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Histoire du Genevois - des Allobroges à la Réforme

Publié le 08 avril 2013 par Pierrehk

Avec cet article commence la grande saga de notre territoire du Genevois, qui va nous faire traverser les siècles tout en se focalisant sur notre ville de Saint-Julien-en-Genevois. Le déroulé de cette histoire  va nous faire découvrir ce qu'il est advenu pendant plus de 2000 ans sur ces terres, autrefois patrie de nos ancètres, les Allobroges.

Les Allobroges et la conquète romaine

C'est au IIème Siècle Av JC que l'on parle pour la première fois du peuple Allobroge qui occupait notre territoire, lors de la traversée des Alpes par Hannibal. Les Allobroges furent longtemps des rebelles à l'autorité romaine et la conquête du territoire des Allobroges par les Romains se fit en plusieurs étapes entre -122 et -60 avant JC.

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Le territoire de Allobroges

La victoire romaine du proconsul Fabius Maximus, en -121, permit aux Romains la conquête du pays des Allobroges, et son incorporation à la province romaine de la Narbonnaise. Le succès du consul Fabius Maximus lui vaudra alors le surnom de « Allobrogicus »

Après la victoire de Fabius Maximus, les Allobroges furent désormais soumis aux Romains, et leur territoire forma le premier noyau de la Province transalpine. Les Romains écrasant le pays de lourds impôts, et leurs délégations à Rome étant infructueuses, en -62/-61, les Allobroges se révoltèrent dans l'avant-pays viennois et reprirent les armes mais ils furent à nouveau battus près de Valence . La conquête des terres allobroges par Rome fait de Genève une ville romaine qui, peu avant l'an 280 sera érigée en évéché, centre d'un vaste diocèse.

C'est Jules César qui parle le premier de Genève et du Genevois dans son récit de la Guerre des Gaules, quand il explique comment il est venu ici pour arréter les Helvètes, qui avaient décidé de quitter leurs terres au nord du lac Léman pour se rendre et s'installer en Saintonge, près de l'Océan Atlantique. A l'époque deux passages étaient possibles pour un tel voyage, l'un à travers le Jura et l'autre à travers le Rhône. C'est ainsi que Jules César fit abattre le pont qui enjambait le Rhône à Genève et qu'il installa des barricades pour protéger le passage connu aujourd'hui sous le nom de Fort l'Ecluse.

Victorieux  près de la Saone, César renvoie les Helvètes dans leur pays et exige des Allobroges de leur fournir du blé puisque ceux-là avaient tout brulé avant de partir pour rendre leur migration sans retour. Il ordonne aussi aux Helvètes de reconstruire leurs villes et leurs bourgs pour se prémunir d'une invasion des Germains sur un territoire fertile mais déserté.

Les Burgondes

En 443, le peuple Burgonde vient s'installer au bord du Lac Leman, en Sapaudie (le pays des sapins), et fonde le premier royaume de Bourgogne, avec pendant 30 ans, Genève comme capitale de leur royaume. Ses souverains les plus glorieux, Gondebaud et son fils Sigismond, gouvernent alors un territoire qui s'étend de Langres à Marseille et du Rhin à la Loire, et dont Lyon est devenue la capitale.

NB: Les vestiges burgondes retrouvés à St-Julien, tels ce cimetière découvert dans la Grande Rue en 1874, puis les ossements trouvés au Puy Saint Martin dans les années 1970, confirment l'existence d'une bourgade sur ce site dès cette époque. Il est toutefois probable que la localité fondée par les Burgonndes fut entièrement détruite lors des convulsions du Moyen age et disparut sans laisser de traces.

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Mais l'existence de ce royaume fut éphémère à cause des visées franques de Clovis et de ses fils qui l'attaquent sans cesse et qui y mettent fin en 534. Le royaume Burgonde, qui conserve son individualité, est alors intégré aux royaumes merovingiens. Le royaume de Bourgogne cesse d'apparaître en tant qu’entité géopolitique avec les Carolingiens.

