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Drones personnels de Babx

Publié le 14 mars 2013 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde

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Babx a sorti cette semaine son troisième album "drones personnels" et je ne sais te dire à quel point c'est un bonheur de retrouver la finesse de sa plume et de découvrir les nouvelles pistes qu'il a choisi d'explorer, du côté des arrangements.

Car si il nous avait déjà habitués, avec les deux opus précédents, à sa poésie chantée, on avait plutot coutume d'entendre ses mots accompagnés de notes de piano, de guitares, de contrebasse... Et c'était beau. Oui. Mais si l'on retrouve, sur ce nouvel album, des titres sur lesquels son instrument de prédilection est bien présent (Naomi aime, Helsinki, je ne t'ai jamais aimée), la grande nouveauté réside du côté de la richesse des arrangements qui -et ça surprend franchement à la première écoute- font souvent appel aux machines. Les sons de synthé sont nettement plus présents, les effets sont nombreux.

Alors bien sûr, on avait déjà entendu Babx se lancer dans des expérimentations sonores (Mourir au Japon, dont la recherche rythmique n'est pas sans rappeler le Despote Paranoïa de ce nouvel opus, 08h04) mais on sent qu'il s'attaque désormais à un autre registre, en élargissant la palette de ses instruments de référe,ce. Et la résultat est bluffant : ce sont de vraies ambiances qui se créent, vaporeuses et stellaires. Ceci dit : attention, tout l'album n'obéit pas à cette règle. Non.

Si tu as déjà vu Babx sur scène (quelle chance tu as!) tu sais que son interprétation est très particulière. Qu'il se laisse gagner par une fièvre qu'on ne soupçonne pas forcément à la simple écoute de ses albums. Et sur celui-ci aussi, bien que la teinte générale soit plutôt éthérée, on retrouve des morceaux dont on imagine bien qu'il va pouvoir les incarner avec cette ferveur qui rend ses concerts inoubliables (Despote Paranoïa, Tchador Woman).

Cet album évoque les femmes.

Toujours.

Qu'il s'agisse de personnalités fortes, toute en puissance (Naomi aime, clin d'oeil à un célèbre top model adepte de diamants qui a mis sous son joug des dictateurs fortunés, Tchador Woman qui évoque Manal Al Sharif, figure de la révolte des femmes en Arabie Saoudite) ou qu'il s'agisse du spectre d'amours envolés, les femmes sont toujours là.

Sur 2012 par exemple "en 2012 tu reviendras, voilà 1000 ans que je t'attends, en 2012 tu reviendras quoiqu'en dise les Mayas" ou sur Les noyés "dans quel atoll te reverrai-je? Dans quel atome t'es tu noyée(...) Dans quelle écume te retrouverai-je ? Dis, est ce qu'on sera quand même tous les deux, dans les flots bleus?"  ou bien sur Helsinki "Vol suspendu à l'horizon, radar perdu, ciel de charbon, je t'attends, je t'attends ici, terminal A, Helsinki" ). Les femmes sont omniprésentes.


D'ailleurs il y a une femme qui est physiquement présente sur cet album : il s'agit de Camelia Jordana qui interprète un duo, pas au sens classique du terme, les deux voix ne se répondant pas mais chantant ensemble les mêmes paroles.

Sous les dehors d'un bon vieux slow, le titre trompe son monde puisqu'il s'agit ici non pas d'une douce déclaration mais du propos venimeux d'un amoureux éconduit  "et s'il arriva que je fus fou de toi, ton souvenir n'est plus, qu'un souvenir de plus" (le genre de propos  qu'on retrouve en version rageuse sur Despote Paranoïa "j'entends le bruit des bottes, je me battrai jusqu'au bout même si je sais que pour toi, j'suis plus qu'un pauvre caligula : j'capitulerai pas").

On est au coeur du problème : l'amour et ses tourments. Thème récurrent

C'est aussi un album sur l'errance, la perte de repère, le flottement. D'ailleurs, on tombe souvent dans la science-fiction (J'attends les ET, Mon Gulliver) : ça parle robots, taxis volants, fusées et Vostok, voie lactée et satellites.

Ca parle folles échappées, fuites integalactiques et on se prend à voir surgir des images mentales tout droit venues de "2001, l'Odyssée de l'espace". Inattendu et réjouissant.

Cet album est hanté par le manque, le vide, parfois intersidéral "sans toi j'lance des drônes à ma recherche" (Drones personnels) ,"Tu n'en reviendrais pas comme avril est joli, tu ne reviendras pas, tu ne reviendras pas " (Springtime) et pourtant il est riche de tout cet éventail de nouvelles pistes que Babx a choisi d'explorer.

Babx sort donc un troisième album dans lequel on le retrouve avec plaisir mais où on le découvre aussi, sous un autre jour. Et la découverte est un ravissement de chaque instant. 

Bravo l'artiste.


Babx feat. Camelia Jordana en Deezer Session... par deezer

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