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Atom ™ – HD [2013]

Publié le 25 mars 2013 par Feuavolonte @Feuavolonte

atom ™ hd 150x150 Atom ™   HD [2013]Atom ™
HD

Raster-Noton
Allemagne
Note: 9/10

Faire une analyse complète de l’œuvre d’Uwe Schmidt, aussi connu sous le nom d’Atom, pourrait s’avérer une tâche relativement ardue. En effet, celui qui produit aussi sous le nom de Señor Coconut, Cœur Atomique et Erik Satin, pour ne nommer que ceux-là, écrit et compose de la musique sous plus d’une soixantaine d’alias. Des reprises marimba de pièces de Kraftwerk et Madonna aux albums glitch/ambient pour lesquels il est le plus souvent reconnu, Schmidt est non seulement extrêmement polyvalent et talentueux, mais il est aussi excessivement productif. Moins d’un an s’est écoulé depuis la sortie de l’excellent Winterreise, qui lui a valu la couverture du Wire de mai 2012, qu’Atom™ nous propose déjà un nouvel album, HD, distribué par Raster-Noton.

Avec cet opus, ironiquement sorti la même journée que Suit & Tie de Justin Timberlake, Uwe Schmidt s’attaque directement à la musique pop commerciale, à ses artisans (allant même jusqu’à dire « Timberlake give us a fucking break » dans la pièce Stop (Imperialist Pop), et aux multinationales derrière ces icônes pop, telles qu’EMI et Sony. Ce qu’il tente donc de démontrer avec HD, réussissant avec brio au passage, c’est que pop ne doit pas obligatoirement rimer avec manque d’audace, convenu et abrutissant. D’un autre côté, Atom™ rend aussi hommage aux divers instruments et engins de musique électronique, qu’il maîtrise comme peu le font d’ailleurs, avec des pièces telles que I Love U (Like I Love My Drum Machine), une collaboration bien sentie avec Jamie Lidell. Oscillant entre admiration, amour pour le médium auquel Schmidt a dévoué sa vie, et dégoût et regret face à ce qu’il est devenu, HD est donc autant une ode au culte du pop qu’un constat pessimiste quant à son état présent.

Proposant neuf pièces toutes plus incroyables les unes que les autres, l’album fait preuve d’une homogénéité impressionnante considérant la disparité avec laquelle la musique et les sons sont abordés dans chacun des morceaux. Du plus « classique » Strom, une magnifique pièce glitch/progressive incluant la très familière voix de Schmidt, en passant par le sombre et noisy Sound of Decay, où guitares électriques distorsionnées et sèches, synthétiseurs arpégés et pads lourds et oppressants se lancent la réplique, et My Generation, morceau de The Who, réarrangé par Atom™ pour l’occasion, HD s’aventure hors des sentiers battus, déconcerte, mais ne perd jamais la ligne directrice qu’il s’est fixé. Parmi les multiples bons coups de l’album, on tient à mentionner Riding the Void, pièce techno toute en progression, hypnotisante, reposante, mais au fond extrêmement dérangeante et troublée.

Inutile de mentionner à quel point la production est maîtrisée et efficace tout au long de l’album. Chaque son, chaque bruit, chaque craquement sont travaillés, polis et fignolés de façon à être exploités à leur plein potentiel, et ainsi trouver sa raison d’être. Schmidt ne surcharge jamais le spectre sonore, sauf lorsque telle est son intention, permettant à chaque élément d’être entendu et savouré.

Seuls points un peu plus faibles de l’album; Pop Hd, la première pièce du LP, qui semble un peu plus convenue, et qui rappelle un peu trop l’électro-pop rose bonbon de Numéro#, ainsi que la toute dernière pièce de l’opus, Ich Bin Meine Maschine, où l’auteur semble manquer d’inspiration et d’audace, en comparaison au travail effectué sur les autres pièces.

HD reste néanmoins un petit bijou de musique expérimentale, une addition essentielle au déjà très impressionnant catalogue d’Uwe Schmidt et un contestant potentiel, quant à l’auteur, pour l’album électronique de l’année.


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