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Leïla en vert et contre tout: Eaux chinoises

Publié le 19 mars 2013 par Jsbg @JSBGblog

Leïla en vert et contre tout: Eaux chinoises

Aujourd’hui nous allons nous rendre sur les flots de ce qui fût jadis l’Empire du Milieu pour aborder un sujet haut en couleur: la pollution des rivières chinoises. Vous avez peut-être vu passer l’info, les autorités chinoises ont émis l’idée d’interdire les grillades dans les grandes villes afin d’améliorer la qualité de l’air. En effet, les métropoles suffoquant sous un smog permanent, il était temps d’agir, mais bien que cette mesure ne soit que cosmétique, elle révèle l’urgence de la situation du pays.

 Encore plus que les airs, ce sont les eaux qui souffrent du mépris des industriels, du gouvernement et de la grande majorité de la population qui dépend pourtant de cette même eau.  Utilisées comme principale source d’eau potable dans de nombreux villages et quartiers défavorisés, les rivières sont aussi le théâtre d’un désastre écologique sans précédent. Rouge sang, orange, jaunes voir carrément noires, depuis quelques années les cours d’eau chinois prennent régulièrement des teintes inquiétantes et évidemment le coupable n’est autre que l’industrie qui balance tout et n’importe quoi dans les canalisations au nom du profit. Un exemple parmi des centaines, en septembre dernier, le fleuve Yangtsé (jadis appelé fleuve bleu) a complètement tourné au rouge sang, sans que les raisons en soient clairement définies. Voir la vidéo:

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Les causes peuvent être plus ou moins naturelles, comme un surplus de vases ou de trop fortes précipitations qui remuent les sédiments, mais la piste chimique reste la plus probable… D’autant plus qu’une année auparavant, dans un autre courant, l’eau s’est aussi empourprée suite à une fuite de colorant provenant d’un atelier textile. En mars 2012, les rivières Baiyang et Daqubang ont pris une inquiétante couleur jus d’orange bien opaque à cause des rejets industriels. Dans ce cas précis, il s’agissait de fer et les images font peur à voir:

Leïla en vert et contre tout: Eaux chinoises

Le souci, c’est comme pour tout, l’opinion ne s’alerte que lorsque la pollution est visible. Mais une eau qui change de couleur est un événement exceptionnel, bien que de plus en plus fréquent. La plupart du temps, la pollution est sournoise et incolore. On estime que 70% des cours d’eau chinois sont pollués et qu’ils constituent une menace directe pour la santé des habitants. L’année dernière, le gouvernement chinois dressait un bilan catastrophique: 40 % des rivières du territoire sont gravement polluées et 20 % le sont au point que leur eau a été jugée trop toxique pour permettre le moindre contact. Est-ce un hasard? On compte environ 20’000 usines pétrochimiques à proximité des principaux cours d’eau dont au moins 10’000 sur les rives du Yangtsé. Sans traitements préalables, les eaux chargées en produits divers sont déversées dans la nature, au grand damne de la faune qui disparaît et voit naître de plus en plus de mutants au sein des population survivantes.

Evidemment il y a des lois en Chine qui interdisent ces rejets, mais les contrôles sont rares… et la corruption déjà un peu moins. D’après les statistiques officielles, on dénombre pas moins de 1’700 accidents chimiques qui se répercutent directement sur la qualité de l’eau. Tout ça a un coût sur la vie humaine et chaque année, ce sont plus de 60’000 décès prématurés qui sont directement imputables à la pollution des fleuves et des rivières. Pour info, en Chine, on estime à 750’000 le nombre de morts liés à la pollution, toutes catégories confondues. Mais il n’y a pas que l’industrie chimique qui pose problème… la semaine dernière on a eu droit à un fait divers peu commun. En deux semaines, plus de 13’000 cochons morts on été repêchés dans la rivière Hangpou à quelques kilomètres en amont de Shangai.

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Apparemment les pauvres bêtes ont succombé au circovirus porcin (non transmissible à l’homme), maladie qu’on appelle plus communément l’amaigrissement du cochon. C’est peut-être directement lié à l’interdiction de faire des grillades, mais à la place d’incinérer les cadavres, on a préféré les balancer dans le courant. Et un animal mort qui se décompose dans de l’eau, malade ou non, ça ne pardonne pas: le cocktail peut s’avérer mortel.

Après toute ces merveilleuses histoires, nous finirons sur une note d’espoir en la personne de Huo Daishan, un ancien photographe qui s’est reconverti dans la cause environnementale. Avec ses fils, il passe sa vie à lutter contre la pollution de la rivière Huai, la 3ème plus longue de Chine dont dépendent 150 millions de personnes. A travers le petit reportage de france24 ci-dessous, vous pourrez voir le fruit de ses efforts. Son action semble un peu artisanale, mais il a réussi à convaincre quelques industriels à s’équiper de stations de traitement des eaux usées et a également récolté des fonds pour installer des mini-centrales d’assainissement de l’eau pour subvenir aux besoins de quelques habitants.

Depuis, la santé des populations bénéficiant de ces points d’eau s’est améliorée et les poissons reviennent dans les eaux jusqu’alors maudites.  Comparé à l’immensité du désastre écologique auquel fait face la Chine, l’action de Monsieur Daishan n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, mais comme le dit l’adage, ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières!

–  Leïla Rölli

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