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Lincoln (Steven Spielberg, 2013)

Par Doorama
Lincoln (Steven Spielberg, 2013) Abraham Lincoln à une vision pour l'Amérique déchirée par la guerre de Sécession : l'abolition de l'esclavage. Pour lui, la fin de la guerre passe par cette loi fondamentale, la dignité du peuple américain passe aussi par l'adoption de cette loi. Commence un combat politique ou chaque voix compte, où chaque voix à rallier est un combat dans lequel le président, face à l'enjeu, jouera jusqu'à sa droiture.
Sacré Spielberg ! Une fresque monolithique sur ce monument historique de la vie politique américaine... Voilà ce qui attend le spectateur américain... Figure héroïque, courageuse et idéale du père, Lincoln est présenté comme un homme d'exception, intouchable, à qui l'on doit une décision historique. C'est ce combat politique que Spielberg choisit de mettre en scène, plutôt que la vie entière ou la carrière de Lincoln. Franchement ? On préfère revoir Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires plutôt que de subir une nouvelle fois Spielberg pétri d'admiration béate devant ce monstre américain... Voilà pourquoi...
Avec des réalisateurs intouchables comme Tim Burton, ou même Woody Allen, il y a belle lurette que nous avons rajouté à la liste des "grands réalisateurs qui nous fatiguent" le nom de Steven Spielberg... Il y a de ces noms qui, lorsqu'on les entend, font frémir la rédaction, de ces noms qui nous imposent une filmographie impressionnante, de grande qualité, mais qui ne nous font plus rêver du tout, voire même nous blasent, car nous connaissons déjà le film qu'ils nous proposent. Fini les Dents de La Mer, le mineur mais jouissif 1941, ou E.T. (en son temps)... Spielberg ne surprend plus, il enchaîne les films (toujours sans fautes, certes) avec une facilité déconcertante, sans sueur ni témérité, comme en pilotage automatique, comme pondus par une machine ! L'artisan faiseur de rêve n'est plus à nos yeux qu'un chef d'entreprise de laquelle ne sort que des oeuvres calibrées, à première vue parfaites, mais à y regarder de plus près trop lisses, dénuées d'aspérités et finalement sans réelle vie... Lincoln est de cette catégorie-là : une technique impeccable, mais un film sans vie, prévisible (même si c'est un biopic... on sait...). Après s'être battu contre des vampires, des zombies même, Lincoln se bat cette fois-ci avec des fantômes... Abraham Lincontre contre les fantômes ! Contre les fantômes du rêve qui ont déserté son cinéma.
On s'ennuie devant ce bloc de naphtaline convenu. On se demande s'il est destiné à un autre public que l'américain en dépit de son thème et de sa portée universelle affichée ! Lincoln est désespérément statique, il plie sous le poids de l'histoire, sous son propre poids. Comme affligé et tétanisé devant la portée de l'enjeu historique, Lincoln se fige à en perdre toute vie. Austère et tout en retenue, il semble se répéter sans cesse que "l'instant est grave" et en néglige tout aspect qui donnerait de l'air au spectateur. Day Lewis a été oscarisé pour son interprétation du président, et bien que l'ombre du grand homme soit à première vue imposante, un certain cabotinage ressort de celle-ci... Jusque dans cette voix chevrotante, qui au début saisit par son intensité, qui à la longue énerverait presque. Ah, qu'il est difficile de suivre 2h30 ce combat politique épique, mais pourtant livré au spectateur sous la forme d'un encéphalogramme plat.
Précis, techniquement irréprochable (encore que son accumulation de scènes hyper-picturales, à la manière d'un Barry Lyndon (ou d'un pot de yaourt La Laitière...) soit à la limite du poussif, exagérées et presque artificielles) et moralement inattaquable, Lincoln est un "gros film à oscar" qui vient se poser lourdement devant vous, s'imposer au point d'envahir à 110% votre champ de vision. Regardez comme je suis bien fait, regardez comme je suis bien interprété, regardez combien l'Amérique a été courageuse, regardez comme nous sommes un peuple humaniste, regardez le dernier Spielberg, regardez le film d'un géant soit-disant l'un des sommets de sa carrière... La rédaction de doorama à donc poliment regardé tout ça... Effectivement il y a une certaine forme de perfection devant nous (Spielberg reste un faiseur hors pair), mais qu'il y a t'il derrière ? Nous n'y avons pas trouvé grand-chose, mis à part un puissant ennui. Oui, Lincoln est du "Cinéma" ! Il est surtout comme ces décors-studios de villes de western, de simples façades de bois, sans rien derrière... Lincoln est presque sans vie, comme un livre d'histoire rébarbatif... Le genre de film historique qui déroule sa leçon avec minutie, mais qui oublie de lire entre les lignes... Une leçon récitée par coeur, sans aucune faute, mais qui reste désespérément clouée à la superficialité de sa forme. On étouffe, on s'ennuie, on manque d'espace... Le dernier Spielberg, un excellent cru parait-il, est un film "inattaquable", puisque le maître serait au sommet : que nenni ! Si tout est bien sur l'écran, sachez que derrière "il n'y a plus rien" : un cinéma en mode pilotage automatique, comme industrialisé, désespérément lisse, sans âme et sans vie ! Faux chef d'oeuvre authentique garanti !
Lincoln (Steven Spielberg, 2013)

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