En 739, Charles Martel établit définitivement, son autorité sur la Bourgogne et la Provence dont l'administration est confiée à des comtes qui représentent le roi dans leurs comtés (pagi), ceux-ci  correspondant le plus souvent aux diocèses épiscopaux. Une aristocratie puissante se constitue, à l'image d'Abbon qui posédait des territoires considérables s'étendant du maconnais à la provence.

Après la conquête du royaume lombard (774), la Bourgogne devint un nœud central du pouvoir carolingien, puisqu’elle assurait la jonction des possessions franques et italiennes de l’empire; la route du Mont-Cenis est développée pour des raisons stratégiques et militaires, alors que le trafic commercial utilise principalement la route du Grand Saint-Bernard.

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L'empire Franc sous Charlemagne

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Après la mort de Charlemagne et de son fils, Louis Le Pieux, le traité de Verdun de 843 signé entre les 3 fils de Louis Le Pieux déchire à jamais l'unité du vieil empire de leur grand-père. La Bourgogne est scindée en 2, donnant naissance, à l’ouest de la Saône, à une Bourgogne française (ou Bourgogne franque) qui appartient au royaume de Charles le Chauve, et à l’est de cette même rivière, à une Bourgogne impériale, qui revient à Lothaire, l'ainé, qui se pare du titre d'empereur; quant à l'est de l'empire, il revient à Louis Le Germanique.

Rem. On notera que les frontères linguistiques de la Suisse entre l'allemand et le français qui trouvent leurs origines avec les territoires des Alamans et des Helvètes, correspondent peu ou prou aux limites définies par cette scission.

Carte Traité de Verdun.JPG

En 855, par le traité de Prum, Lothaire partage son empire entre ses trois fils: à Lothaire II le nord, à Charles la Bourgogne et la Provence, tandis que Louis reçoit l'Italie et le titre d'Empereur.

Malheureusement, les héritiers de Lothaire disparaitront les uns après les autres sans laisser de descendants, et chacun des oncles et des frères tentera de dépouiller son parent. C'est d'abord la mort de Charles de Provence qui permet à ses deux oncles de mettre la main sur son royaume. Alors que les Normands ravagent le nord et que les  Sarrasins menacent le midi, partout règne l'anarchie; le trône des Francs se soutient à grand peine. A la mort de leur neveu Lothaire II, les deux frères Charles le Chauve et Louis le Germanique s'accaparent le royaume de leur neveu, au détriment de leur autre neveu l'empereur Louis II, qui aurait dû hériter des biens de son frère. 

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Les 2 oncles s'accaparent le royaume de leurs neveux: Charles décédé en 863, puis Lothaire II qui meurt en 869

Malgré ses protestations, Louis II, le frère de Lothaire II ne peut récupérer l'héritage de son frère, et il meurt lui aussi en 875, bientôt suivi dans la tombe par ses oncles, Louis II le Germanique le 28 aout 876, puis Charles II le Chauve le 8 octobre 877.

La mort soudaine de Louis II le Bègue en 879, donne le signal du démantellement des territoires qu'avaient conquis son père Charles le Chauve. Son fils Carloman II reçoit l'Aquitaine et la Bourgogne, alors que le frère de ce dernier, Louis III hérite du reste du royaume.

 

Carte 880.JPG

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A la mort des 2 frères, Louis III en 882 , puis Carloman en 884, Charles III le Gros descendant de Louis II le Germanique va, suite à la mort précédente de son frère Louis III le jeune en 882 , reconstituer une grande partie de l'empire de Charlemagne, à l'exception de la Provence et de la Bourgogne cisjurane qui appartiennent au comte Boson depuis le 15/10/879.

