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Atoms For Peace – AMOK

Publié le 21 mars 2013 par Wtfru @romain_wtfru

atoms

C’est l’histoire d’un mec qui s’est lassé de la britpop, qu’il juge trop néfaste pour lui, remplie de mecs haineux et pleins de coke qui se crachent dessus les uns les autres. Un temps, il a même quitté Oxford et ses scientifiques coincés pour La cité des anges et ses magasins bio. Il a délaissé sa guitare, la trouvant un peu trop limitée pour pouvoir explorer le coté savant d’une musique d’ordinateur davantage en devenir. A 44 ans, il retourne son oreille (c’est mieux que sa veste) vers l’électronique intégral, les machines, le club, en plaçant ce changement de cap « sous le signe d’une évolution » dit-il.

Alors oui, sur un site anglais on peut lire qu’il est taré, sur un autre allemand lire qu’il est méchant et hautain, ou encore sur ce magazine espagnol le voir dépeint comme un illuminé-incompris. Mais je m’en branle, c’est Thom Yorke merde. Ce mec est une légende, sa voix si douce me transcende depuis l’album Kid A et mes premières branlettes. Son visage me rappelle un certain Fred, un mec toujours pied nus et qui fabriquait ses propres fringues. Son sosie officiel. Il venait faire de la « méditation transcendantale de la pleine conscience » avec ma mère quand j’étais minot.

thomyorke2013

Et aujourd’hui qu’on est plus vieux et qu’on ne jure que par la teuf et la techno, c’est ce même mec qui revient occuper une place dans ces deux mondes et par conséquent ma vie. (Pas le hippie, mais Thom Yorke hein). Mais vous me direz qu’on voyait venir le truc, l’évolution, le pas en avant. C’est vrai. Depuis quelques temps maintenant on l’a vu poser sa voix sur des morceaux de Modeselektor et se lier d’amitié avec la moitié du label 50Weapons, se faire voir dans des soirées de barjots avec Flying Lotus et Four Tet, ou encore se permettre un set pour une Boiler Room. Mais là n’était pas la fin de notre surprise-plaisir, quand on vit arriver la bombe. Le projet Atoms For Peace est officiellement sur les rails avec un album où tu retrouves Flea des Red Hot (avoue que tu n’as que rarement prononcé le nom intégral), Nigel Godrich, Joey Waronker et Mauro Refresco. Et si les trois derniers ne te disent rien, je ne sais pas ce que tu fous là, et je suis prêt à parier que tu n’as pas aimé l’album.

Il dit chercher la transe (l’état, pas le genre musical boueux) par les harmoniques, tel un berger cherchant une brebis égarée à l’orée du bois. Ça va bien avec ses cheveux longs et sa barbe aux teintes un peu rousses. Et quand Thom Yorke balance en interview qu’ils ont écouté Fela Kuti pendant qu’ils étaient en studio, tu te dis que de l’eau bénite coule dans ses veines ou que tu aurai bien aimé être né dans ses couilles plutôt que dans celles de ton père.

Au croisement entre une ode à la poésie musicale (Ingenue et Stuck Together Pieces) et un hommage à l’électronique et la sueur de la teuf (Default, Unless et Amok), l’album est une bouffée d’air frais, à la fois chaude et glaciale, qui nous reste dans les méninges grâce à un travail mélodique certain. Les méninges et pas seulement les oreilles car cet album est un opus pour la culture, l’art, la musique, et voué à la postérité, voire l’éternité. Les doux moments où l’on entend sa voix si particulière fredonner un léger chant aigu, sans pour autant prononcer le moindre mot, nous restent dans la tête et nous emportent au travers des nuages comme l’île volante de Laputa dans Le Château dans le Ciel de Miyazaki. L’album dans son ensemble peut paraître triste au premier abord. Mais plus les écoutes se multiplient, plus la dimension charnelle et gracieuse apparaît, teintant les morceaux d’une certaine finesse, rôle occupé en grande partie par des mélodies douces et enjouées, avec un brin de mélancolie.

En revanche, le manque d’intégrité et de recul concernant l’album, par rapport à une quelconque critique que je pourrais émettre sur lui, me font haïr les mauvaises lignes que l’ont peut lire dans les magazines et les sites internet musicaux. Avec AMOK, on est ici en présence d’un des albums de l’année, et pas seulement pour la voix de Thom Yorke. La nappe sonore est remplie, gaie, envoutante, et ponctuée de toutes part de mélodies enjouées et de magnifiques boucles électroniques.

Bref, ruez-vous sur cet album. Adorez-le, placez-le sur un autel. Créez une religion polythéiste composée des membres d’Atoms For Peace, (en effet il n’y a pas que Thom Yorke). Et si vous ne l’aimez pas, soyez fiers de pouvoir enfin dire « je l’ai écouté, c’est pas mon style » au lieu des « c’est-d’la-merde » faciles et gratuits qui jalonnent que trop souvent nos pensées sur la musique.

4.5


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