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Les Nymphéas noirs, polar de Michel Bussi

Par Mpbernet

nympheas

Un si joli village : Giverny. Un décor de carte postale, totalement figé dans l’état où le maître de l’impressionnisme, Claude Monet, y vécut et passé les dernières années de sa vie à peindre les nénuphars de son étang, quand il ne squattait pas les fenêtres des appartements du premier étage des maisons de la place de la cathédrale pour fixer les variations infimes de la lumière sur la façade de l’édifice gothique.

Unité de lieu donc, comme dans la tragédie classique.  Mais surtout pas unité de temps : il faut imaginer l’intrigue se déroule entre 1937, 1963 et 2010. Rien que ça. Car il y a des correspondances troublantes, des meurtres présentant des caractéristiques identiques, mais à tant d’années d’intervalle que cela paraît inenvisageable. Et que ces rapprochements ne seront jamais envisagés.

On commence donc par la découverte d’un cadavre. Normal. Le cœur de Jérôme Morval  été percé d’un objet pointu, puis sa tête a été écrasée sous une grosse pierre, jusqu’à le noyer dans les quelques centimètres d’eau du ruisseau … Dans une position qui évoque sourdement « Le dormeur du val ». Qui a tué l’ophtalmologiste du village, à ses heures coureur de jupons ? Un mari jaloux ? Mais la peinture est omniprésente à Giverny : le médecin était aussi un obsédé des Nymphéas. Il aurait tout donné pour acheter un petit tableau authentique du Maître. S’agit-il d’une affaire de trafic d’œuvres d’art ? Dans la poche du mort, on a retrouvé une carte postale qui évoque l’anniversaire d’un enfant de 11 ans … soulignée d’un vers de Louis Aragon ; à quoi cela rime-t-il ?

On confie l’enquête au commissaire Laurenç  Sérénac, féru de peinture, lui aussi, un homme du sud que je verrais bien sous les traits de Georges Corraface, mais en plus  jeune. Il va tomber amoureux de l’institutrice, Stéphanie, dont le mari ultra-jaloux ferait un suspect bien commode. Mais c’est sans compter avec la narratrice, qui se qualifie elle-même de  vieille sorcière, toute de noir vêtue. Elle seule connaît l’identité du meurtrier. Elle va en parler à sa veuve. C’est elle, que je vois très bien sous les traits de Françoise Rosay dans « Le cave se rebiffe » qui tire toutes les ficelles, dans une construction en espaces-temps parallèles.

Le personnage le plus attachant est l’institutrice, Stephanie. Elle adore les enfants, elle vit sous la jalouse vigilance de son mari qui lui refuse, justement, de lui en faire un. Et pourtant, malgré quelques tentatives timides d’évasion, elle demeure piégée dans ce paradis pour touristes. Une petite vie rythmée par les amateurs d’Impressionnistes, qui ont transformé progressivement son village en parc d’attraction.

La solution de l’énigme ne surviendra qu’à la fin, là où les faux semblants tomberont et où seront enfin réunis les fils de cette histoire, en une conclusion pleine de romantisme. C ‘est un roman étrange, subtilement construit, déroutant parfois … à la manière du « Betty » d’Indridason … où l’on a envie de reprendre la lecture au début pour voir si on n’a rien laissé échapper.

Nymphéas noirs, thriller par Michel Bussi, édité par les Presses de la Cité dans la collection « Terres de France », 438 p. 21,30€


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