Après que l'empereur Charles le Gros eut été déposé en novembre 887 et fut mort le 13 janvier 888, les nobles et les principaux membres du clergé de Haute-Bourgogne se réunirent à Saint-Maurice et, en janvier 888, proclamèrent Rodolphe pour roi. Au printemps 888, il est couronné roi de Bourgogne, mais en proie à l'hostilité d'Arnulf, fils et héritier de Charles le Gros, il doit se contenter de  la Bourgoogne Transjurane, qui devient ainsi un nouveau royaume. A sa mort ,  en 912, son fils Rodolphe II lui succéde mais , affaibli par ses campagnes italiennes, il doit se mettre sous la protection de la royauté Ottonienne. C'est ainsi qu'à la mort de Rodolphe II en 937, Otton Ier envahit la Bourgogne pour ensuite rétablir Conrad, le fils de Rodolphe, sur le trône en 942; il lui permet même de remettre la main sur la Bourgogne Bosonide (cisjurane).

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 Le royaume de Bourgogne

Après 942, les Rodolphiens se trouvèrent à la tête d’un royaume de près de 200 000 km2: l'essentiel du domaine royal s'étendait autour de Vienne et dans la Bourgogne transjurane, avec des espaces plus périphériques comme la vallée d'Aoste ou le Valentinois. Au nord et au sud, le royaume rodolphien avait vu se développer les principautés du comté de Bourgogne (future Franche-Comté) et du comté de Provence.

NB: Tout au long du Xe siècle, les honneurs comtaux demeurèrent viagers, ce qui explique que les historiens ne parviennent pas à identifier la moindre dynastie comtale, en dehors des principautés des comtés de Provence et de Bourgogne. Cela signifie que les titres de comtes n'étaient pas liés à un territoire géographique. Parallèlement, à compter du milieu du Xe siècle, le rôle traditionnel des pouvoirs ecclésiastiques s’accrut encore, lorsque la monarchie concéda massivement les pouvoirs publics aux évêques et abbés.

Le pouvoir impérial

 

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Otton Ier, fondateur du Saint-Empire

Dans la seconde moitié du Xe siècle, par une série d'alliances croisées, (Otton Ier épouse la fille de Rodolphe II en 951 et donne sa nièce au fils du roi), la monarchie impériale ottonienne accrut sa tutelle sur la royauté rodolphienne et .se placa  en protecteur du royaume de Bourgogne, en s’attachant particulièrement à entretenir le culte de saint Maurice. A tel point qu'en 1016, Rodolphe III, fils et héritier de Conrad, promit à l’empereur de gouverner selon ses conseils et de lui laisser sa succession s’il devait mourir sans laisser un fils légitime.

Dans ce contexte de  tutelle impériale, les évêques du royaume rodolphien délaissèrent le palais royal pour se placer directement sous l’autorité impériale des Ottoniens. Après l’an mil,  les prélats s'émancipent du roi et gèrent leur diocèse en toute indépendance. Ils prennent aussi le chemin de la Germanie, comme le firent les archevêques de Lyon et de la Tarentaise ainsi que les évêques de Genêve et de Lausanne en 1007, lorsqu’ils allèrent assister au concile de Francfort.

En 1032, le roi de Bourgogne Rodolphe III mourut en laissant sa couronne à Conrad le Salique, qui est empereur depuis 1027. Celui-ci se heurta toutefois à la résistance d’une grande partie de l’aristocratie. Refusant de se soumettre à la poigne germanique, une partie de l’aristocratie bourguignonne, au premier rang de laquelle se tenait le comte Gérold de Genève, fit appel au comte Eudes II de Blois , fils d’une sœur du roi Rodolphe III pour contester l'héritage impérial Principal partisan de l’empereur, le comte Humbert  prit la tête des troupes réunies par le pouvoir impérial. En 1034, tandis que Conrad s’avançait par le Nord, le comte Humbert entrait en Bourgogne par la vallée d’Aoste et le col du Grand-Saint-Bernard. Les deux armées firent leur jonction à Genève. Le succès de Conrad était total : Eudes II de Blois avait été définitivement vaincu et l’ensemble de l’aristocratie bourguignonne avait été contrainte à se soumettre. Le royaume de Bourgogne, bien qu'affaibli, était ainsi devenu partie intégrante de l’empire,

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NB: Le Saint-Empire Romain Germanique auquel appartient désormais notre territoire courra de 962 (Othon Ier) à 1806 quand François II qui a pris le titre d'empereur en 1797, sera contraint par Napoléon d'abdiquer le 6 aout  1806. marquant ainsi la fin d'un empire qui dura plus de 800 ans.

