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La précarité a un sexe, et il est féminin !

Publié le 19 mars 2013 par Micheltabanou

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michel tabanou 2013

 

On est dans la semaine municipale de l'expression des droits pour les femmes. Hier était projeté un film au Kosmos, aujourd'hui j'assisterai au vernissage d'une exposition dans notre Halle Roublot. Mais je voulais apporter ma pierre à la réflexion et surtout à la défense de ces droits en dissertant, brièvement, sur une notion qui me taraude tant elle est encore à son balbutiement dans notre société et cela en regard de la prolifération de textes et contributions appuyées par des pratiques institutionalisées chez nos amis anglo-saxons: la notion de "care" en l'introduisant par la précarité.

 

La précarité se caractérise par une vie d’incertitude, d’angoisse constante de basculer dans la pauvreté. Il est un fait que la peur de la pauvreté touche surtout les femmes. La définition classique de la précarité se réduit à l’activité rémunérée, c’est-à-dire précisément dans la représentation de l’image idéale d’un soutien de famille… masculin. Alors qu’il est urgent d’inclure dans le débat sur la précarité des zones de non-visibilité, des zones jusque là ignorées. C’est-à-dire qu’il faut prendre en compte le 80% d’activités privées non rémunérées de soins et d’entretien ménagers ou d’accompagnement pour l’éducation des enfants. C’est le concept du «  CARE » dont la définition éclaire le champ qui concerne une constellation d’états physiques ou mentaux et d’activités laborieuses en rapport avec la grossesse, l’élevage et l’éducation des enfants, les soins à la personne, le travail domestique et plus largement, tout travail réalisé au service des besoins des autres. Aujourd’hui dans notre société : les deux tiers de ce travail de « care » sont assumés par les femmes. Une sorte d’assignation des femmes à la seule sphère domestique et qui renforce le rejet de leurs activités hors de la sphère publique. Ces activités ou tâches, invisibles, sont perçues comme banales et quotidiennes. Elles sont des pratiques censées relever du domaine des compétences des femmes, ce qui les rend vulnérables et surtout ne facilite pas l’expression de leurs problématisation car les difficultés de ce travail sont rattachées à la sphère du familial/domestique. Autrement dit les femmes s’en occupent depuis toujours sans une véritable reconnaissance, car le « care » se fait remarquer surtout quand il manque ou n’est pas fait correctement. Cela engendre des méconnaissances comme celles du travail des femmes et celles du travail domestique. La problématique de la reconnaissance éthique, sociétale et politique du « care » s'inscrit aussi tout autant dans une opposition intérieur/extérieur comme le « care » dispensé en dehors du noyau familial, par exemple à l’égard d’une personne définie « dépendante », s’ajoute souvent au « care » dispensé au sein de la famille, à l'égard du mari et/ou des enfants. Une difficulté supplémentaire s'ajoute : lorsqu'il s'agit d'une activité professionnelle. Dans ce cadre particulier le « care » reste néanmoins circonscrit dans un espace domestique, ce qui rend difficile sa visibilité et sa valorisation en tant qu’activité propre. Assurer cette visibilité est une exigence et devient l’un des grands combats politiques de demain au même titre que la notion de parité, la notion d’égalité salariale. Il suffit de souffler avec énergie un vent nouveau sur les poussières du temps déposées par les strates du machisme.

C’est pas une mince affaire ! Mais le rôle du politique, celui qui ne se contente pas des chemins tracés par les complaisances et modes médiatiques - cette politesse sociale qui réfute le trouble des pensées -  n'est-il pas d'avoir cette audacieuse volonté qui ne parcours pas les allées des congrès,  les antichambres des obscures ambitions? J'aime ces moments de rencontre entre éthique, sociologie et politique.


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