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[Critique] WARM BODIES de Jonathan Levine

Par Celine_diane
[Critique] WARM BODIES de Jonathan Levine
Jusqu’ici le zombie n’avait pas vraiment eu droit à sa dose d’amour. Juste bon à se faire dégommer d’une balle dans la tête. Faut dire qu’avec son phrasé déglingué et sa démarche archi lente, il n’avait rien d’attirant. Ni l’aura morbide d’un vampire, ni l’animalité séduisante du loup-garou. C’est donc en toute logique que Summit Entertainement (les studios « Twilight ») se sont rués sur l’occasion d’un scénario atypique, tiré du roman de Isaac Marion. Un zombie qui tomberait in love après avoir dévoré la cervelle du copain de sa dulcinée ? Une jeune blonde attirée malgré elle par la chair pourtant en décomposition du bellâtre ? Nécrophilie bonjour. Le point de départ a de l’allure. Cette idée brillante, qui aurait ceci dit davantage tenu la route en format court-métrage, a atterri dans les mains de Jonathan Levine, adepte des scripts décalés et des relectures, toujours partant lorsqu’il s’agit d’insuffler des grains de folie à un genre. On l’avait trouvé spirituel et aérien dans le slasher All the boys love Mandy Lane, acerbe et fin dans le comico-dramatique 50/50. Dans un premier cas, il détournait habilement la figure virginale de la blonde américaine, dans un second, il inséminait des accents de drôlerie dans la tragédie du cancer. Warm Bodies s’inscrit dans cette droite lignée du mélange des genres puisqu’il multiplie les audaces : il sexualise le cadavre, adopte le point de vue des zombies eux-mêmes (d’habitude des laissés pour compte) et rejoue les codes du film de zombies à la Shakespeare. Il y a, pour exemple, une abondance de parallèles avec le récit de Roméo et Juliette : le mort-vivant amoureux se nomme R, Juliette devient Julie, Paris se mue en Perry et Mercutio en Marcus. 
A l’écran, si l’ensemble conduit par Nicholas Hoult (le petit devenu grand du Pour un garçon de Paul Weitz) et l’australienne Teresa Palmer (croisement d’Amber Heard et Kristen Stewart) réserve quelques belles plages décalées (la voix off zombiesque) et instantanés morbides (le hall de l’aéroport transformé en caveau d’errance), Levine peine à imposer des neurones à son second degré, et de l’aplomb à sa love story mièvre. On est constamment dans du sous-Twilight sauce zombie- esthétique pop noyée sous un soundtrack dans le vent (The Mynabirds, M83, The National ou encore Bon Iver) et sentimentalisme exacerbé au programme. Pas de sous lecture politico-sociale façon Romero à trouver dans ce Warm Bodies, si ce n’est quelques vagues allusions à la pré apocalypse zombiesque où les gens ne communiquaient plus vraiment, vissés à leurs claviers, casques et téléphones. Une ère numérique mortifère, finalement peu esquissée par Levine qui préfère se concentrer à tort sur son propos d’une naïveté poussive : seul l’amour peut encore rendre vivant, insuffler de l’espoir à des cerveaux en miettes, seul l’amour peut dépasser les préjugés et vaincre la violence et les armes. Bof. A moins d’avoir moins de quinze ans, on peut passer son tour. 
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