La scission entre Genève et le Comté de Genève

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Comme on vient de le voir, le comte de Genève Gerold II qui
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 conteste le legs de la Bourgogne à Conrad, et revendique ses droits sur la ville de Genève,  a été défait par l'empereur. Celui-ci confie alors les destinés temporelles de la ville à l'évêque qui règne deja sur le diocèse (Un très grand territoire qui comprend la Savoie, la Haute Savoie, le Pays de Gex et la Riviera Vaudoise comme indiqué sur la carte ci-dessous). C'est ainsi que le comte de Genève Gérold perd sa domination sur la ville ou Conrad est intronisé par l'évêque le 1er aout 1034. À cette époque Genève est une bourgade de 1100 Hb dont les armes comprennent l'aigle impériale pour l'empereur et les clés de St. Pierre pour l'évêque.

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Carte géographique du diocèse de Geneve 

NB: le comte Humbert, dont le frère est évèque de Belley, et fidèle lieutenant de Conrad le Saique conquiert la Tarentaise et la Maurienne; en 1033, il fondera  avec la bénédiction de l'empereur la Maison de Savoie, qui pendant près de 4 siècles s'opposera aux comtes de Genève avant de devenir maitre de leur territoire et qui régnera sur la Savoie jusqu'en 1860.

Le Comté de Genève 

A cette époque, le Comté de Genève était constitué de fiefs détenus par des seigneurs vassaux ( Viry, Ternier...), fiefs appartenant au Comte proprement dit. Tois types de subdivisions formaient le comté:

- Le mandement seigneurial, ou le seigneur nommait un de ses vassaux pour administrer son territoire, sous l'autorité du comte

- Le mandement mixte, ou c'etait une direction partagée entre le comte et un seigneur¨

- Le mandement comtal, que représentait la chatellenie de Ternier, ou un agent du comte, le chatelain, était chargé de la gestion.

Dans le Genevois, l'une des plus grandes familles du bailliage de Ternier, auquel appartient St Julien, est la famille de Ternier, qui sera l'un des plus fidèles alliés du Comte de Genève puis du Comte de Savoie par la suite.

Quant à St-Julien, son nom n'apparait pour la première fois qu'en 1272. Posterla ou Postella, du nom d'une grande famille italienne du Milanais installée à Genève qui aurait pu avoir des propriétés sur l'emplacement,  semble être  le nom de la localité ou a été construite la ville. Ce n'est qu'au 13ème siécle que la bourgade prit son nom quand la construction d'un chateau seigneurial à Saint-Julien donna naissance à une nouvelle activité. Les fréquents séjours qu'y faisaient les comtes de Genève et leur entourage, y rendit indispensable l'établissement d'une hostellerie qui se placa sous le vocable de Saint-Julien, patron des voyageurs. Cette enseigne baptisa la petite agglomération qui vint se former à l'abri du chateau et qui fut érigée en paroisse à la fin du 13ème siècle.

Les luttes entre le comte et l'Evèque de Genève

Suite à la scission entre Genève et le comté qui porte son nom, s'ensuivront près de 200 ans de lutte pour le contrôle de la ville entre le comte et l'évêque de Genève, entrecoupés d'accords:

En 1124 le traité de Seyssel signé entre l'évéque Humbert de Grammont et Aymon comte de Genéve, fera reconnaitre l'évèque comme étant le supérieur du comte qui "prête foi et hommage à l'évèque Humbert et déclare ne reconnaitre , sauf l'emperereur, aucun autre seigneur préférablement à lui" et lui "restitue sans contestation toute la ville de Genève". En contrepartie de quoi, l'évèque a remis au comte son ancien fief, tel qu'il peut être possédé par un laic.

