit-il, j’ai trouvé la Bible et une part de moi-même. » 

Marc Chagall, Le Rêve, 1927, huile sur toile, 81 x 100 cm, Paris, musée d'Art moderne de la Ville de Paris

Marc Chagall, Le Rêve, 1927, huile sur toile, 81 x 100 cm, Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris

L’intimité de sa vie fera constamment partie intégrante de son œuvre : Bella y trouve une place centrale, illustrant le lien et l’amour du couple. Après l’Europe et l’exil aux Etats-Unis pour fuir le nazisme, la mort de Bella l’anéantira : « Tout est devenu ténèbres » dit-il. Parallèlement à ce drame personnel, le thème de la Crucifixion symbolise la souffrance humaine dont il sera un témoin attentif malgré son exil. Au cours des deux années de deuil et de reconstruction qui suivront, l’artiste ne cessera de rendre hommage à son épouse disparue.

Marc Chagall, Songe d'une nuit d'été, 193ç, huile sur toile, 116,5 x 67,9 cm, Musée de Grenoble, don de l'artiste en 1951

Marc Chagall, Songe d’une nuit d’été, 193ç, huile sur toile, 116,5 x 67,9 cm, Musée de Grenoble, don de l’artiste en 1951

Chagall ne trouvera à nouveau la sérénité qu’à son retour définitif en France, dans le Sud en 1949, aidé par la sublime lumière méditerranéenne, hymne à la liberté et à la vie.

En quelques phrases, L’artiste résume  »son propre sens » : « J’ai fait de nombreux voyages. J’ai vu beaucoup de pays. J’ai pris diverses routes du monde à la recherche des couleurs et de la lumière. Je mes suis élancé vers une certaine observation des idées, des rêves. Mais sur ce chemin, je me suis cogné. J’ai trouvé des guerres, des révolutions, et tout ce qui les accompagne… Mais aussi, j’ai rencontré des personnes rares ; leurs créations, leur charme, leur contact m’ont souvent tranquillisé et m’ont persuadé de persévérer. Plus clairement, plus nettement, avec l’âge, je sens la justesse relative de nos chemins et le ridicule de tout ce qui n’est pas obtenu avec son propre sens, sa propre âme, qui n’est pas imprégné par l’amour. » (Marc Chagall, dans Lecture of Marc Chagall for the Committee of Social Thoughts, Chicago, mars 1958 © Archives Marc et Ida Chagall, Paris.)

Voyage entre rêve et réalité, la vision du monde de Chagall libère et donne des ailes…

Le Cheval Rouge, 1938-1944, huile sur toile, 114 x 103 cm, Paris Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, dation en 1988, en dépôt au musée des Beaux Arts de Nantes

Le Cheval Rouge, 1938-1944, huile sur toile, 114 x 103 cm, Paris Centre Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle, dation en 1988, en dépôt au musée des Beaux Arts de Nantes

Jusqu’au 21 juillet 2013 : à ne surtout pas manquer !

Horaires d’ouverture :

  • tous les jours de 10h à 19h30 et le dimanche de 9h à 20h
  • nocturne le lundi et le vendredi jusqu’à 22h

http://www.museeduluxembourg.fr/fr/expositions/p_exposition-18/



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