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Tatiana de Rosnay en ITV

Par Lemediateaseur @Lemediateaseur

tatiana-de-rosnay-itv-mediateaseur-illustration© Charlotte Jolly de Rosnay

Il y a quelques jours, nous vous chroniquions ici A l’encre russe, le nouveau roman de Tatiana de Rosnay.

Aujourd’hui, c’est avec grand plaisir que nous vous proposons notre interview de l’auteure.

Un entretien réalisé en toute décontraction dans les locaux de son éditeur Héloïse d’Ormesson, quelques jours avant la sortie du roman dans les librairies.

Bonne lecture.

*****

Bonjour Tatiana,

Votre nouveau roman, À l’encre russe, sera disponible dans quelques jours, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je suis toujours un peu angoissée avant la sortie d’un livre, même si c’est mon 11e roman, je me demande comment il va être reçu, si les gens vont l’aimer. En même temps je suis assez excitée parce que j’ai bien aimé écrire ce livre.  Bien sûr, j’ai bien aimé  écrire tous mes livres, notamment Rose puisque je l’ai écris à la main et c’était une autre atmosphère, mais je me suis beaucoup attaché à ce Nicolas Kolt et à l’atmosphère de l’hôtel, le Galo Nero. Et puis c’est un gros livre, il fait quand même le double de Rose, qui m’a demandé beaucoup de travail et je suis à la fois heureuse de l’avoir terminé, un petit peu angoissée de savoir ce que les gens vont penser et curieuse de savoir ce qu’il va se passer avec ce livre.

La promotion de Rose, votre précédent roman, a été très longue. À quel moment avez-vous commencé à écrire A l’encre russe ?

Alors, Rose, est sorti en avril 2011, et j’étais déjà en train de travailler sur celui-ci, puisque l’idée est venue quand j’ai fait renouveler mon passeport en 2009. La petite graine a été plantée en septembre 2009, Je me souviens déjà avoir commencé à écrire des brides de ce livre dans le train qui me ramenait de la foire du livre de Brive en 2010. Je mets à peu près deux ans à écrire un livre donc l’idée des déjà en chemin à ce moment-là.

L’idée est venue avec le renouvellement de votre passeport, est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu plus cette histoire ?

La première idée,  oui c’est celle du passeport. Mais ce que j’ai essayé de montrer dans ce roman, et que j’espère avoir réussi, c’est que l’idée est multiple. En ce qui concerne Nicolas Kolt, c’est son passeport comme moi. Mais il y a aussi la disparition de son père, il y a ce qu’il se passe sur la tombe de Victor Noir, il y a la scène terrible dans laquelle son grand-père pète les plombs dans l’hôpital de vieux. Moi je dirais que ce livre est venu sous plusieurs amorces. Il y a le passeport qui a tout fait démarrer, mais aussi le fait qu’en 2010, j’ai commençait à être convoité par beaucoup d’éditeurs et un jour je me suis retrouvée, début 2010, dans un endroit paradisiaque au bout du monde quasiment avec ma famille et, est arrivé dans ce tout petit endroit, une éditrice française. Et je me suis dit, c’est dingue se rencontrer là. De là est venu l’idée de l’attaché de presse dans le livre et petit à petit mon roman prenait forme. J’avais aussi envie de parler des réseaux sociaux et de comment un écrivain peut s’enliser dans ce marécage-là. Il y a donc trois moments, le passeport cette éditrice dans un endroit lointain et le monde de l’édition avec les réseaux sociaux et les écrivains.

Dans ce livre, comme d’habitude, il y a beaucoup de description et de détail comment se passe votre travail de recherche pendant l’écriture ?

Pour Rose, c’est un travail qui m’a demandé beaucoup de recherche parce que je n’étais pas là en 1867 (rires). J’ai dû vraiment aller à la Bibliothèque Nationale, regarder les photos, et c’est il y a beaucoup d’articles sur les travaux d’Haussmann et imaginer ce que cela pouvait être. En même temps vous savez, nous les romanciers nous avons beaucoup d’imagination. Une fois que vous être entré dans la peau d’un personnage, et bien tout apparaît autour de vous. Ce n’était donc pas très difficile pour moi d’imaginer à quoi ressemblait le Gallo Nero, ou à faire la description de tous ces gens.  Moi je prends les transports en commun, et je passe ma vie à regarder les gens. Les gens ne sachant pas forcément que je suis romancière, ils ne se méfient pas les auteurs nous somment des petits vampires et on vous observe beaucoup.  Ça fait peur  (rires). Et il y a aussi des choses qui me sont arrivées.