Un siécle plus tard, le traité de Desingy de 1219 fixe une nouvelle et dernière fois la paix entre le comte de Genève Guillaume et l'évêque de Genève Aymon en imposant au Comte de Genève de résider à Annecy et en constatant que "le comte Guillaume fait hommage-lige à l'évèque et lui jure fidélité; l'évèque de son coté l'investit du fief du comté au moyen de l'anneau. Ainsi devenus amis, ils livrent à l'oubli leurs offenses et plaintes réciproques"

NB: Entre temps, en 1170, la chartreuse de Pomier, qui jouera un rôle prépondérant sur notre territoire pendant 600 ans, a été fondée au Mont-Sion, à 4 lieues au sud de la ville de Genève. Ses droits lui furent accordés par l'évèque de Genève, Ardutius de Faucigny et par son successeur Nanthelme et ses chanoines, imité en 1179 par Guillaume Ier, comte de Genève.

Les rivalités entre comtes de Savoie et comtes de Genève

Qulques années après le Traité de Desingy, c'est le conflit avec les comtes de Savoie qui va empoisonner la vie des comtes de Genève. En 1250, le comte de Savoie s'empare du chateau de Boug de Four, sis à Genève, propriété du comte de Genève Guillaume Ier. Celui-ci, pour garantir sa dette envers le comte de Savoie, doit mettre en gage un certain nombre de ses chateaux et propriétes. permettant ainsi à la Maison de Savoie de se substituer à celle de Genève dans la cité épiscopale.

En réaction à cette influence grandissante et menacante de la Maison de Savoie, le comte et l'évéque de Genève s'allient et, avec l'appui du Dauphiné, mèneront une série de 4 guerres féodales entre 1282 et 1327 contre les comtes de Savoie.

A l'issue de la première guerre conclue en 1287 par le Traité d'Annemasse, le comte de Savoie Amédée V est totalement maitre de la cité épiscopale. Cela n'empeche pas le comte de Genève Amédée II de faire une attaque surprise sur Genève en 1291, qui échouera  face à la résistance des citoyens aidés dans leur combat par le comte de Savoie. Le traité d'Aix du 10 décembre 1291 confirme celui d'Annemasse et le comte de Genève prète à nouvau hommage au comte de Savoie. En 1304, Amédée II renouvelle ses alliances avec l'évèque Aymon du Quart et fait construire le chateau de Gaillard. Mais en 1307, le comte de Savoie Amé le Grand  tente de s'emparer de Genève provoquant une nouvelle alliance entre le comte de Genève , l'évèque et le dauphin pour défendre la ville, qui débouche le 23/10/1308 sur un traité de paix entre Guillaume III comte de Genève et Amé le Grand, comte de Savoie.

Malgré la paix de 1308, à partir de 1314 il y aura plusieurs tentatives par Amé puis Édouard de Savoie de s'emparer de Genève jusqu'en 1329. Ce qui explique la construction en juillet 1318 du château de la Bastie Melliers  par Girard de Ternier, vassal des comtes de Genève, pour protéger la ville. La bataille de Varay ou se distinguent le comte Amédée III de Genève et Girard au coté du Dauphin met fin en 1325 au conflit entre Edouard de Savoie et le Dauphin Guigues.  En 1329 Édouard meurt, et son successeur Aymon le Pacifique fait la paix avec le Comte de Genevois Amédée III de Genève et s'attache ses services. S'ensuit une période d'entente et de paix qui sera bénéfique à notre territoire.

A cette époque, le comte de Genevois séjournait souvent en son chateau de St-Julien, et il entretenait un chatelain dans son chateau de Ternier. A la mort d'Aymon, Amédée III de Genève qui était lié à la famille de Savoie par sa mère, devient l'un des tuteur du jeune comte Amédée VI de Savoie, connu plus tard sous le nom de "comte Vert".

