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Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Publié le 20 mars 2013 par Tupperwav @TupperWav

En vogue depuis la montée en puissance du numérique et stockage dématérialisé, la Digital Interface est aujourd’hui devenue un incontournable de la chaîne de restitution audio basée sur l’ordinateur en tant que source. Popularisée par des modèles emblématiques comme l’hiface de l’italien M2tech, le produit est aujourd’hui proposé par un grand nombre de constructeurs sous diverses formes.

Nous avons souhaité vous proposer un comparatif de 3 produits aujourd’hui disponibles pour quelques poignées d’euros et faire le point sur les performances réellement apportées par rapport à une promesse ambitieuse … Nous accueillerons ainsi avec plaisir dans ce test les produits suivants :

  • PopPulse PC LINK CM6631 USB 3.0 Interface digitale Opt/Coax/AES
  • Musical Fidelity V-link II
  • Audio-GD Digital Interface (première du nom)

Nous prendrons un premier temps pour revenir au concept de digital Interface, en exposant la problématique en jeu et la réponse apportée théoriquement par l’équipement. En un second temps, nous vous présenterons plus en détail les forces en présence. Enfin dans un immense bain de sang et d’entrailles (d’une ineffable cruauté) nous nous livrerons à un comparatif brut des performances offertes par les trois riz-de-veau rivaux.

Nous avons volontairement choisi un niveau d’explication technique simple, et nous nous excusons par avance auprès de nos lecteurs les plus pointus. Toute synthèse implique l’induction d’une marge d’erreur par omission non négligeable.

Remercions également nos partenaires pour les prêts.

  • www.audiophonics.fr
  • www.casques-headphones.com

1. Digital Interface, l’explication d’un concept

1.1. Quelques formes de jitter

Tout d’abord rendons à César ce qui lui appartient, on ne peut pas parler de digital interface sans aborder la notion de Jitter (gigue en français) au préalable. De bons papiers ont déjà été écrits sur le sujet, dont nous pourrons citer :

a) En introduction : http://www.tnt-audio.com/clinica/diginterf1_e.html
b) Une belle synthèse ici : http://www.thewelltemperedcomputer.com/KB/BitPerfectJitter.htm
c) Et en dessert : http://www.audiophilleo.com/ja/docs/Dunn-AP-tn23.pdf

Maintenant, pour les non anglophones, en guise de synthèse que retenir ?

Il n’y a pas un, mais plusieurs jitters qui sont à l’œuvre dans une chaîne audio digitale. Ceux qui nous intéressent ici dans le cadre des Digital Interface sont essentiellement (mais non exclusivement) :

    • Le Jitter d’interfaçage
    • Le jitter de réception d’horloge pour la synchronisation.

Dans le premier cas, retenons que le simple fait d’interfacer deux systèmes analogiques peut avoir un impact significatif sur le jitter (Introduction, amplification, accumulation ou atténuation du jitter) en fonction des caractéristiques des équipements audio reliés ensembles. Rajoutons à cela que les câbles qui relient ces systèmes ne sont malheureusement pas parfaits et pourront être sensibles aux EMS/RFI (Electromagnetic Interference / Radio Frequency Interference), aux différences d’impédances entre les IN/OUT des systèmes, et à leur propre résistance.

Dans le second cas, retenons que toute chaîne analogique de traitement d’un signal audio, n’est rien d’autre qu’un vaste jeu d’horloge. Le flux audio étant reconstitué via des données d’une part, et leur rythme de transmission d’autre part, il devient capital que ces données ne soient pas corrompues, et que le rythme de transmission de celles-ci soit conservé à l’identique dans toute la chaîne audio. Il faut concrètement que le récepteur soit en capacité de lire les données au même rythme que l’émetteur.

1.2. Les parasites induits dans les systèmes audio basés sur des ordinateurs

Encore une fois, nulle prétention de ré-inventer le câble détachable pour intra, limitons nous à mettre en exergues les principales sources de parasites que l’on peut recenser sommairement autour de nos chers et tendres ordinateurs (une bonne source de lecture ici).

    • L’alimentation à découpage, connu pour le bruit qu’elle génère, et notamment les variations de voltage (ripples) qu’elle induit sur les différents rails d’alimentation (cf. les excellents modèles conçus par Seasonics pour limiter ces parasites)
    • Le châssis de l’ordinateur, qui selon sa composition peut agir comme antenne des différentes ondes qui traverse votre délicieuse demeure
    • Les disques durs qui génèrent des vibrations et des variations de tension lors de leur mise en route / accélération
    • Les ventilateurs (leurs moteurs) peuvent créer des  variations de tension (ripples) sur les rails de courant qui les alimente (12V le plus souvent) + le bruit passif qu’ils génèrent
    • Et surtout la répercussion de tous ces parasites dans toutes les sorties audio de l’ordinateur, dont l’USB plus spécifiquement qui reste trop utilisé à l’heure actuelle
Note : nous ne jugerons pas dans cet article de leur influence réelle sur la chaîne sonore. En premier lieu car nous ne souhaitons pas rentrer dans un débat … stérile. En second lieu parce-qu’il faudrait un dossier bien plus conséquent que cet article pour traiter la chose de manière sérieuse.