Alors justement, Nicolas Kholt déteste cette question dans votre livre mais j’ai envie de vous la poser tout de même, est-ce qu’il y a un peu de vous dans ce personnage ?

Mais oui bien sûr que c’est moi. Je l’ai fait exprès. Toute ma vie, dans tous les livres que j’ai pu écrire, les journalistes aiment plus que tout essayer de trouver la part de l’auteur. Dans ce livre, je me suis donné à cœur joie. Je me livre à un jeu de piste avec un  point d’interrogation énorme.  Il y a dedans Arnaud de Rosnay, mon oncle, qui a disparu en mer sans laisser de traces en 1984, qui ressemble donc beaucoup au père de Nicolas Kolt, qui s’appel en fait Fiodor Koltchine, qui le nom de mon arrière grand-père.  Ce sont les poupées russes que vous allez ouvrir jusqu’à l’infini avec ce livre.  Nicolas Kolt oui, c’est mon alter ego. Il pourrait être moi l’âge de 25 ans en version masculine, sauf que moi, lorsque la médiatisation avec Sarah m’est tombée dessus, j’ai la chance d’être très bien entourée et d’avoir une famille autour de moi qui me fais garder la tête froide.  Alors que lui a prit la grosse tête parce qu’il est tout seul. J’avais aussi  envie de décrire ce qu’il se passe lorsqu’un écrivain devient tout d’un coup célèbre.

Est-ce que, comme lui, vous vous êtes reposé sur vos acquis après le premier  succès, ou avez-vous toujours continué à écrire ?

Moi lorsque tout ça m’est arrivé, j’ai d’abord eu une trouille bleue.  Le fait qu’on commence à me regarder et à me reconnaître a été assez violent.  Pour lui, au contraire  c’est un plaisir parce qu’il est assez vaniteux et comme il les aime beaucoup, il adore que les femmes le regardent. Mais je n’ai pas fait comme lui, puisque moi j’étais déjà en train d’écrire Boomerang lorsque Sarah est sortie en 2007. Je n’ai pas laissé ce succès changer ma vie, et mon entourage non plus. J’aurais pu être aspirée par les paillettes, mais ce succès je l’ai eu 45 ans, ce n’est pas un âge auquel on a la grosse tête, ou alors on a une vie très pauvre.  Mais j’ai voulu montrer ce qu’il pouvait arriver lorsqu’on fait comme lui.

En plus des femmes,  Nicolas Kolt beaucoup les montres, comment est venue cette idée de lui donner cette passion ?

Oui, il a deux talismans, d’abord la montre que lui a donné son père pour ses 10 ans, qu’il a toujours avec lui, et puis il y a la montre que son père porté quand il est mort et qui le hante. J’avais envie de lui trouver une passion un peu différente de d’habitude et il s’avère que deux personnes très proches de moi, mon mari et mon éditeur ont cette même passion des montres vintage qui ont une véritable histoire.

Ces montres sont très détaillées, là aussi vous avait fait beaucoup de recherche ?

Eh bien non, j’ai simplement tiré les vers du nez à mon mari et à mon éditeur.   Je leur ai demandé quelle montre ils préféraient, lesquelles les faisaient rêver des choses comme ça.

On parle également beaucoup d’éditrice dans ce livre, si ce n’est pas indiscret, quel est le rapport avec la vôtre pendant l’écriture ?

 Alors pendant l’écriture, elle ne voit pas grand-chose. Elle sait que j’écris évidemment, elle sait à peu près sur quoi je vais écrire et en général reçoit le manuscrit à la fin.

C’est ma première lectrice avec Sarah Hirsch qui travaille également avec nous. Lorsque le manuscrit arrive, on travail ensemble sur le texte, puisque j’écris en anglais, puis, sur la traduction. Je ne me traduis pas moi-même, puisque je n’arrive pas à mettre assez de distance entre moi et mon texte. Je repasse après le traducteur et je change le texte à ma guise, pour ce livre, tellement travaillé que ce que vous lisez aurez pu être ma traduction.

C’est plus simple pour vous décrire en anglais ?

Ce n’est pas forcément plus simple, c’est que cela me vient en anglais. Mais j’écris des livres en français  comme Moka ou La mémoire des murs.  Cela aussi facile beaucoup les journalistes mais je n’ai pas vraiment de réponse, pour le moment c’est mon côté anglais qui ressort le plus, mais cela peut peut-être changer dans les années à venir.

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Le Mediateaseur remercie beaucoup Tatiana de Rosnay pour ce long entretien qu’elle nous a accordé. J’espère que vous aurez pris plaisir à le lire.

A l’encre russe, paru aux éditions Héloïse d’Ormesson est actuellement en librairie, et nous ne pouvons que vous inciter à le découvrir.


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