La carte ci-dessous indique les forces en présence autour de notre ville en 1340:

La Maison de Savoie (possessions en rouge sur la carte) entoure notre territoire: Outre la Savoie, en 1340, elle est présente en Bresse, dans le Bugey, une partie du Canton de Vaud et le Chablais. Bientôt, elle mettra la main sur le Faucigny, encerclant de fait le comté de Genevois.

Le Faucigny, (en bleu) dont plusieurs princes ont été évèque de Genève, a appartenu à la Maison de Savoie qui l'a donné en dot au Dauphin lors de son mariage à la fille de Pierre II de Savoie en 1253 ; il est donc sous la juridiction du Dauphiné en 1340. Après l'achat du Dauphiné par la France en 1349, il devient français, avant de redevenir propriété de la Maison de Savoie par le traité de Paris en 1355, ce qui permet de relier le comté de Savoie au Chablais.

Le Comté de Genevois (en vert) est indépendant en 1340. Il deviendra propriété de la Maison de Savoie en 1401 lorsqu'Odon de Villars, l'héritier des comtes de Genève le cèdera à Amédée VIII de Savoie.

La ville de Genève, sous l'autorité de l'évèque, parvient, elle, à sauvegarder son indépendance. Elle obtiendra même une véritable émancipation quand l'évèque Adhémar Fabri accordera ses franchises aux bourgeois de Genéve, en 1387.

 

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Le morcellement des territoires vers 1340 - En vert le Comté de Genève

Quant à notre ville de St Julien, outre les chateaux de Ternier qui existent depuis le XIème Siècle, un certain nombre d'éléments nous prouvent que le château de St. Julien, propriètè du comte de Genevois, est antérieur à 1335 et que dans le même temps la famille de Ternier a fait construire le chateau de Bursins au lieu dit connu aujourd'hui sous le nom de "Cret Millet". C'est dans ce chateau que la famille de Ternier établira sa résidence, en partage avec le chateau du Chatelard situé sur la commune de Feigères et qui sera détruit en 1590.

Le Comté de Genevois devient propriété de la Maison de Savoie

Le dernier comte de Genève, Robert de Genève, anti pape à Avignon sous le nom de Clement VII étant mort sans enfant, ainsi que son hèritier Humbert de Villars, c'est le 5 août 1401 par vente d'Odon de Villars à Amédée VIII de Savoie que  le comté de Genevois devient propriété de la Maison de Savoie. Peu de temps après, par la grace de l'Emperereur, Amédée VIII devient duc en 1416.

  

 

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Carte des Etats de Savoie circa 1427

NB: On notera que le fier Girard de Ternier qui avait racheté le mandement de Ternier à Robert de Genève en 1394 servit loyalement son nouveau maitre Amédée VIII, qui le 31 mai 1409 le nomma dans l'Ordre du Collier de Savoye. Girard  décédera en 1418, non sans avoir préalablement organisé le cérémonial grandiose de ses funérailles et nommé comme héritier son neveu Richard de Montchenu.

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Amédée VIII se retira en ermitage à Ripaille et passa la main à son fils Louis de Savoie. S'il donna en apanage le comté de Genevois à son fils cadet Philippe (la branche qui sera bientôt connue sous le nom de Savoie-Nemours), il faut noter que les bailliages de Ternier et de Gaillard qui faisaient frontière avec Genève, furent distraits du comté et restèrent propriété du Duc. En 1482, le chatelain François Bon d'Allinges fit faire des réparations importantes au chateau de Ternier, dépenses qui furent payées par la Chambre des comptes de Savoie. On notera aussi que la Maison de Savoie avait pris l'habitude de faire nommer les évèques de Genève en son sein, y compris Philippe de Savoie qui n'avait que 7 ans lorsqu'il fut nommé évèque à la fin du XVème Siècle. Cela eut pour conséquence d'irriter la population genevoise qui rechercha l'alliance des cantons suisses de Berne et de Fribourg.

