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Bonjour Marie, je suis à Paris avec Raymond.

Publié le 12 avril 2013 par Desfraises

Bonjour Marie, je suis à Paris avec Raymond.Photo © Eugène Atget
Si Paris n'était pas Paris, nous n'aurions ni jambon ni champignon de Paris, ni les p'tites femmes les p'tites femmes, ni la Commune ni Doisneau ni Atget. Nous n'aurions pas Mickey à Marne-la-Vallée et Rayponce tricoterait ses cheveux à Orlando, Floride, USA. Apple ne pavanerait ni au Louvre ni à Opéra. Ni taxi chafouin, ni serveur affable causant anglais avec un accent à couper au couteau. Nous ne croiserions pas tous ces accordéonistes de pacotille qui assassinent les chansons de Piaf ou Trenet.
Nous n'aurions pas le loisir de fricoter avec le touriste américain, russe ou saoudien, de bercer leur sommeil dans les 76 000 chambres d'hôtel que compte la capitale. Si Paris n'était pas Paris (2e ville la plus visitée au monde), je n'aurais pas eu le loisir de poster pour un client la carte qui suit :
Bonjour Marie, je suis à Paris avec Raymond. Nous regardons passer les gens près de la Tour Eiffel et nous buvons un de ces vrais cafés français, dans une petite tasse, parce que ça donne l'impression d'avoir de grandes mains. Raymond porte des rayures comme un autochtone. Je suis à court d'espace mais au moins j'ai dit le plus important. J'espère que tu aimes les ours en peluche (...)
Pour ma part, je bois mon café dans de grandes tasses (j'ai de ravissantes petites mains d'elfe), je porte des chemises à carreaux parce que je coupe régulièrement du bois, j'aime les ours en peluche mais à taille humaine, avec des mains qui savent écrire et boire des bières ; casquette de titi parisien vissée sur le crâne et barbe au vent, je rattrape mon bus à trottinette, je photographie les pissenlits épargnés par les déjections canines le long du cimetière du Montparnasse ; la baguette croustillantes sous le bras, j'écoute la pluie qui tombe dru et je parle à mes pensées qui tardent à fleurir. Je leur récite des poèmes de Baudelaire.
J'imagine parfois que les couples se bécotant sur les bancs publics ou enlacés, adossés à la rampe d'escalier menant à Montmartre ou encore ceux qui trottent gaiement main dans la main, sifflotant, sur les quais de la Seine, sont de simples figurants payés par l'Office du Tourisme pour entretenir l'image sirupeuse et romantique de Paris.

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