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Attention, bouleversement en vue!

Publié le 09 avril 2013 par Kakidu92 @Kakidu92
Ca fait longtemps que je ne suis pas venue m'épancher par ici. Comment ça je ne fais que ça tous les jours? Je te parle de l'épanchement de mon moi, ma vie, mon oeuvre…
Si je suis restée un temps silencieuse, c'est parce que comme d'habitude avant de pouvoir sortir les mots, il me faut les digérer et cette fois ci ce ne fut pas une mince affaire.
Mon fils, parce que c'est de lui que l'on va parler est un adolescent avec tout ce qui va avec et je comprends de mieux en mieux les soufflements en tout genre que mes parents ont pu proférer quand ma fratrie et moi avons du passer ce cap! C'est affligeant de constater à quel point la chair de sa chair peut du jour au lendemain devenir une tige déguinguandée (l'image n'est pas flatteuse mais là vois-tu c'est la seule qui me vienne à l'esprit).
Depuis près de 16 ans, avant d'être la fille de, une jeune femme, une épouse ou encore une maîtresse (papa, maman sortez de là!), je suis une maman. Sa maman. Depuis le jour où j'ai su qu'il s'était niché au fond de mon utérus je l'ai aimé d'amour et pour toujours. Ma vie n'a cessé de tourner autour de la sienne, chacune de mes décisions s'est faite en rapport avec son bien-être à lui. Moi, le reste de ma famille, mes amis et quelques fois mes amants, nous avons du passer au second plan, parce que j'ai toujours voulu ce qu'il y avait de mieux pour lui. Un peu comme toutes les mamans me diras-tu…
J'aurais pu changer de carrière quand les opportunités se sont présentées, quitter la fonction publique pour un emploi plus gratifiant et rémunérateur mais les horaires du privé ne correspondent en rien avec ce que je voulais être disponible pour lui. Etre là sans jamais l'étouffer, un joli résumé mais à appliquer tous les jours fut parfois un sacré casse-tête.
Lui? Il a pris l'habitude de m'avoir sous la main au besoin et de me faire sentir quand il lui fallait plus d'espace.
Je n'ai eu depuis toutes ces années qu'un seul et unique but, faire de cet enfant un être bien dans ses pompes, heureux et indépendant, l'aider à devenir lui pour un jour prendre son envol… Je crois que j'y suis trop bien arrivé, finalement.
La vie est parfois bien faite puisque les étapes qui ont jalonné sa vie, m'ont appris à moi son parent à le laisser devenir indépendant parfois avec quelques grincements de dents mais en douceur le plus souvent.
Pas facile pour une maman de se sentir de plus en plus inutile dans le quotidien. A peine ont-ils appris à marcher, qu'ils savent se faire réchauffer un déjeuner ou charger une machine à laver (pour la vaisselle par contre, y a encore du boulot!). Je schématise bien entendu mais tu cernes l'idée.
Ces six derniers mois, je me suis bien rendue compte qu'il grandissait en maturité. Le simple fait de ne plus entendre le sacro saint "M'man", 72 fois par jour en était bien la preuve et passé une période un peu difficile d'un sentiment d'inutilité total, je commençais à apprivoiser cette nouvelle étape…
J'aurais dû me méfier.
Parce que mon fils n'a grandit qu'avec un seul de ses deux parents à plein temps, le second parent a toujours eu plus ou moins le beau rôle forcément. Les vacances, les week-end, les "non, moi je ne l'ai pas assez souvent pour jouer le méchant", je sais bien que toutes les mamans célibataires savent de quoi je parle hein? Bref, l'Ingrat a, comme tous les enfants dans sa situation, idéalisé ce père un peu absent. Je ne l'ai pas aidé à agir autrement parce que je ne lui ai jamais parlé de lui, en bien ou en mal d'ailleurs, j'ai préféré le laisser se faire ses propres jugements (même si juger ses parents est le truc le plus immonde à faire hein, les jeunes?). J'ai toujours répondu à ses questions sur son père, sur moi, sur le couple que nous avions été quand il était en demande de toutes ces choses mais j'ai toujours veillé à ne pas recracher ma rancoeur (et dieu sait qu'elle m'a chevillé au coeur un moment celle-là!) devant lui. Je ne voulais pas être ce genre de mère qui reproche sans cesse à l'autre parent par l'intermédiaire de l'enfant, peut-être ai-je trop bien cloisonné tout ça, j'sais pas.
L'année dernière, l'Ingrat avait déjà vaguement émis l'idée de vivre avec son père (tu le vois se dessiner au loin mon drame?), sans l'encourager dans ce sens, je lui avait alors conseillé d'attendre au moins la fin d'un cycle. Son père n'habitant pas la région parisienne, il faudrait à l'Ingrat changer de ville, d'amis et d'établissement scolaire alors autant attendre la fin du collège, du lycée ou pourquoi pas la fac (on peut toujours rêver!)?