S'ensuivit la "guerre des harengs" en 1519 qui vit le Duc de Savoie Charles III entrer dans Genève avec une armée de 8000 hommes qui traita la ville en pays conquis. L'arrivée d'une armée de Fribourg ramena le Duc à plus de modération avant que la peste qui sévissait en ville ne le chasse de Genève. Mais il n'avait pas renoncé à s'emparer de la ville.

Le 6 mai 1523, Charles III de Savoie accompagné de sa nouvelle èpouse Béatrix de Portugal qu'il vient présenter en grandes pompes à Genève, fait son entrée à St. Julien avec plus de 1000 gentilshommes en grand apparat. Ils séjournent avec leur cour au Chateau de St Julien.

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L'évolution des Etats de Savoie du XIIIème au XVIème siècle


Genève et la Réforme 

A cette époque, une sourde lutte d'influence oppose à Genève les mamelus, partisans du Duc et les Eidgnots, ses ennemis, qui finissent par l'emporter en signant une alliance avec Fribourg et Berne en 1526. Le 21/2/1528 a lieu une proclamation par le premier syndic Besancon, qui condamne à mort  44 familles de mamelus qui, proscrits, se refugieront en émigrant pour la plupart à St-Julien. S'ensuit la création de la confrérie des gentilhommes de la cuiller dont l'objectif est de reconquèrir Genève.

Le 2/1/1529 a lieu l'assassinat de François de Montchenu-Ternier, seigneur de Ponverre et capitaine de ces gentilhommes, au moment ou il traverse la ville. Après de nouveaux troubles, le 19/10/1530 est signé l'Arrêt de St-Julien qui établit la paix entre la Savoie d'un coté , Genève et les cantons suisses de Berne et Fribourg de l'autre. De 1532 à 1535, la Réforme se développe à Genève, combattue par Fribourg la catholique mais encouragée par Berne. Le 27/8/1535 est proclamée l'interdiction du culte catholique à Genève qui provoque l'exode des religieuses de Ste Claire. 

L'invasion Bernoise

Le 16 janvier 1536, Berne déclare la guerre au Duc de Savoie qui est lui même sous la menace du roi de France François 1er. Les troupes Bernoises commandées par Hans Franz Naegeli, après avoir conquis les Pays de Vaud,  arrivent à Genève le 2/2/1536 et le 5 février à St-Julien, avant de pousser jusqu'au fort l'écluse. La République de Berne établit Simon Foerber comme bailli de Ternier, et ordonne qu'en tous lieux les actes publics se fassent en langue romande, interdisant aux prêtres de se méler de tout office notarial.

Le 24 février, les troupes françaises entrent dans Chambéry et s'emparent de la Savoie. Le Duc de Savoie n'a plus de terres, confisquées à l'ouest par la France et à l'est par Berne. Quant à notre territoire, il va subir pendant plus de 20 ans la dure loi des Bernois qui fera naitre l'expression qui a survécu jusqu'à ce jour " raide comme la justice de Berne".

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Carte géographique des religions en Savoie du nord au XVI ème Siècle

Conclusion

On notera donc que pendant toute cette époque qui dure plus de 1500 ans , depuis les Allobroges jusqu'à la Réforme, les destins de nos deux contrées Genève et Genevois sont intimement liés, même si des facteurs exogènes tels que la Maison de Savoie ou la fracture religieuse ont contribué à nous éloigner l'un de l'autre.

Sources:
www.sabaudia.org
César Duval : Ternier et Saint-Julien
Abel Jacquet: Saint-Julien-en-Genevois
Jean de Pingon: Savoie française - Histoire d'un pays annexé
Collectif: La Savoie en dates et en cartes
Collectif: Crises et révolutions à Genève - 1526 - 1544 


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