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Théâtre : « 100 francs l’amour », le prix de le débauche

Publié le 26 mars 2013 par Ralph

Théâtre : « 100 francs l’amour », le prix de le débauche

Laurent Levy, metteur en scène de la pièce "100 francs l’amour", les 11, 12 et 13 mars à l'apéro Concert de la Comédie Nation dans le 11e arrondissement de Paris. Crédits photo : Charles-Éric Perrin Gimet

Quelle que soit la dimension artistique ou commerciale de l'évènement, la critique n'en reste pas moins pertinente. Nous avons ainsi découvert, niché dans le 11e arrondissement de Paris, la discrète pièce de théâtre "érotico-poétique" de Laurent Levy, "100 francs l'amour".

Notre correspondant culturel dans la capitale s'est donc laissé embarquer dans cet autre espace-temps, plus ou moins expérimental. Une plongée dans les délices et les travers d'un tableau à l'allure de cabaret, où se mêle l’histoire coquine et perverse du Montmartre de la fin du 19e siècle.

PARIS, par Charles-Éric Perrin Gimet

A ceux qui se poseraient la question : non ! Cette pièce n’a rien à voir avec le film du même nom que Jacques Richard a réalisé 27 ans plus tôt. Qui plus est, elle n’a rien non plus à lui envier.

Interdit aux trop jeunes gens, c’est dans ce spectacle que la prostitution d’avant tente de se refaire. Un pianiste et cinq femmes - parce que la virilité aussi peut s’y mêler – quatre chaises sur scène et tant d’autres occupés… Tout, mais pourtant si peu, pourrait suffire à éprouver ces temps qui n’existent plus.

Dès lors que nous pénétrons l’antre de ces femmes où déjà l’amour se paye pour mieux se jouer, nous ne sommes plus spectateurs. A la Comédie Nation, rue de Montreuil (11e arrondissement), « ces femmes accueillent, en tenues d’aujourd’hui, et font se briser les frontières.

Théâtre : « 100 francs l’amour », le prix de le débauche

Elles espèrent en cela faire de nous leurs clients » nous confie Laurent Levy, metteur en scène de la pièce. Et ce n’est pas sans volonté d’y parvenir ! Propositions indécentes ou positions alléchantes (l’inverse ?), elles nous font marcher.

Sans rien à voir avec un traitement sociologique des conditions de vie des prostituées d’antan, entre Exotica d’Atom Egoyan (1994) et les nouvelles de Murakami on se prend au jeu du surréalisme.

Les portes closes de cette maison refermées, « l’ambiance se crée malgré les acteurs, et le client s’impose à lui même un silence parfois pesant ou gêné, parfois amusé.

Cette pièce est en réalité une mosaïque : ni comique, ni dramatique… dans laquelle le spectateur se perd pour devenir un autre ».

Une souplesse qui n’empêche pas de passer un bon moment. On rit des situations grotesques, on est oppressé par la présence quasi perpétuelle de ces femmes à nos pieds. Elles passent. Tout un symbole.

Un mélange intéressant de chant, d’expression corporelle, de narration qui donne un fond très particulier à la pièce. Sur des musiques de Clément Caratini (clarinettiste de renom) aux paroles souvent osées, elles chantent plus ou moins bien - faut-il bien l’avouer - laissant une part plus belle aux émotions ainsi éveillées.

Sur des textes écrits pour l’occasion et d’autres tirés de véritables rapports de police (!), les biographies de chacune, sans doute les casiers judiciaires aussi, s’allongent et s’alourdissent des expériences passées.

L’erreur serait de penser que c’est le jeu qu’elles produisent qui font d’elles les dames que l’on nous donne à regarder. Or, les prostitués qu’elles jouent sont moins éclatantes de par le jeu qu’elles produisent que par les marques naturelles qu’elles portent.

Théâtre : « 100 francs l’amour », le prix de le débauche

Parfaitement balafrée (Framboise D’Ortoli), fausse ingénue (Caroline Benassy), virile (Djamel Dekmous), autoritaire (Leïla Déaux) ou naturelle (Leilani Lemmet)… elles sont ce que nous voulons.

Ainsi, selon le metteur en scène, « dans l’idéal, elles ne doivent pas jouer des prostituées, elles doivent l’être ».

Alors, peut-être, serons-nous aussi emballés que devant les comédies musicales Chicago et autre film de Bertrand Bonello, L’Apollonide ?

La suggestion est un art et l’art de la débauche n’en manque pas. Encore doivent-elles oser, plus. Et ainsi se risquer à abattre cette autre frontière qui ferait de ces femmes désireuses de théâtre, celles qui pourraient aussi tirer leurs revenus de leurs charmes.

Cette pièce, difficilement, se raconte. Elle n’a pas d’histoire. Elle prétend la raconter.

Une tentative osée de ces comédiens issus de la même formation de l’Ecole Claude Mathieu à Paris (sauf Leilani Lemmet). Mais une tentative seulement… Ainsi, ressort-on pensif, voir perdu… mais n’est ce pas là, justement, que l’on veut nous emmener ? Le tout, pour que le public, comme l’espère Laurent Levy, « se retrouve dans ce joyeux déséquilibre constant ».

LIRE NOTRE ARTICLE :

Leilani Lemmet, élégamment dramatique
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C'est au cinéma que Leilani Lemmet est à l'affiche de “Love Collection”, un format court d’Antoine Lhonoré-Piquet. Elle y joue le rôle d'une amante passionnée, aux côtés de Vincent La Torre, Sofiia Manousha, Loan Chabanol et Aurélie Badol.

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