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Le  »mariage » pour tous ?

Publié le 01 avril 2013 par Halleyjc

Bilan résumé d'une réflexion sur le thème:
''Toutes les unions honorables ne sont pas des mariages''
(association CSLR)

DU POINT DE VUE DES FAITS

Le mariage est une institution reposant sur un contrat d'union, solennel et public, enregistré réglementé et favorisé par la société, scellé entre un homme et une femme, visant la mise en place d'un cadre stable et sécurisé (famille, logis...), cadre dont l'objet principal reste l'articulation affective, sexuelle et matérielle des conjoints en vue la conception et l'élevage d'enfants dans les conditions optimales (projet procréatif et parental).

Cette définition est globalement valide, partout dans le monde, depuis des millénaires.

Il existe cependant une composante relativement stable de la société humaine (de l'ordre de 5% de la population générale), qui ne peut s'accommoder de cette  institution; il s'agit des individus dont la sexualité ne repose pas sur la différence sexuelle.

Pour la clarté et la simplicité du propos, il ne sera question ici que de personnes ayant une préférence sexuelle affirmée pour les personnes de même sexe et ne se livrant qu'à des activités sexuelles non incestueuses, non violentes, avec des adultes consentants.

Après des siècles de mépris et de persécution contre les homosexuels, qui se voyaient condamnés à vivre leur sexualité à la sauvette, dans le désordre, la misère sexuelle et l'insécurité sanitaire, la société moderne a pris conscience que l'homosexualité était un simple caprice de la nature, frappant les individus de manière aléatoire, et présent dans toutes les espèces; il est donc devenu évident que cette situation n'impliquait aucune culpabilité des personnes concernées et que ce constat justifiait donc une  attitude nouvelle, reposant sur une analyse mesurée et réfléchie.

Il faut ajouter que le monde actuel présente comme un droit la recherche légitime du bonheur individuel (dans les limite -bien sûr- du respect dû à autrui), et souligne que l'ingrédient principal de cette quête est l'estime de soi; ce sentiment dépend de divers facteurs intimes mais aussi du regard que renvoient la famille, les proches, le tout-venant dans la rue, ainsi que du sentiment dominant qui s'exprime dans la société; l'évolution bienveillante du sentiment populaire et la reconnaissance publique ne peuvent donc que contribuer à la restauration de l'estime de soi chez l'individu homosexuel et à son épanouissement personnel dans la société, au bénéfice de tous.

L'union civile des homosexuels devra donc être un contrat d'union, solennel et public, enregistré, réglementé et favorisé par la société,  scellé entre deux personnes de même sexe, visant la mise en place d'un cadre stable et respecté, où l'articulation affective, sexuelle et matérielle des conjoints permette leur épanouissement, dans la sécurité et le respect des impératifs de la santé publique.

Force est de constater que ce dispositif, tout à fait légitime, n'a rien à voir avec le mariage, au vu de la définition plus que millénaire de cette institution (cf ci-dessus):

-les contractants, étant de même sexe, ne répondent en rien à la caractéristique principale du mariage

-l'objet même de cette union, parfaitement respectable et justifiée au demeurant, ne comporte a priori aucune vocation ''procréative'' ou parentale

DU POINT DE VUE DU DROIT

-Les mots ne sont pas innocents, surtout lorsque leur signification s'est mise en place et fortifiée sur des millénaires;  l'idée de présenter comme un «mariage» le contrat d'union civile légitimement prévu pour les homosexuel revient à confier au couple homosexuel une fonction parentale qui n'est pas la sienne.

Il est une donnée juridique majeure qui a un peu été perdue de vue durant ce débat: des textes internationaux protègent sans ambiguïté les droits de l'enfant.

Il ne font que rappeler ce que toute l'histoire de l'humanité et des droits humains nous enseigne, à savoir qu'un enfant ne devrait jamais être privé volontairement de sa filiation avec son père et sa mère biologiques, de la possibilité de se construire autour de cette donnée, et de  parachever son identité sexuelle face à leur dualité; le priver sciemment de ces éléments, c'est porter atteinte à ses droits fondamentaux et lui faire violence (même le simple don de sperme, dès lors qu'il prétend à l'anonymat total et définitif, pose de graves problèmes à cet égard).

En conséquence, si un homosexuel vivant en couple souhaite avoir un enfant de son sang, il devra se soumettre à des  règles intangibles, qui relèvent soit de la nécessité biologique, soit du respect des droits de l'enfant :

-le concevoir avec une personne de l'autre sexe (rapport sexuel ou, au besoin, Procréation Médicalement Assistée);

-veiller à ce que le second parent biologique joue au moins au niveau symbolique son rôle parental  et puisse, à coup sûr, renseigner la filiation de l'enfant;

-obtenir au besoin de la loi que son conjoint homosexuel puisse partager ses responsabilités éducatives auprès de l'enfant, mais seulement au titre de tiers intéressé (un statut original de ''parrain'', ou de ''co-tuteur''...), ne supplantant en rien le second parent, en particulier sur le plan symbolique.

