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Berlusconi modeste face à son triomphe éclatant

Publié le 15 avril 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Berlusconi
Crédit photo: Samuele Silva/FlickR 

Un cavalier qui surgit hors de la nuit


Par Sandrine KAFFER

Silvio Berlusconi signe son grand retour. Il a obtenu, avec une marge plus forte que le prévisions les plus optimistes pour lui l’annonçaient, la majorité aux élections législatives. Il devient pour la troisième fois, chef du Conseil italien. Un vaste programme, un allié imposant, une opposition constructive, une bipolarisation politique au détriment des petites formations politiques abandonnées par Veltroni.


"Je veux souligner que je suis très différent du président du Conseil que j'ai été en 2001, a-t-il déclaré lundi soir dans une réaction téléphonique, au cours d'une émission de télévision. Silvio Berlusconi a la victoire modeste. Il est très discret depuis hier soir, aucune apparition publique et la seule ITW a été donnée par radio.

 
Un programme

 Il a répété qu’il allait devoir prendre des mesures draconiennes, des mesures difficiles et impopulaires pour redresser l’économie italienne, en confirmant qu’il avait deux priorités. La gestion des ordures à Naples, qui accueillera le gouvernement de Berlusconi jusqu’au règlement de cette affaire. Et ALITALIA, avec de fortes chances pour que la résolution se fasse au détriment d’Air France Toujours par téléphone, il a annoncé la réouverture des grands travaux publics, la réduction des impôts sur les habitations, la ré-ouverture du dossier des retraites, mais aussi les réformes de l'école et de la santé interrompues en 2006 par l'arrivée du centre gauche au pouvoir.

 BOSSI, un allié important

 Berlusconi devra toutefois composer avec les exigences de la Ligue du Nord, et son leader Umberto Bossi. C'est d'ailleurs ce mouvement xénophobe et sécessionniste qui réalise la percée la plus remarquée. Il double presque ses voix et ses parlementaires et devient déterminant pour la majorité. La Ligue du Nord est connue pour ses prises de positions extrémistes concernant l'Europe et l'immigration clandestine

 Le gouvernement sera-t-il "conditionné" par cet allié incommode, comme le pronostique Walter Veltroni ? Le petit parti populiste et xénophobe a confirmé son ancrage profond dans le nord du pays, en obtenant des scores allant jusqu'à 35 % dans ses fiefs du Nord-Est.


Une opposition constructive

Walter Veltroni, leader du Parti démocrate réalise un bon score, mais le Rassemblement de Centre-Gauche reste à une dizaine de points de celui formé par le Peuple de la Liberté et de son allié, la Ligue du Nord.

Il déclare : "Comme cela se fait dans toutes les démocraties occidentales j'ai appelé le leader du Peuple de la libérté Silvio Berlusconi pour lui reconnaître sa victoire et lui exprimer mes voeux pour le travail qu'il l'attend".

Walter Veltroni a salué le score significatif de son parti seulement six mois après sa création et il a promis de continuer à travailler pour préparer le défi des réformes. "Aujourd'hui le réformisme italien est une force qui pèse entre 34 et 35% des voix. ". Walter Veltroni a promis que le Parti Démocrate fera une "opposition constructive" et il s'est dit prêt à travailler avec la nouvelle majorité de droite sur la réforme déterminante de la loi électorale et les autres réformes institutionnelles.

Un Constat : Bipolarisation renforcée

Pour la Repubblica, le journal italien de gauche, le choix des électeurs annonce la naissance d'une "troisième république" car ils ont préféré les deux grandes formations que sont le Parti démocrate (PD, centre gauche) de Walter Veltroni et la coalition de Berlusconi aux petits partis.

Ce choix implique une forte bipolarisation, au détriment de La gauche radicale, appelée gauche arc-en-ciel comprenant les communistes et les verts a littéralement perdu ses couleurs. Peu de voix et peut être aucun élu au Parlement. Son leader Fausto Bertinotti a même présenté sa démission. Il était pourtant le chef historique des communistes italiens du Parti refondation communiste et le président sortant de la chambre des députés. Autre grand perdant de ce scrutin anticipé, les centristes de l'UDC emmenés par Pier Ferdinando Casini.

Seulement cinq partis nationaux seront représentés contre une bonne trentaine lors de la précédente législature : le PDL et la Ligue du Nord à droite; le Parti démocrate et l'IDV au centre gauche; enfin, l'Union du centre (UDC, démocrate chrétien) qui maintient ses scores habituels (5,6 % et 5,7 %). Elle aura 36 députés et 3 sénateurs.

Pour la première fois depuis la naissance de la République italienne, socialistes, communistes et Verts ont disparus au Parlement Le responsable de ce "massacre des nanetti" (petits nains) s'appellerait Walter Veltroni. La décision du secrétaire du Parti démocrate de partir seul (ou presque) aux urnes, sans les encombrants alliés de l'ex-coalition Prodi. Il aurait donc précipité la simplification de la carte politique


Répartition des sièges

La droite italienne dirigée par Silvio Berlusconi aura 340 sièges sur 617 à la Chambre des députés, (46,8%), contre 239 à la gauche emmenée par Walter Veltroni, selon les résultats officiels définitifs publiés mardi matin. Les démocrates chrétiens de l'UDC de Pier Ferdinando Casini obtiennent 36 sièges (5,6%) et le parti populaire du Tyrol du SVP 2 sièges.

 Au Sénat, la droite aura également la majorité absolue de 168 sièges (47,32%) contre 130 à la gauche (38,01%) et 3 au centre (5,69%). Un scénario qui va bien au-delà des prévisions les plus optimistes pour Silvio Berlusconi.


Sarkozy félicite Berlusconi.

Dans un communiqué,on apprend que Nicolas Sarkozy a adressé mardi ses "plus vives félicitations" à Silvio Berlusconi pour sa victoire aux élections législatives italiennes. "Mon intention est d'engager avec vous et votre futur gouvernement une concertation très étroite, notamment pour préparer la présidence française de l'Union européenne", au second semestre 2008, écrit le président français. "Alors que nous avons des intérêts convergents sur la plupart des dossiers européens, l'appui de votre pays (...) sera éminemment décisif", ajoute-t-il. "Je me réjouis de la possibilité qui nous est ainsi donnée d'approfondir encore les liens traditionnels d'amitié et de coopération qui unissent nos deux pays", écrit encore M. Sarkozy. Le président termine sa lettre en exprimant à Silvio Berlusconi sa "très haute considération", avec la mention "et amicale" rajoutée à la main.


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