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Deux esprits

Publié le 03 avril 2013 par Aiglebleu

oiseaux avec petitsBien des lecteurs m'ont demandés des questions sur l'homosexualité.

J'ai clairement ressenti derrière leurs questions que c'était une question complexe et délicate qui suscitait en eux des émotions contradictoires. Je crois qu’il est important de bien l'étudier afin de donner un contexte où chacun peut se respecter et trouver la paix avec lui-même (elle-même) et les autres. Ultimement je pense que tous et toutes nous recherchons dans nos relations de nous sentir utile et à notre place. Comment contribuer à la communauté, comment contribuer à un couple qui souhaite donner une place au paradis terrestre pour des nouveaux nées désireux de vivre? Regardons ensemble tout cela et svp si vous avez des commentaires ils sont importants pour notre réflexion.

Un lecteur m'indique qu'il existe deux sortes d'homosexualité. L'une est mono sexuelle : seul le genre auquel on appartient biologiquement est apprécié, chez soi comme chez l'autre, le genre opposé ne suscitant que l'indifférence. L'autre est bisexuelle : le genre opposé y est apprécié, en soi ou chez l'autre, et les relations y sont colorées par la dualité homme-femme, à l'image de ce qui se produit dans les couples hétérosexuels.

La tradition d’origine des Premières Nations a, je trouve, une attitude très saine envers l'homosexualité. J'ai rencontré des hommes, très confortables avec leur orientation sexuelle, parce qu'ils avaient été acceptés dès leur plus jeune âge pour ce qu'ils étaient. En effet, les grand-mères, qui savaient reconnaître les caractéristiques spécifiques de ces très jeunes enfants (avant l'âge de 3 ans), savaient honorer les deux-esprits. Ils sont appelés « deux-esprits » car ils possèdent en eux les deux dispositions, masculines et féminines. Ceci rejoint et corrobore les études qui affirment que l'homosexualité est en fait une prédisposition encodée dans l’ADN.

Je m'aperçois qu'il y a quelque chose qui me dérange depuis le début de cet article. Ce sont les termes «homosexualité» et «orientation sexuelle». Ceci a en fait peu à voir avec la sexualité et tout à voir avec la vie. La civilisation actuelle est obsédée par la sexualité et a, en fait, détourné la véritable essence de la rencontre d'amour qui crée la vie pour en faire un plaisir éphémère et fugace qui laisse insatisfait et vide. Cette fixation sur l'acte sexuel et les innombrables tabous et perversions qui l'accompagnent sont les symptômes de la confusion dans laquelle nage la civilisation moderne dans sa compréhension de l'être humain. Plus l'homme civilisé perfectionne les machines qui remplissent sa vie et la culture qui l’accompagne (ce que j’appelle la technocratie), plus il perd la compréhension de sa nature véritable. Bref, je ne parlerai plus d'homosexuels, mais de deux-esprits, et pas de l'orientation sexuelle, mais plutôt d'un choix ou d’une polarisation interne.

Les communautés amérindiennes acceptaient les deux-esprits comme des êtres spéciaux qui avaient des dons particuliers (et certaines familles et nations ont toujours cette même compréhension aujourd'hui). Voici des femmes qui avaient une force d'homme et des guerriers qui avaient l'intuition d'une femme. Très utile dans la vie communautaire. Quant au mariage et à la capacité de créer, la vie, la tradition qu'avaient la plupart des nations d'accepter la polygamie, permettait que tous les êtres puissent s'exprimer et contribuer à bâtir une vie de famille. L'homme qui préférait vivre comme une femme pouvait être la seconde épouse d'un chasseur et ainsi contribuer à la vie de cette famille. La femme guerrière pouvait s'habiller en homme, être mariée avec une femme, mais aussi avec un homme et pas nécessairement avec un autre deux-esprits. Elle pouvait ainsi concevoir et élever des enfants ou contribuer à élever les enfants de ses "épouses".

Chez les Lakota (une des tribus de la Nation Sioux) il existe le terme "winkte"[1], terme qui désigne un homme ressentant le besoin de vivre et d'exprimer la part de féminité qui est en lui. Les winkte chez les Lakotas sont des chamans qui vivent comme les femmes. Ils sont très respectés. Le winkte exprime un rôle et un caractère ambigu et alternatif homme-femme, dans un sens sacré. Ce sont eux qui donnent les noms de pouvoir aux nouveau-nées. Ils guérissent par des chants sacrés et jouent aussi le rôle de médiateurs conjugaux car, de par leur appartenance aux deux sexes, ils peuvent intervenir dans les disputes entre les hommes et les femmes. Ils étaient très liés aux guerriers et pouvaient être consultés pour prédire la victoire ou la défaite d'une bataille à venir. Ils accompagnaient les guerriers lors de leurs sorties, soignaient les blessés et dirigeaient la danse de la victoire à leurs retour au camp. Les hommes qui adoptent ce rôle deviennent souvent Winkte à la suite d'un rêve ou d'une vision. C'est une mission sacré, un sentier spirituel qui est utile et apprécié dans la nation Lakota.