Par contre, dans l'hypothèse d'une adoption, il faut garder en mémoire que le sujet principal reste l'enfant; abandonné ou orphelin, il est d'emblée victime, comme indiqué ci-dessus, d'un préjudice grave qui sera la cause d'un véritable traumatisme le jour ou il en prendra conscience; l'enfant va donc souffrir d'un déficit de filiation, dont il tentera de se guérir -avec plus ou moins de réussite- par divers moyens (s'enfermer dans le déni, s'adonner à une révolte stérile et destructrice, se livrer à une quête obsessionnelle de sa filiation biologique, se surinvestir de manière étouffante dans son propre couple, ou renoncer au contraire à fonder une famille...); en attendant, seul le choix judicieux de la famille adoptante lui permettra d'être élevé  de manière adaptée, ce qui revient à obtenir:

-qu'il ait la possibilité d'imiter de son mieux le comportement de ses parents adoptifs en prenant en compte leur dualité; cette attitude est caractéristique chez de nombreux mammifères supérieurs, et en particulier chez les primates; il s'en émancipera partiellement à l'adolescence puis en devenant adulte, mais il s'agit d'un comportement essentiel, aux âges décisifs de la petite enfance, pour la mise en place d'une personnalité équilibrée;

-qu'il apprenne, de ses parents adoptifs et des autres adultes de confiance, les règles de comportement ''permettant aux hommes de vivre commodément ensemble'';

-qu'il puisse assimiler des connaissances qui lui seront transmises à l'école ou dans la vie quotidienne;

Quel que soit l'honorabilité morale et les qualités intellectuelles voir éducatives du couple d'homosexuel auquel on confierait un de ces enfants à problèmes, ce couple ne présentera à l'enfant qu'un modèle:

-impossible à imiter si l'enfant a une franche détermination hétérosexuelle (situation présente dans près de 95% des cas)

-inapproprié si l'enfant est faiblement déterminé dans ce domaine, et cherche sa voie (alors que sa prise en charge par un couple hétérosexuel lui garantirait au moins une chance de basculer vers une sexualité banale, infiniment plus facile à vivre par la suite)

La ressource des enfants en bas âge est telle que beaucoup d'entre eux s'en sortiront quand même, mais à l'évidence, cela ne se fera pas sans générer des dégâts et laisser des cicatrices psychologiques.

Est-ce le sort que la société doit offrir à des orphelins, dont le départ dans la vie est déjà compromis, et dont le devenir psychologique est jonché d'incertitudes?

Ce sort sera-t-il réservé aux seuls orphelins recrutés dans le tiers monde, dont la souffrance identitaire sera encore majorée par la différence de type physique?

DU POINT DE VUE DU RESPECT QUE LES PERSONNES ET LES GROUPES HUMAINS DOIVENT SE TÉMOIGNER DE FAÇON RÉCIPROQUE

Après avoir exposé les raisons objectives (d'ordre technique et juridique) qui montrent que l'union   de deux personnes de même sexe ne peut être appelée mariage, il convient de s'intéresser aux raisons subjectives de rejeter cette appellation pour un couple homosexuel.

On entend répéter avec complaisance que plus de 50% des Français seraient favorables au ''mariage gai'', ce qui le rendrait justifié du point de vue démocratique.

On entend aussi dire que le fait de présenter comme un ''mariage'' cette l'union civile, projetée pour les homosexuels, n'enlève rien aux tenants du mariage millénaire.

Ces affirmations sont clairement erronées pour  au moins trois raisons:

-si dans le monde moderne, la plupart des gens sont d'accord pour reconnaître aux homosexuels le droit de former des couples, et de bénéficier dans ce cadre approuvé par la société, d'avantages sociaux, fiscaux, et patrimoniaux comparables à ceux qui sont accordés à ceux qui se marient, le raccourci ''mariage gai'' utilisé dans les sondages ne permet évidemment pas aux sondés d'exprimer leurs nuances quant à l'utilisation du mot ''mariage'' dans ce cas, alors même que ce mot implique une vocation ''procréative'' et parentale inexistante par nature dans le couple homosexuel, or c'est justement cette partie essentielle du problème qui ne peut être traitée dans le cadre binaire d'un sondage.

-le mariage est à l'évidence une institution et un rite chargés de sens symbolique pour une part importante de la population. On ne peut disposer du nom et du prestige d'une telle institution au mépris du sentiment et de l'avis de ceux-là même qui lui  confèrent toute son aura: c'est donc bien ceux qui vivent en couples mariés ou projettent de le faire un jour qui devraient être consultés au premier chef; si les cinquante et quelques % d'avis prétendument favorables au ''mariage gai'' proviennent de ceux qui ne se marient pas et qui professent la plus grande indifférence vis-à-vis de cette institution (ce qui est leur droit le plus strict), quel intérêt peut avoir un sondage de ce genre?

-ajoutons qu'en matière de  symboles, l'intime conviction fait loi; on ne touche pas un rite, un symbole ou une institution à coup de sondages; l'appellation ''mariage gai'' n'enlève rien de matériel aux tenants du mariage, mais cette dénomination crée la confusion entre deux institutions foncièrement différentes et brouille l'image du rite millénaire auquel sont attachés la plupart des gens mariés; si l'évolution d'un rite se révèle nécessaire, on se concerte de manière élective avec ceux pour lesquels ce rite a du sens; s'il s'agit d'une minorité, cette démarche s'appelle le respect;

c'est ainsi par exemple que les rites d'abattage prévalant dans certain groupes humains de notre société (avec le label qu'y s'y rattache) font l'objet de critiques, mais ne seront évidemment  pas remis en cause de manière autoritaire, au seul prétexte qu'une majorité -non impliquée dans ces rites-  les juge désuets.

Respecter quelqu'un, c'est avant tout s'abstenir de blesser indûment le sentiment de cette personne, ou de compromettre indûment ses intérêts matériels ou moraux.

Les homosexuels sont légitimement et passionnément en quête de respect dans notre société; il n'est pas de bonne pratique de les engager dans une démarche à train forcé qui sera inévitablement perçue comme irrespectueuse du sentiment, et des intérêts moraux de la grande majorité des tenants du mariage traditionnel, ainsi que comme un entorse inacceptable aux droits de l'enfant.

P.   HAZAËL-MASSIEUX


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