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Le monastère de Saint-Antoine de Torcello raconté par les chats

Publié le 07 avril 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

C’est encore grâce à nos amis les chats de Torcello que nous allons faire un voyage dans le passé, qui est simplement prodigieux.

Les chats de l'Office de Tourisme de Torcello

Voici le récit, fait par ces félins derniers témoins d’un temps qui a totalement disparu, et dont il ne reste plus aucune trace :

Les premières informations concernant Sant’Antonio di Torcello sont au monastère de San Giorgio Maggiore dans un document daté de janvier 1216. Dans ce contrat, Marco, l’abbé du monastère concède à frère Tommaseo, prêtre et moine, certaines terres de l’île. La zone en question est défini comme terra et aqua super labente, décrivant une situation particulièrement difficile à vivre en raison de la submersion continue et périodique de ces terres par la marée.
Le document présente aussi les indications géographiques utiles pour identifier ce lopin de terre. Les limites ont été établies comme portu de Maioribus, la vinea Beta, le vinee qui étaient détenues par Domenico Orio et un côté de la Vigna Beta qui était devenue marécageuse.

Isola di Sant'Antonio

En accordant certaines portions de terres au moine Tommaso, le monastère de San Giorgio demande expressément qu’il doit être “ubicumque tibi loco placueris heddificandam ecclesiam ad honorem Dei et sancti Antonii” et de prévoir la construction d’un édifice sacré dédié à Sant’Antonio, et pour rendre plus attrayant sa proposition, le monastère renonce à la perception du dixième pendant toute une décennie. Les moines pourront “potestatem habere supra easdem suprascriptas petias de terra et vinea et aqua superlabente vineas plantandi”, cultiver la terre et planter de la vigne, seminandi furmentum et pomerium, essentiellement quidquid placuerit.

Tommaso, cependant, doit encore s’efforcer de construire extra circuitum ecclesie des maisons qui pourraient faire la clôture d’un monastère.

Il serait donc possible d’en déduire que la fondation du monastère de Sant’Antonio di Torcello remonte au XIIIe siècle.

La fondation de l’institut religieux par le nouveau moine est certifiée plus tard, en 1217, deux ans plus tard, dans un parchemin rédigé dans le monastère de san Zaccaria, dans lequel Pietro Lombardo attestera la réclamation devant le tribunal par Angelo Orio contre le même Tommaseo, appelé prior Sancti Antonii de Littore, ou prieur de Sant’Antonio del Litorale, confirmant ainsi l’existence d’un complexe monastique dirigé par le moine Tommaseo.

Cependant, en 1222, Tommaseo n’avait réussi à occuper qu’une partie seulement du terrain concédé par le monastère de San Giorgio. Il fut donc contraint d’accorder le reliquat des biens à un certain Marco Ferraguto, clui donnant “totam illam terram que appellatur vinea Beta, et totum litus a portu murianensi usque ad portum de Torcello”, avec l’obligation de “incolumen lucere ipsam terram que bona fuerit pro ipso opere, et vineas et orto ibidem”.

La survie du monastère est encore certifiée en 1225, dans un document dans lequel l’évêque de Torcello, Stefano Natale, donne l’église dà Cristoforo, prêtre et prieur de Saint-Antoine, et selon la volonté du doge Pietro Ziani en 1228, lègue au monastère la somme de dix livres.

Isola di Sant'Antonio

Selon les nouvelles de Flaminio Corner, à la mort de ce prêtre, le monastère de Saint-Antoine a été donnée aux religieuses de Saint-Cyprien de Mestre, en 1246, l’année où la propriété passa sous la juridiction de Santa Maria e Donato de Murano. Sous la conduite de l’abbesse Oliva, les religieuses, poussées par la crainte de la guerre, trouvèrent un bâtiment en bois en complète désuétude et, entreprirent la construction d’un ensemble monastique, auquel elles donnèrent le nom de Saint Antoine Hermite. Elles devaient faire présent de deux phioles de vin à leur évêque, chaque année, et l’inviter tous les trois ans à le fête solennelle de leur saint patron. Lors du déplacement annuel de l’évêque à Grado, elles étaient obligées de lui donner, hiuit sols, une natte pour son usage pendant le route, et 15 oboles pour la Marciatica. En raison de leur situation difficile, elles ont obtenu, au quinzième siècle une exemption de la dixième. En 1330, l’évêque de Torcello, avec le consentement du patriarche, leur autorisa de construire un pont reliant le monastère à l’île voisine de Torcello.

L’église était très bien ornée, avec des peintures de maîtres célèbres. Matteo Ponzon y avait fait une Sainte Perande. Il y avait des oeuvres de l’école du Bonifacio, de l’Aliense… mais les œuvres les plus estimables étaient de Paolo Veronese qui y avait beaucoup travaillé. Il avait peint le tableau du maître autel, les deux prophètes de chaque côté de l’autel, ainsi qu’un admirable orgue, entièrement peint. Sur la façade gauche de l’église, dix cadres représentant la vie de Sta. Catarina étaient aussi de sa facture.

Les sœurs bénédictines, conservaient, comme trésor, un des clous avec lequel Jésus Christ avait été crucifié, et le corps de Sainte Christine, vierge et martyre, qui provenait du monastère de S. Marco d’Amiano, d’où il fut enlevé en 1432.

En 1432, l’église et le monastère font l’objet d’une restauration à l’occasion du transfert des religieuses de Santi Marco e Cristina di Ammiana ; l’institution survivra jusqu’à sa suppression en 1806, l’année où les religieuses rejoignent celles de San Matteo di Murano.

Après l’abandon et le pillage par les français, les bâtiments seront démolis.

Vous pourrez approfondi ce sujet avec cette source :

P. Sfameni, Il monastero di Sant’Antonio di Torcello. Nuovi elementi per lo studio della sua origine, Archivio Veneto, V (2007).

Carte de Torcello au XVIIème siècle


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