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Mépris du concept de jeu responsable

Publié le 24 mars 2013 par Alain Dubois

200px-psm_v36_d704_facial_expression_of_contempt.pngLe 7 décembre dernier (2012), le journal Le Devoir titrait : Loto-Québec a voulu réactiver un dispositif controversé. Ce dispositif est un bouton, à l'écran et au clavier, causant l’arrêt prématuré des rouleaux sur les jeux de lignes des appareils de loterie vidéo (ALV) de la compagnie IGT. Le résultat étant prédéterminé avant même que les rouleaux ne s'activent, ce geste accélère les pertes financières ou stimule la création d'une illusion de contrôle ... d'où un sérieux problème de jeu ou une dépendance psychologique pathologique à l'égard du jeu sur ALV.

En mai 2001, en pleine crise sociosanitaire des ALV, le gouvernement avait imposé à Loto-Québec la désactivation du bouton d’arrêt. Loin d’être un détail mineur, cette désactivation faisait partie des mesures destinées à favoriser le jeu responsable (voir ce billet du 7 octobre 2012). En fait, depuis mai 2001, le gouvernement et Loto-Québec ont toujours accordé la priorité au concept de jeu responsable comme moyen d’éviter une autre crise sociosanitaire des ALV.

À lire madame Marie-Claude Rivet, porte-parole de Loto-Québec, on pourrait croire que la réactivation du bouton d’arrêt se limitait à un test pilote réalisé durant l’été 2012 : On a fait le test cet été dans 275 établissements, indique Mme Rivet. Dans l’ensemble, le titre et le texte du Devoir portent à croire que Loto-Québec a reculé devant le risque d’une dénonciation publique. Incidemment, en septembre 2012, l’organisme Mise-sur-toi avait préparé un communiqué de presse en ce sens … peu de temps avant de perdre son statut d’organisme indépendant et d’être ravalé par Loto-Québec.

Dans son blabla marketing, madame Rivet affirme que le test pilote n’a pas été concluant. Pour cette raison, Loto-Québec aurait abandonné l’idée d’intégrer un bouton d’arrêt dans les nouveaux ALV. L’opinion défavorable des experts n’aurait pas été prise en compte. Encore plus, madame Rivet pontifie : Il n’y a pas d’impact négatif (à la présence du bouton), il n’y a pas d’impact positif.

ResponsibleGamblingCouncil_2006_Saskatchewan.png
Comment peut-on ignorer ce rapport du Responsible Gambling Council préparé pour la Saskatchewan Liquor and Gaming Authority en 2006? Aux pages 32 et 93, on constate que 13 pauvres types qui ont perdu leur temps à faire un doctorat, avant de devenir des chercheurs experts en jeu pathologique, ont identifié le bouton d’arrêt comme étant la sixième caractéristique contribuant le plus aux problèmes de jeu parmi une liste de 27 caractéristiques potentiellement pathogènes. Douze autres spécialistes du jeu pathologique l’ont considéré en septième position. Si ce n’est pas une crise de silly giggling, je me demande bien quelle université a décerné quel diplôme à madame Rivet pour lui permettre d’être autant à contresens d’un panel d’experts qui ont pourtant un parcours académique remarqué (voir annexe 1 aux pages 75-77).

Bref, le blabla marketing de madame Rivet suggère plutôt que, dans le fond, Loto-Québec se foutait du concept de jeu responsable en affirmant n’importe quoi. Dans les faits, rien n’a changé au bouton d’arrêt depuis l’été 2012. Après vérification, les 16 janvier et 23 mars 2013 (hier), les joueurs pouvaient toujours, en pressant ce bouton sur les ALV d’IGT, arrêter prématurément les rouleaux des jeux (1) Les 7 en feu, (2) 8 lignes, (3) Les 7 frimés, (4) Hockey plus, (5) Trésors Mayas, et (6) Golf-O-Mania … pas dans un bar oublié … au Salon de jeu (Ludoplex) de Québec, un établissement exploité directement par Loto-Québec.

Mais, il y a pire. Auparavant, on pouvait sélectionner un jeu, miser sur une seule ligne et presser immédiatement le bouton Jouer. Après tout, Loto-Québec nous le dit : Jouez avec modération pour que le jeu demeure un jeu. C’était encore le cas le 16 janvier dernier. Mais, ce n’est plus le cas maintenant. Dans les jeux (1) Hockey plus, (2) Trésors Mayas, et (3) Golf-O-Mania, il faut dorénavant se battre continuellement avec l’interface pour miser moins que sur un nombre maximal de lignes. Lorsque le jeu est sélectionné, le bouton Jouer n’est pas accessible avant qu’on ait misé sur un maximum de lignes. Si on désire miser sur une seule ligne, il faut ensuite désélectionner les lignes imposées par défaut. C’est long, et c’est à recommencer à chaque fois. Ici, Loto-Québec ne se fout plus du concept de jeu responsable, elle s’en crisse!

Comme c’est manifestement le cas ici, il est à prévoir que les objectifs financiers irréalistes, imposés à Loto-Québec, vont multiplier des décisions qui sont antagonistes au concept de jeu responsable et aux efforts de minimisation des dommages.
Photo en entête: auteur inconnu


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