1.3. L’interface digitale entre en scène.

Que nous promet  l’interface digitale dans ce vaste méli-mélo de parasites, de non optimisation, et de gigue incessante ?

Pas grand chose et en même temps … beaucoup !

Dans notre cas, l’interface audio USB pourrait en théorie (selon les circuits implémentés en son sein) :

  • Éliminer / réduire les parasites de l’USB sur le courant portant le signal DATA

Rappelons que sur l’USB le signal DATA en lui même n’est normalement pas pollué (et heureusement cela aurait une influence directe sur les erreurs de transfert et le débit). C’est bien le 5V / 500 ma qu’utilisent les appareils auto alimentés, telles que les Digital interface qui pose problème. Sur cet aspect, il est donc préférable de privilégier des modèles avec alimentation externe. En théorie si un convertisseur ou une interface utilise une alimentation externe propre (linéaire et régulée) en prenant bien soin de séparer les data dès l’entrée dans l’interface le parasitage de l’USB n’a plus d’impact sur la qualité sonore délivrée.

  • Réduire le jitter, peut se faire via trois techniques s principalement utilisées : synchrone, adaptative et asynchrone.
(résumé ci-après de l’excellent exercice de vulgarisation entrepris ici)

Deux variantes de connexions USB Synchrone :

La première variante consiste à utiliser simplement une connexion  numérique pour la lecture de la musique et d’utiliser l’ordinateur en tant que source référente de l’horloge. Un ordinateur malheureusement ne peut pas maintenir une synchronisation parfaite des données envoyées via le port USB.

Avec la seconde variante, appelée parfois « mode adaptatif », la puce de réception de signal s’adapte à cette dérive constatée dans la première variante, en ré-ajustant sa fréquence propre chaque milliseconde pour correspondre à la fréquence d’entrée du signal. Cette variante est déjà considérée comme plus performante.

L’inconvénient de ces deux méthodes est qu’elles utilisent dans tous les cas l’horloge de l’ordinateur, qui n’est pas aussi stable que vous le souhaiteriez à des fins « d’écoute haute fidélité »

La connexions USB asynchrone  :

Elle utilise une horloge situé à proximité du DAC (en général dans le même boîtier, même si les meilleurs produits permettent d’utiliser une WorldClock externe) et lui permet de piloter le convertisseur directement, éliminant par là l’horloge de l’ordinateur, instable.  Elle est appelée asynchrone car l’horloge maître du DAC n’est pas synchronisé directement aux horloges dans l’ordinateur mais par sa fréquence d’horloge (potentiellement très haute précision) fixe.

Cette horloge commande le flux de données de l’ordinateur vers une mémoire tampon à proximité du convertisseur. Gardons à l’esprit que si le mode asynchrone garantit techniquement parlant un transfert bit perfect … Cela ne sera en aucun cas un gage de plaisir d’écoute.

Ainsi, si vous utilisez déjà un PC comme source et que votre DAC soit plutôt du genre analytique … on peut très vite tomber dans l’écoute dry et trop détaillée, à défaut de la restitution de la musicalité du message. Alors certes, avoir tous les bits exacts en bonne et due place est déjà un bon point de départ, mais certainement pas une ligne d’arrivée.

Ceci étant évoqué … Nous vous recommandons d’utiliser vos oreilles, Jusqu’à preuve du contraire, c’est votre cerveau qui vous procurera du plaisir à l’écoute de la musique, en utilisant son interface de réception des stimuli sonores, vos oreilles.

2. Présentation des forces en présence

2.1 PopPulse PC LINK CM6631 USB 3.0 Interface digitale Opt/Coax/AES 

7251 POPPULSE CM6631 1 Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Entrées :

  • Entrée USB 2.0/3.0 (câble non livré)

Sorties :

  • Sortie Symétrique XLR (AES/EBU)
  • Sortie RCA Coaxiale SPDIF
  • Sortie Optique Toslink
  • Sortie analogique stéréo

7251 POPPULSE CM6631 2 Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Spécifications

  • Interface USB : 3.0 rétro compatible
  • Contrôleur USB : C-Media Electronics CM6631A (32bit/192khz)
  • Alimentation : 6~9V ou USB
  • Dimensions Externes : 115 x 80 x 40mm (W x D x H)
  • Poids : 320 g


7251 POPPULSE CM6631 3 Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Compatible avec les systèmes d’exploitation : Windows® XP, Windows® Vista, Windows® 7 and Windows® 8, Mac OS X 10.5.7 (pilotes inclus)

2.2 Musical Fidelity V-link II

1 vlinkii front Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

plus de revendeur officiel en france à notre connaissance

Entrée

  • 1x USB Type B

3 vlinkii outputs Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Sortie

  • 1x Coaxial SPDIF
  • 1x Optical SPDIF (Toslink)

