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Incroyable inconscient

Publié le 19 mars 2013 par Gentlemanw

Peut-on oublier un visage, une femme ?

Il y a quelques semaines, je me suis glissé dans mon fauteuil club, une soirée de fatigue, de doutes aussi, j'ai déposé mon cerveau sur ma pile de livres pour regarder la télévision. Tranquillement, avec un grand bol de thé, je me suis lové dans ce coin de cuir, confortable avec la bonne chaleur, la mienne.

Un grand zapping, rien de très palpitant, des documentaires sur les banlieues, sur la crise, des journaux en boucle, des séries télévisées avec de l'hémoglobine. Puis un coin de nature, une seconde partie de soirée, une vieille maison, trois invités, une ambiance se crée aussi rapidement, je me love dans le fauteuil. Je suis devant la "Parenthèse Inattendue", un pur bonheur où les invités, des personnalités connues, des sportifs, des comédiens, des chanteurs, des people tv, se découvrent car parfois ils ne se connaissent pas, mieux encore, ne se reconnaissent.

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"Je vous ai déjà vu mais où ?", que c'est drôle pour leur égo, et puis ils sont là pour une journée, dans un endroit chargé d'histoire, des meubles anciens, ceux que nos enfants actuels ont oublié pour du NJUT, mais que nous avons vu chez nos parents ou grands-parents, surtout à la campagne. Des fauteuils râpés, des plaques émaillées, des tables en vrai bois, des bibelots pas chinois, un grenier avec des jouets, un panel des années 70 à 90, une niche à confidences. L'animateur Frédéric Lopez excelle dans les paroles, les détails pour qu'ils se dévoilent sans voyeurisme. Un art subtil !

Vous êtes dans un pur moment d'empathie à 200%. J'ai été capté, pris dans le jeu des souvenirs des uns et des autres, de l'air de la campagne, de ce moulin, de cette rivière, de ce jardin avec des vraies plantes, des arbres, sans aucun bruit perturbateur comme celui des voitures, juste des oiseaux. Je me suis senti avec eux, câlé dans un fauteuil qui aurait pu être le leur.

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Ils discutent, préparent le repas, s'avouent des passions communes, reparlent de leur enfance, des sourires sur chacun, des échanges naturels. Un bon moment !

Et ils partent faire du vélo jusqu'au village d'à côté, et ce jour-là du cheval à la ferme toute proche. Il montre la campagne, les murs anciens, la cour ultra rustique, le lieu, la vieille dame, petite, au visage buriné, enroulée dans ses fichus, et moi, soudainement je voyage dans mon passé, chez mes grands-parents, vivant au bout du monde, avec seulement le vent qui passe, proche d'une ferme. Je revois mes vacances, les joies de la liberté, de courir, de grimper, de faire du cheval aussi dans une ferme, avec la fille des lieux. On jouait dans une vieille automobile, une traction rouillée, posée là comme par hasard, enveloppée de paille. On faisait nos voyages, des rêves d'enfants. Je revois cette vieille dame, elle ressemble à celle qui me donnait le goûter sur une longue table avec une toile cirée, avec le ruban pour coller les mouches au-dessus. Rustique oui, totalement. Les invités ne jouent pas les parisiens heureusement, ils sont en tenue détente, l'animateur se penche vers cette vieille dame, l'embrasse, cause avec elle.

"Quel est votre prénom ?"

"Odette, j'ai plus de quatre-vingt ans."

Ils papotent, elle a un accent terrible, ils prennent les chevaux des filles qui maintenant tiennent la ferme. Je suis happé par des souvenirs, cette ferme.

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Ils se baladent dans les champs, parlent del leurs premiers amours, premiers baisers et première fois. Etrange d'ailleurs d'aborder ce sujet si intime, sur vu par des hommes, puis par des femmes, ce n'est pas du tout le même engagement physique. Ils parlent, ils dînent.

Je suis conquis, je regarderai encore.

Dimanche dernier, repas en famille, pour récuperer les enfants chez leurs grands-parents. On discute autour d'un filet mignon, je parle de l'émission et mon père me dit l'avoir regardé. Lui qui regarde souvent pas la fin des films, s'endort avant. 

"Figures-toi que Mamie Andrée m'en a parlé." Interrogation en moi, tout le monde regarde, même ma grand-mère agée de 90 ans.

"Sais-tu où ils tournent cette émission."

"Non, mais c'est la campagne." Et je raconte mon histoire, les souvenirs quand j'ai regardé, le hasard de voir cette vieille fermière, Odette.

"Oui c'est Odette !" Double interrogation en moi, mon inconscient rigole.

"Ils font cette émission près du fusain, la rivière, en dessous de chez la grande tante. C'est Odette, c'est drôle."

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Oui, mon inconscient avait bien fait son travail car la vieille dame, la vieille cour que je n'avais pas revu depuis plus de vingt ans, le lieu, la rivière, tout était en moi, là ancré dans le bonheur de l'enfance. 

Oui, cette mamie, ces chevaux, tout cela je le connaissais, c'était mon Odette, avec les chevaux de Marie-Claude, de Florence, celle qui jouait avec moi dans le foin. C'était la maison où je suis allé tout jeune. Je peux avouer maintenant, je crois avoir chiper quelques pommes dans cet endroit. Je suis allé dans mes souvenirs, ils sont revenus à moi. 

Croyez-moi, cette situation me ravit encore, et je regarde les autres épisodes (le mercredi vers 22h30) avec un plaisir rare. Les souvenirs repassent en moi comme ces films dans un vieux projecteur qui claque, avec la lumière vacillante. Quel bonheur inattendu !

Je voulais le partager avec vous.

Et vous, vos souvenirs, votre inconscient joue-t-il avec vous ?

Nylonement

PS : les photos sont juste là pour illustrer la douceur, mais sans aucun rapport avec l'émission.


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