Civilité et incivilités

La jungle n’est pas l’environnement traditionnel du mouton qui dans ses plaines ou dans les alpage paisse en paix et en bonne entente avec ses milliers de congénères. Mais nos voisins n’arrêtant pas de nous bassiner avec l’avancée de la jungle sur nos verts pâturages, nous commençâmes à inquiéter. Serait-il vrai que les gens ne respectent plus rien ? Plus de Bonjour, pas de merci, fini le « je vous en prie, après vous mademoiselle…? »

Si ce n’était que ça, c’est bien plus ma chère dame, ce sont les « incivilités » ! Quel est ce mal grandissant qui menace l’espace public et le « vivre ensemble », dont les politiciens et les médias se préoccupent tant ? Au point que certains attribuent l’élection de gouvernements de droite en 2002 puis en 2007 à une augmentation de ces incivilités plutôt qu’à une hypothétique augmentation des délits. Des campagnes de prévention placardées en 4 par 3 et des messages énoncés par des voix digitales sur nos trajet pour nous apprendre à dire « Bonjour » (avec le sourire s’il-vous-plait), ne pas jeter ses détritus, se lever pour céder sa place ou faire de l’espace, avancer vers le fond du bus, respecter ses voisins lorsque l’on écoute de la musique pourrie.  Aurions-nous perdu l’usage de certaines règles communes ou faisons nous face à trop de règles et de cultures que nous finissons fatalement par en oublier et nous oublier. Rester civil sur toute la ligne comme nous y invite la dernière campagne de la RATP, ce n’est pas si facile. Dois-je me faire pour autant (ré)éduquer par la RATP dont les retards ne sont pas très polis?

Est-ce notre société libérale, individualiste, qui nous pousse chaque jour à entrer en compétition avec notre voisin comme s’il fut notre ennemi ou un obstacle dans notre course vers la réussite et le bonheur qui provoquerait en nous cette montée d’incivilité ? Berthold Brecht dont les textes emplis d’une observation minutieuse des mœurs, fait des remarques qui pourraient s’appliquer au RER en heure de pointe : « Il n’est pas important de sortir le premier, ce qui importe c’est d’en sortir vivant ». Incivilités dites-vous ? Tout le monde comprend bien de quoi il s’agit, mais comment les définir, comment s’en préoccuper sans exagérer ? Ne manquons nous pas tout simplement d’un peu de marque de bienveillance les uns envers les autres ?

L’équipe de Dessine Moi un Mouton explore les avant post de la guérilla urbaine avec :

Caroline Gayet Viaud Membre associée/Chargée de recherche CNRS au CESDIP qui travaille
notamment sur la politesse, la civilité, les incivilités, l’espace public, la ville, les interactions urbaines

Philippe Richaud conducteur de Métro et de RER pendant 10 ans, Syndicaliste et représentant du
personnel, actuel président de la commission de l’innovation et du service aux clients.

Mélanie dans sa Minute Pédago aborde aimablement bien l’idée du vivre ensemble sous l’angle philosophique. Jonathan, nous parlera de l’Histoire de la gentillesse dans sa chronique très civilisée. Maxime, qui l’ayant demandé poliment,aura le mot de la fin pour sa chronique décalée voir dé-civilisée.

Présentation : Zéphyr

Chroniques : Jonathan, Maxime, Mélanie

Réalisation : Maxime