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Blog, blogger et justice

Publié le 16 avril 2008 par Nicolas J
Presse Citron a fait un billet incendiaire à propos de blogger, la plate-forme de blog détenue par Google et que j’utilise pour mes trois blogs.
On doit soutenir Fuzz dans la sombre histoire qui l’a opposé à la justice dans le sens où, d’une part, le blog cité aurait du être incriminé et, d’autre part, la liberté d’expression commence à être menacée. Et surtout, ça commence à bien cette ambiance dans la blogosphère. La presse anglaise diffuse des photos de la première dame à poil le jour de son arrivée et nous on risque d’être condamnés quand on reproduit les unes ! J’abuse, je sais.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que ce sont les hébergeurs de tout poil (blogger pour moi, mais aussi les milliers de sites qui reprennent mes billets), sans oublier les FAI, qui gagnent de l’argent avec notre prose. Moi, je me contente de payer 32 € par mois à Orange et de cliquer parfois sur des pubs… Tout en assurant une partie (à ma hauteur !) de la gloire de Wikio et de Cozop, mes chouchous du moment.
A propos de justices et de blog, Marc nous informe ce matin d’une nouvelle loi en préparation. Ce n’est pas mon domaine de compétences néanmoins je suis circonspect. Il faudrait mettre les conditions pour que les petits blogueurs comme moi – qui ne gagnent pas d’argent avec ça – ne puissent être inquiétés par la justice pour des broutilles mais uniquement pour des trucs importants.
Imaginons que je dise ici : « le roi des Suisses à une petite bite ». C’est probablement interdit. C’est surement de la diffamation : je mérite peut-être une amende. Ou alors il en a vraiment une petite, dans ce cas je révèle un secret d’état et c’est condamnable.
Par contre, c’est à remettre à l’échelle de ce blog. En un mois, j’ai reçu 2718 visites, soit 88 par jour. La moitié vient pour des mots clés, la plupart des visiteurs ne restent que quelque secondes. Le billet aura été lu par une vingtaine ou une cinquantaine de personnes, la plupart des copains qui viennent pour rigoler en espérant que je parle de la taille de la bite du roi des Suisses.
Je ne sais pas combien de centaines de milliers de personnes ont écouté la chronique « Les évadés du fou du roi » hier matin à 7h50 sur France Inter. Le chroniqueur a dit que Silvio Berlusconi en a une petite… Il n’a pas fait un procès à France Inter !

Revenons-en au billet de Presse-Citron.
Je l’ai déjà dit ici, mais je considère blogger comme la meilleure plate-forme de blog gratuite, même si elle a des défauts (notamment l’interface de commentaires qui est bof surtout pour ceux qui n’ont pas un blog chez blogger).
Les critiques portent sur différents aspects.
« Il est extrêmement simple et rapide de créer son blog sur Blogger, et c'est certainement l'une des raisons du succès de cette plate-forme : même un non-initié pourra paramétrer son carnet de bord en quelques clics, et commencer à publier, aussi facilement que s'il envoyait un mail ». Je me tue à le dire que c'est facile. Mais des plates-formes comme over-blog (que je critique souvent) sont bien plus facile d’accès que blogger.
« Le tout entièrement gratuitement, et sans affichage de publicité. » C’est un défaut, aussi ?
« sur Blogger l'anonymat est garanti. Pas besoin de montrer patte blanche, une adresse email suffira, la plate-forme stockant bien sûr votre adresse IP. Au cas où. Mais seulement au cas où. » Ah bon ? C’est probablement un mensonge : j’ai un compte google où mon nom est déclaré. Surtout, comme dans toutes les plates-formes, rien n’oblige à mettre le vrai nom.
Quand je dis « rien oblige », c’est une façon de parler. La loi nous y oblige. Maître Eolas nous le rappelle dans son excellent billet sur la responsabilité des blogueurs (« Un hébergement gratuit sous un faux nom est désormais un délit. Sanction : 1 an d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende » : on ne rigole pas). Camarades qui me lisez, vous commencez à blêmir ? Héhé ! Comme moi, quand j’ai lu le billet de Maître Eolas… J’ai immédiatement foncé sur blogger pour vérifier mes inscriptions ! J’ai bien un pseudo dans blogger (« Nicolas ») mais mon nom est bien précisé dans mon compte Google. Ouf !
« Regardons d'un peu plus près le Règlement relatif au contenu Blogger : aucun lien, aucune aide, aucun formulaire ne sont proposés pour signaler un contenu illicite. » Pouf pouf ! Si. Dénoncer un blog est plus facile que pour les autres plates-formes mais je ne vais pas dire comment (j'ai des copains qui aiment bien les plaisanteries idiotes).
« A tel point qu'il est tout simplement impossible d'avoir un contact relatif à Blogger/Blogspot chez Google France ». Allons-bon ! On ne peut pas envoyer un recommandé à « Monsieur le Directeur Général – Google France SARL 38, avenue de l'Opéra 75002 Paris » ? Un des number one de l’informatique mondiale serait injoignable !

Ne soyons pas injuste ! Je ne fais pas un faux-procès à Presse Citron. Beaucoup de passages du billet sont très vrais (notamment que blogger regorge de blogs nazillons ou autres), mais ne faisons pas, non plus, de procès à Blogger !
Ce n’est pas blogger qui est en cause.

C’est :
Petit 1 : le web en général. On peut diffuser à l’étranger ce qu’on n’a pas le droit de faire en France… mais on peut y accéder en France.
Petit 2 : le système financier de la blogosphère et d'internet. Seul Google a les moyens de faire une plate-forme gratuite sans pub… et se paye le luxe de vendre de la pub aux utilisateurs des autres plates-formes !
Que vient faire l’aspect financier dans mon billet ? Si les petites plates-formes et les « reproducteurs de contenus » avaient les moyens financiers ils pourraient employer des gens pour contrôler les diffusions… et, comme google, auraient les moyens de payer les amendes.
Capitalisme, quand tu nous tiens !
Ne soyons pas injuste. Dans toutes les plates-formes, les utilisateurs peuvent créer des blogs (illégaux) anonymes. Blogger est juste plus loin de la justice puisqu’il faut probablement traverser l’atlantique. Mais on ne peut pas d’un côté défendre la liberté d’expression, vivre de l'internationalisation et d’autre part critiquer la liberté de google !
« Alors que dans le même temps d'autres, qui ne se cachent pas pour s'exprimer, se retrouvent devant les tribunaux pour des choses bien plus anodines. » On est d’accord ! Mais c’est tout le système qu’il faut réformer.

On pourra débattre pendant des années sur les tenants et les aboutissants… Mais « y’a pas à tortiller du cul pour chier droit ». Si une sympathique startup Australienne héberge un site négationniste francophone, il y a très peu de moyens de l’interdire (sauf, en l’état de mes vagues connaissances techniques et juridiques, en bricolant un truc – une nouvelle loi ? – avec les fournisseurs d’accès).
La startup Australienne sera certainement beaucoup plus sympathique que le géant google… mais Google n’est pas plus répréhensible. Et en plus Blogger a un bon service et est gratuit.
Cela dit, je n’ai pas la solution.
(illustration)

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