Interview : Andreas (dans le cadre de l’exposition de Saint-malo, et d’Angoulême)

Réalisé dans le cadre du Festival international d’Angoulême 2013, voici l’interview de cet auteur qu’Un Amour de BD’ apprécie tant.

Cette interview est complétée par la chronique de l’intégrale « Rork » et le « portrait chinois » d’Andréas.

Vous êtes-vous investi dans l’exposition qui vous est consacrée ?
A. Pas du tout. Je n’ai pas du tout participé. On m’a demandé mon accord. Le commissaire de l’exposition est venu choisir les planches et il est parti avec. J’ai vraiment découvert l’exposition à Saint-malo.

Il y a beaucoup d’agrandissements qui donnent une sensation d’immersion très forte. Qu’avez-vous ressenti en découvrant l’exposition ?
A. C’était bien (rires). Une découverte…
Une re-découverte ?
A. Non. C’est surprenant, mais c’est juste plus grand.
Agrandir met en évidence les irrégularités du trait. Cela vous plait ?
A. Ca dépend. Quand j’étais jeune, j’avais un épiscope avec des copains. On avait fait l’exercice avec des dessins qu’on aimaient. Pour certains, c’était intéressant, pour d’autres, beaucoup moins. J’ignore pourquoi.
On travaille pour « le petit ». Des fois, agrandir, ça ne marche plus.

Voir vos planches en format d’origine permet de redécouvrir votre travail. Tout ces détails qui disparaissent au format des albums…
A. C’est une histoire à lire. Il ne faut pas s’attarder sur le dessin.
Pourquoi alors faire un dessin si détaillé ?
A. Je n’en sais rien. Parce que l’histoire le demande. C’est un choix aussi !
Quand on voit la planche originale, on s’attache aux détails, mais pas nécessairement dans l’album. Ca donne l’impression générale, l’ambiance.
Je déteste les making-off. Je n’ai pas envie de savoir comment ils ont fait. Je préfère voir le mec s’envoler. De même je n’ai pas envie d’avoir des cahiers de croquis dans mes albums.

Vous en faites beaucoup ?
A. Non, ça va directement sur la planche, après avoir écrit intégralement le scénario. Bien sur, je fais des croquis pour les nouveaux personnages et des mises en page, mais pas de storyboard. J’aurais l’impression de faire deux fois les mêmes trucs.

Il y a une variété immense dans votre travail. Vous n’avez pas peur de faire des incohérences entre vos univers qui se répondent ?
A. Non (rires). En principe j’ai tout dans la tête. j’ai un cahier ou je marque les idées, mais pas de grand plan sur le mur avec des fils qui partent de partout (rires).

C’est un univers particulier. Avez-vous des sources d’inspiration ?
A. C’est un peu tout, un mélange qui va de la TV au cinéma, à la peinture… Avant tout les médias narratifs. On trouve de la narration partout, même dans un tableau. Tout participe. Ca reste là et ça ressort quand l’occasion s’y prête. Ce qui est bien aussi, ce sont les très mauvais téléfilms. Il y a souvent une bonne idée dedans mais très mal utilisée, sans moyen, avec des mauvais acteurs. C’est pas mal si on l’utilise d’une autre façon. Parfois, visuellement, un monstre en carton pâte, ça pourrait être intéressant.
Les séries américaines me servent aussi, mais c’est instinctif.

Votre univers est très « noir et blanc ». Vous pensez, vous rêvez en noir et blanc ?
A. Noooon. En général je pense en couleur, même si je met beaucoup de noir et blanc.

Quel est votre moteur ?
A. L’amour de la bande dessinée. J’adore tellement ce travail. Je ne vais pas devenir riche et célèbre avec. Ce mode d’expression me correspond parfaitement. J’ai envie d’aller plus loin, de trouver des choses, voire même d’apporter des petits cailloux à l’édifice.
Je veux aussi m’amuser ! Je fais 24h sur 24 ce que j’ai envie de faire. Qui peut en dire autant ?