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L'Eglise et la "peine de mort" , au regard du Mariage pour tous...

Par Perceval

Concernant les arguments qui relèveraient de l'anthropologie chrétienne ou de l'enseignement de la parole, et qui s'opposeraient au «  Mariage pour tous »... Je voudrais reprendre le débat sur la peine de mort, qui lui aussi participa au débat de société, et sur lequel la même source d'arguments pouvait être présentée...!

Jean-Georges Cornélius, ( 1880-1963 )

Je précise, bien sûr, qu'à mon avis, aujourd'hui, en conscience je ne peux qu'être opposé à la peine de mort...

Le récit résumé de cette histoire de l'abolition de la peine de mort, est à mon avis riche d'enseignement, sur l'utilisation par l'institution des textes bibliques, et des fondamentaux d'une " anthrolopologie chrétienne "..!

 Les textes bibliques, et la Tradition : 

« Le vengeur du sang fera lui-même mourir l’assassin ; quand il le rencontrera, il le tuera »(Nombres 25, 19).

« Quiconque aura répandu le sang de l’homme, que son sang soit répandu » (Genèse 9, 1-6).

Et qu'en est-il, alors du commandement :« Tu ne tueras point »? « Il s’agit d’une notion juridique complexe comme l’expose André Chouraqui. En effet, la traduction exacte serait « Tu n’assassineras point » et ceci ne concerne en aucun cas l’homicide en cas de guerre, la légitime défense ou la peine de mort prononcée par un tribunal régulier. »

 Encore ... Parmi les arguments du maintien de la peine de mort:

Ne pourrait-on pas dire que le Christ autorise indirectement la peine capitale en disant que mieux vaut pour l’homme être condamné à mort par noyade que de commettre le péché de scandale (Mt, XVIII, 6). Et dans les Actes V, 1-11, il est clair que la peine de mort ne faisait pas horreur à la communauté chrétienne primitive, puisque les époux Ananie et Saphire, coupables de fraude et de mensonge au détriment des frères, comparurent devant saint Pierre et furent frappés de mort.  Enfin, on pourrait aussi utiliser le passage de Rom. XIII, 4, qui donne aux princes le glaive de la justice (jus gladii) et les appelle “ministres de Dieu pour châtier les mauvais”....

Cependant, dans les faits : Jusqu’au IVème siècle après Jésus-Christ, l’Église est entièrement contre la peine de mort.

 Ensuite: ...!

L'inquisition fût créée vers 1199 par le pape Innocent III 

En 1199, Le pape affirme alors dans la décrétale Vergentis in senium: « Si les criminels de lèse-majesté sont condamnés à mort […], à plus forte raison ceux qui offensent le Christ doivent-ils être retranchés […], car il est beaucoup plus grave d’offenser la majesté éternelle que d’offenser la majesté temporelle  ».
Au Moyen Âge, l’Église livre le coupable au pouvoir laïque qui est alors contraint de procéder à l’exécution de la peine. L’interdépendance du religieux et du politique a fait du délit d’hérésie un délit politique, punissable de mort.

Finalement, l’Église chrétienne, bien que réticente à l’égard de la peine de mort, l’accepte :« Le chef suprême de la cité a le pouvoir coercitif ; il peut donc infliger des peines irréparables comme la mort et la mutilation ». Saint Thomas d'Aquin (Somme théologique, II II 65 2 )

Toutefois l’Église ne doit jamais décider elle-même de la mort du coupable. Le cas échéant, c’est au pouvoir laïc de la décréter et de l’appliquer. 

Des écrivains remettent en cause la peine capitale, ainsi Victor Hugo écrivant le Dernier jour d’un condamné en 1829, ou Lamartine protestant contre la peine de mort dans sa poésie (ode Contre la peine de mort écrite en 1830) ou dans ses interventions comme député.  

Ensuite, et pas avant le XVIIIème siècle, le mouvement abolitionniste gagne, de nombreux milieux intellectuels. L’abolition de la peine de mort se situe dans un contexte de contestation et d’idéologie de progrès social, en opposition à l'Eglise, sur ce point et bien d'autres ….

Sous l’Empire et la Restauration, les exécutions continuent. à la liste déjà longue du Code pénal, plusieurs lois viennent ajouter de nouvelles infractions sanctionnées par la peine capitale. Un texte resté célèbre est celui du 20 avril 1825 : la « loi du sacrilège » envisage la sanction suprême pour profanation en public de vases sacrés renfermant des hosties consacrées. Bien loin de relever le prestige de l’Église, comme le souhaitait le souverain Charles X, c’est l’Église qui subit l’impopularité d’une mesure trop extrémiste et aucun jury n’ose appliquer la loi. Par la suite, quelques auteurs isolés (l’abbé Lenoir dans le Dictionnaire de théologie, 1875), s’élèvent contre la peine de mort.

En 1969, l’Etat du Vatican supprimait la peine de mort pour tous les crimes.

En 1991, les évêques de France se sont exprimés contre la peine de mort. Nous lisons en effet dans le Catéchisme pour adultes : « Pour des raisons diverses, beaucoup de pays ont aboli la peine de mort. Le chrétien ne peut que se réjouir de voir ainsi se développer le sens du respect absolu de la vie. Cependant, la justice doit être assurée et la société protégée. Mais, quels que soient ses crimes, une personne humaine reste un enfant de Dieu que l'on doit respecter comme tel. L'espérance chrétienne croit toujours l'homme capable de s'amender. » (Les évêques de France. Catéchisme pour les adultes, no 588.)

« J'attire l'attention des responsables de la société sur la nécessité de faire tout ce qui est possible pour arriver à l'élimination de la peine capitale. » Ce propos du pape Benoît XVI a été signé le 19 novembre dernier au Bénin  


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