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La Religieuse : Si Diderot m’était conté…

Par Unionstreet

lr1En 1966, Jacques Rivette avait divisé l’opinion jusqu’à créer un véritable scandale en portant à l’écran l’œuvre anticléricale de Diderot dans Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot. Quarante-cinq ans après, Guillaume Nicloux propose une version plus moderne qu’il revendique volontiers comme une Ode à la Liberté.

Dans La Religieuse qu’il écrivit en 1780 et qui ne fut publiée qu’à titre posthume en 1796, Diderot fait le procès des institutions religieuses coercitives, qui, parce qu’elles mènent les individus aux souffrances terrestres et à la damnation éternelle, sont contraires à la religion même. Son roman prend à cet effet la forme d’une biographie, puisque rédigé à la première personne, et où le « je » n’est autre que Suzanne Simonin, jeune fille de 16 ans, contrainte par sa famille de prononcer des vœux forcés au terme de son noviciat et qui, n’ayant pas la vocation, va se révolter contre la hiérarchie ecclésiastique afin de retrouver sa  liberté.

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Là où le propos anticlérical était a force du roman de Diderot, Nicloux, lui, décide de recentrer son film sur le destin de cette jeune fille qui, au lieu de céder à l’aliénation religieuse créée par l’univers conventuel, décide de reconquérir sa liberté. Suzanne est merveilleusement portée à l’écran par la jeune actrice belge Pauline Etienne, sublime sans maquillage et dont le visage est porteur de grandes émotions. De fait, le réalisateur parvient à dépoussiérer le pamphlet original en nous rappelant qu’il contient une valeur intemporelle ; la Liberté. D’intemporel il est également le langage, puisque le français de l’époque tel qu’il fut écrit par le père de l’Encyclopédie, est ici récité de manière incroyablement fluide et naturelle par les acteurs du film.

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Pourtant, malgré les efforts menés par Nicloux pour réinventer l’œuvre de Diderot et la très bonne performance de Pauline Etienne, le film ne parvient pas à nous emmener avec lui jusqu’au bout. La première partie est assez convaincante, et cela passe sans nul doute par l’esthétisme particulier que nous propose le cinéaste : la bougie comme seule source d’éclairage dans ce couvent aux murs glacials, actrices dénuées de toute pointe de maquillage, sublime éclat de la scène de cérémonie des vœux ou de celle des repas des pensionnaires du couvent. Pourtant, la suite et fin sonne faux. Isabelle Huppert est certes sublime en mère supérieure trop aimante, mais cela ne parvient pas à sauver le film du tournant burlesque, presque grossier qu’il prend soudainement. Si certains voient dans ce virage le mérite de surprendre et de bousculer l’audience, il n’en demeure pas moins que la dite surprise est tant déroutante qu’elle fera, hélas, décrocher plus d’un spectateur de ce film, qui avait pourtant si bien démarré…

Et vous que penserez-vous de cette nouvelle adaptation de l’œuvre anticléricale de Diderot ?

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