2 vlinkii inputs silver Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

General

  • Input data: 24 Bit 96kHz USB stream (maximum)
  • Output Impedance: 50 Ohm SPDIF
  • Dimensions – WxHxD (mm): 95 x 45 x 170
  • Weight (unpacked / packed): 350g / 400 g

2.3. Audio-GD Digital Interface V1 (plus en vente neuve, mais dont la version 2.2 améliorée est disponible ici)

5450 AUDIOGDDI 4 Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Entrée

  • Avec USB et entrée coaxial en option (Supporte jusqu’à 24bit/96KHz)

DI3 Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Sortie

  • RCA
  • BNC

5450 AUDIOGDDI 3 Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

Général

  • Supporte sampling et upsampling de 96KHz à 192KHz (USB)
  • 1.5KG ( Digital Interface)
  • 3KG (Digital Interface + power supply box externe en option)
  • Dimension: Largeur163 X H44 X L120(MM)

3. Comparatif

En introduction, rappelons que certains composants font des différences assez notables dans le rendu globale d’une chaîne d’écoute. La DI ne fait pas partie de ces composants, dans le sens où vous ne vous ferez pas retourner les oreilles en un « waaaaaaaaaaaaaaaa » de ravissement à l’écoute d’un modèle ou d’un autre. Pour autant, les plus mauvaises DI offriront des résultats assez notablement minorés par rapport à des bonnes DI, voir à des bonnes sorties USB pas trop bruitées d’ordinateurs optimisés pour le traitement du son.

Disons pour couper court qu’il s’agit d’un composant à ne pas sous estimer, mais dont l’optimisation devra intervenir après l’optimisation du DAC lui même, qui bien souvent intègre déjà un certain nombres de corrections sur les entrées USB …

3.1 Des différences ténues entre deux modèles qui performent bien

Deux des trois modèles m’ont offert peu ou prou les même performances. Il s’agit des PopPulse et Audio GD, après un minimum de tweaking. Tweaking car il m’aura fallu une bonne semaine pour faire disparaître des « cracks & pops » qui parasitaient la sortie de la poppulse … Après avoir changé le câble USB, réinstallé proprement les drivers plusieurs fois, optimisé divers réglages sous windows 7, je suis finalement arrivé à ne plus être ennuyé par ces micro péri phénomènes.

Pour les plus puristes d’entre nous, on pourra tout juste trouver que selon la phase de la lune et le sens du vent, le message proposé par l’audio GD est un chouilla plus chaleureux que la PopPulse, mais on est dans le bonnet blanc, blanc bonnet qui ne résisterait pas de manière sure à un test ABX à mon avis.

Il faut cependant bien noter que la richesse des sorties proposées par la PC LINK CM6631 USB 3.0 est remarquable. Notamment l’excellente surprise de trouver de l’AES/EBU a ce niveau de prix ! Compliqué de trouver mieux à l’heure actuelle à ce niveau de prix, c’est une évidence

3.2 Un mauvais élève ferme la marche

Déception en revanche pour la Music Fidelity, qui propose un son assez notablement différent des deux autres, caractérisé par un corps « décharné » et plus froid, qui vient ôter une part de musicalité assez notable du message, ce qui me fut notablement perceptible avec le stax SR007 Omega qui devient d’un ennui mortel sitôt que la source n’est pas suffisamment musicale.

Je m’y attendais un peu au regard du « désert de son PCB » par rapport aux deux autres concurrents qui proposent techniquement beaucoup plus de fonctions, même si nous nous garderons bien de dire que l’abondance des composant et/ou la complexité du circuit est synonyme de performance audio. Dans le cas présent, disons simplement que la marge réalisée sur le produit, au vue des composants employés, pourra poser question aux DIYers qui nous lisent.

Excellente contre-conclusion à ce que nous évoquions en début d’article, puisque le mode « Asynchrone » revendiqué par la VLink II, ne s’est pas montré le plus performant en ce qui concerne le plaisir d’écoute, notion éminemment subjective, nous ne saurions en disconvenir.

411vlink.2 Comparatif : Interfaces digitales Musical Fidelity, Audio GD & PopPulse

3.3 Un intérêt variable selon les DAC

L’autre enseignement de ce test, c’est que mon DAC Audio GD Reference 9 qui contient déjà plusieurs traitements internes pour ses différentes entrées, m’offre peu ou prou des performances identiques, que je passe par une DI ou non. Et à partir d’une certaine gamme de produit, il est courant de trouver chez nombre de DAC des traitements asynchrones, et/ou nombre de filtres en entrée.

Mon propos sera donc modéré sur ce composant, qui ne trouvera son utilité réelle dans votre chaîne audio PC que dans les cas suivants principalement :

  • Vous disposez d’un ordinateur non optimisé pour l’audio, bruyant et sujets à de nombreux parasites sur les ports USB (portables et prise à la terre notamment)
  • Votre DAC n’a pas de traitement spécifique de signal USB en entrée
  • Vous avez envie d’utiliser d’autres formats d’entrées sur votre dac que l’USB

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