Et puis, il y a un mois environ, les yeux humides (mais je crois sincèrement uniquement à la pensée de me faire de la peine, il me connait bien le bougre mais absolument pas embués d'incertitude, je le connais aussi ^^), et avec mille et une précaution (c'que c'est mignon!), la nouvelle est tombée: L'Ingrat souhaite aller vivre avec son père.
D'après lui, il me faut le comprendre (heu là, je fais vraiment comme je peux), il n'a jamais vécut avec son père (nous nous sommes séparés lors du 5è mois de ma grossesse) et a envie de tenter l'aventure (tu parles d'une aventure toi!).
Mon coeur s'est déchiré.
Mais je n'ai pas pleuré, enfin pas devant lui. Je l'ai regardé et lui ai sourit tendrement. Que pouvais-je bien faire d'autre? Il était là devant moi, un peu effrayé à l'idée de provoquer un tsunami dans les sentiments de sa mère et à travers lui, c'est pourtant moi adolescente que je voyais.
Les chiens ne font pas des chats. J'ai infligé la même douleur à mon père et ironie de l'histoire, exactement au même âge.
Je l'ai pris dans mes bras pour soulager sa peine de m'en faire, je m'en suis mordue la langue à sang pour ne pas laisser échapper cette larme qui allait laisser se déverser un torrent de tristesse et j'ai dit "D'accord".
Pourtant, je le sais que c'est la pire décision qu'il puisse prendre. Je le sais du plus profond de mes tripes mais je refuse d'être celle qui l'empêchera de vivre ça. Il a aussi fallut l'annoncer autour de moi, à mes parents, à mes frères et à Mister Grumpy. Deuxième coeur blessé en approche…
Mon père… J'allais réveiller des souvenirs un peu douloureux et j'ai mis du temps à décrocher le téléphone. Comme d'habitude, je passe par ma belle-mère pour les très mauvaises nouvelles, ça permet une zone de tampon parce que jusque là je n'avais pas flanché. Les larmes étaient là tapies dans l'ombre mais contenues et je savais qu'en entendant la voix bienveillante de mon père, j'allais trébucher.
C'est con mais en vieillissant, j'ai des scrupules à lui infliger des soucis (alors que plus jeune, j'y suis allée gaiement pourtant -p) et je sais combien ça lui sert la gorge de m'entendre pleurer.
Alors, j'ai joué la carte de la transparence. Je lui ai annoncé la nouvelle (qu'il avait eu le temps de prédigérer grâce à belle-maman) et de suite après, aboyé que je ne voulais pas en parler, pas assez forte encore.
Il a compris et j'ai imprimé la seule phrase qu'il a prononcé à ce sujet: Ne ferme pas la porte.
Je vais essayer.
Oui, j'écris "je vais essayer" parce que j'ai du mal à relativiser quand je ne suis plus que souffrance. Et je le vois bien dans mon comportement de ces dernières semaines que je suis en train d'ériger des barricades pour ne pas trop me ramasser dans trois mois. C'est pas beaucoup trois mois pour s'habituer à l'absence pas vrai? Alors je me fais violence et redeviens la mère aimante et attentionnée que j'ai toujours été, après tout j'aurais tout le temps de me ramasser plus tard non? Je ne vais avoir que ça du temps…
Pour Mister Grumpy qui est le mec le plus handicapé dans la démonstration de ses sentiments, ça a été beaucoup plus dur que ce que je l'aurais imaginé. Et c'est un soir très tard que je l'ai surpris, des larmes plein le visage sur le bord de la baignoire. C'est la première fois que je voyais mon mari pleurer.
Il m'en a voulu à moi. Je ne devais pas le laisser faire selon lui. Et on a du discuter comme deux vieux cons, lui sur sa baignoire et moi, le cul sur le carrelage froid pendant une partie de la nuit et il m'a fallut des trésors de patience pour apaiser un peu sa tristesse.
Depuis? Mr Grumpy a pris le contrôle en m'entourant d'amour et d'attention comme il ne l'avait jamais fait jusqu'ici. Il a décidé que nous allions déménager, il est selon lui hors de question que je me tordes les boyaux tous les soirs en passant devant la chambre de l'Ingrat déserte pour regagner mon lit. Je dois bien reconnaitre que c'est ce qu'il risque fort d'arriver.
Si au début, il a sauté sur l'occasion pour me faire enfin accepter de partir pour Londres (et j'avoue que l'appel catastrophé du père de mon fils en apprenant la nouvelle, m'a un peu plus conforté dans l'idée que lui n'est absolument pas prêt à jouer au parent à plein temps), Mr Grumpy a finalement renoncé de peur de me voir entièrement m'effondrer par tous ces changements à gérer en même temps.
Et puis, égoïstement je me demande ce que va être ma vie sans lui. Il y a aussi notre vie de couple qu'il va nous falloir réinventer. Mr Grumpy et moi, nous n'avons jamais vécut en couple uniquement et si ça ne fonctionnait pas?
De temps en temps quand je suis seule, la larme me pique le nez. Et cette peur qui ne quitte plus mon estomac depuis.
Je sais que je ne l'envoie pas au front, faut pas déconner mais je crains seulement que ce soit la première mauvaise décision de sa vie…


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