Dans d'autres nations le chaman pour pouvoir être efficace dans son rôle de guérisseur et conseiller de la communauté devait bien connaître les particularités de chaque polarisation interne. Ainsi, le chaman devait vivre comme une femme pendant une année parfois deux. Il s'habillait comme une femme, travaillait avec les femmes aux tâches spécifiques qu'elles accomplissaient et imitait de toutes les manières possibles les comportements et les habitudes des femmes. Cette phase était un délice pour toute la communauté. En effet, rien de plus drôle pour les femmes de voir un homme tenter d'imiter, maladroitement au début, toutes leurs tâches et manières de vivre et pour les hommes aussi c'était d'un grand comique. Mais au bout de quelques mois ces boutades cessaient à mesure que l'homme-femme devenait véritablement intégré dans son rôle. Et bientôt les quelques boutades qui surgissaient étaient aussitôt défendues par les femmes qui reconnaissaient dans le chaman une des leurs. À la fin de sa période de formation le chaman avait une compréhension intime des problèmes et des besoins des femmes et était plus en mesure de répondre aux besoins de toute la communauté.

Ainsi, nous voyons que tous étaient acceptés et honorés dans la vie communautaire des Premières Nations d'antan dans la mesure où ils ou elles étaient utiles et remplissaient un ou plusieurs des innombrables rôles dont la communauté avaient besoin pour vivre. Comme dans toute communauté, pour mériter l'estime et le respect des autres membres, les gens devaient prouver qu'ils étaient de véritables êtres humains, autonomes et souverains, capables de subvenir à leurs besoins et de contribuer à la vie communautaire. Qu’ils soient différents en fait, importait peu, ce qui importait était leur contribution à la vie communautaire et leur développement en tant qu'être humain véritable[2].

J'ai rencontré des Amérindiens qui étaient très confortables avec qui ils étaient et en fait avaient des qualités et des dispositions remarquables parce qu'ils étaient en paix avec leur polarisation interne. J'ai aussi rencontré des hommes et des femmes avec de gros problèmes. Plusieurs sont morts du sida et n'ont jamais trouvé la paix. Bien que certains soient devenus des amis et que nous ayons partagé bien des événements spirituels et même travaillés ensemble, ils n'ont jamais vraiment réussi à trouver un équilibre et une paix qui auraient permis d'offrir une contribution significative à la communauté qui les entourait. Lorsque la possibilité de guérir de leur affliction leur fut proposée, car certains chamans amérindiens peuvent guérir ces maladies devant lesquelles la médecine officielle est impuissante, ils n'ont pas accepté. Leur tumulte et leur sentiment de rejet interne étaient si fermement incrustés qu'ils ont en fait préféré la mort.

Je pense que tout cela est en fait un problème de compréhension de la nature profonde de l'être humain. Le système qui manipule actuellement le monde, qui se présente sous l'apparence du progrès et qui influence et conditionne les institutions éducatives à travers le monde, ne donne aucune importance à la découverte du sens de la vie. Les questions telles que "Qui suis-je?", auxquelles chaque être humain doit répondre, ne sont pas considérées au sein du système, de cette matrice artificielle qui conditionne et médicamente l'être humain afin de mieux le contrôler. Alors, les gens "différents" sont laissés pour compte et peuvent développer des pathologies psychiques et physiques qui les rendent incapables de trouver l'espace de paix intérieure qui pourrait conduire à la compréhension de qui ils sont.

Il est important de respecter tous les êtres pour ce qu'ils sont. Il est primordial que chaque être humain se "trouve", parviennent à la paix du cœur et de l'esprit afin de pouvoir offrir une contribution au monde dans lequel il vit. Ce sont des vérités simples, mais qui ne sont pas comprises ou accepter dans les sociétés technocratiques ou l’uniformisation, je dirai même la robotisation, est une condition essentielle au bon fonctionnement du système.

Mais l’Être Humain Véritable est libre. Nous ne sommes pas prisonniers du système si nous décidons d’assumer notre condition d’Homme et d’être pleinement qui nous sommes. Ainsi, chacun peut trouver la voie qui lui permet de s’épanouir et de trouver la paix, la joie et l'amour.

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Aigle Bleu

Contributions de P. Looshmaker



[1] Le mot originel est "Winyanktehca" mot qui fut contracté à Winkte à force d'être utilisé. Il se traduit par Deux Âmes. Pour plus d'informations voir cet article: http://www.gender.org.uk/conf/trilogy/winkte.htm

[2] Pour plus d'info sur la notion d'Être Humain Véritable lire mon volume Le Sentier de la Beauté disponible chez Invocation.


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